Dans la poudreuse le blizzard a enfin cessé. Un blizzard qui mena à l'improbable, improbable impromptue. Improbable marqué à jamais alors qu'en ces lieux reculés c'est comme si le destin avait encore frappé. Après les sommets de cendre et de souffre où sa route avait croisé celle d'une crinière argentée, ses pas l'avait aujourd'hui guidée sur la route d'une femme avide de légendes et de mystères. En ces lieux où sa grand mère s'était jadis elle-même rendue, complétion d'une trinité de femmes d'une même lignée. Honoré les ancêtres et permettre au savoir de se transmettre, préserver les savoirs-faire hérités alors que maintenant l'eau s'étend devant la banquise gelée, si ce n'était l'expérience elle-même confinée au sein d'un igloo porté par le destin elle n'aurait jamais cru qu'encore une heure plutôt le blizzard balayé ces terres de ses vents mortels.

Paysage somptueux et immaculé où elle espère trouver la blanche du phoque cornu. Otaria. Encapuchonnée dans le manteau et les bottes faites pour supporter les températures extrême du nord du pays la silhouette avance, errance qui croise la beauté alors qu'elle est seule dans l'étendue glacée, s'approchant des flots elle ferme doucement les yeux, remercie malgré le froid lui mordant les yeux et le nez. Remercie la nature pour cette splendeur brute. Remercie le monde et l'harmonie d'un lieu autrefois bafoué. Dans son dos son sac pèse, mais elle n'en a que faire alors qu'elle continue d'avancer, recherche d'un être dont la sueur est porteuse de nombres de bienfaits. A sa ceinture les deux pokeballs trônent, des semaines déjà qu'elle avait quitté la tour radio et croisé la route de Datura. Une promesse qu'elle lui avait faite alors que malgré le froid son doigts viens presser le bouton de la balle rouge et blanche, libéré le petit être de fourrure marron qu'elle prend aussitôt dans ces bras. Une phrase alors qu'elle l'invite à regarder le lointain.

" Ici la fin de Nétovia. Cap Carvannah. Les immensités de mer et de neige dont je t'avais parlé sont ici, pour certains en tout cas. "

Un sourire alors que malgré le froid Evoli écarquille ses grands yeux, médusé alors qu'il couine légèrement, couinement de satisfaction, regard avide de curiosité et d'aventure alors qu'elle caresse son pelage de ses mains gantés.

" Ici nous compléterons la trinité. "

Le bruit sourd d'un applaudissement qui retentit, brise le silence de l'instant alors que se discerne la silhouette enchantée, celle recherchée. Dans la toundra la brune encapuchonnée ne peut s'empêcher de sourire alors l'objet de sa présence  s'était imposé. Une tête d'Otaria qui dépasse des flots, un regard qui s'échange alors que Datura ouvre de grand yeux surpris devant cette créature. Keskecé ça ? Une curiosité joueuse alors que souplement il bondit des bras de l'apothicaire pour avant doucement. Surpris par la neige alors que ses pattes s'enfoncent sous ses pas, une expression outré puis finalement amusée alors que tu t'approches aussi, doucement. "C'est ça la neige, de l'eau solide mais toute légère. " Son regarde sur reporte sur l'otaria spectatrice alors que remis de sa surprise Datura s'avance vers la petite tête de phoque pour la renifler doucement, une curiosité débordante alors qu'il finit par se redresser tout droit devant le phoque pour lâcher un "Evoli" de satisfaction.

" Bonjour, je te demanderai d'excuser Datura il a vécu longtemps enfermé dans une tour, alors il n'est pas encore très familier avec les bonnes manières. "

Lentement la brune s'avance en tendant la main, symbole de paix alors qu'elle fait tout pour ne pas l'effrayer.

" Cela fait longtemps que tu nous observes jeune amie ? "

Les présences se mêlent, s'imposent dans une simplicité naturelle alors que le pokemon sirène répond aux sollicitations, une profonde satisfaction, un certain émerveillement alors que la brune observe les deux êtres interagir et se découvrir. Il plonge et l'espace d'une seconde disparaît, un événement qui fait rater un battement au coeur solitaire, un battement qui reprend alors qu'éclaboussant tout sur son passage le pokemon se hisse sur la banquise, Datrua détalle dans la neige sur le coup, certainement par peur de se faire écraser par un phoque blanc de 90 kilos. Le phoque se rapproche et c'est un sourire qui prend place, un comportement loin du farouche et du combat, une curiosité communicante et s'installe même dans les endroits les plus improbables, même dans le coeur d'une otaria. Derrière les jambes de la femme la petite boule de poil brune finit par montrer à nouveau le bout de sa tête, lâchant un "Evoli" qui voulait tout dire, du genre "mais ça va pas bien de faire peur aux gens comme ça". Puis finalement il s'avance à nouveau vers l'Otaria et devant l'insistance de l'Otaria l'apothicaire se remet à parler, incertaine de ce qu'elle attend ou doit formuler elle se lance pourtant. Datura s'avance à nouveau vers l'Otaria, son petit nez reniflant ses nageoires, prêt à bondir au moindre mouvement.

" J'ai promis à Datura de lui montrer le monde si il m'accompagnait, de lui faire découvrir les merveilles et la diversité des paysages riches qui existent en dehors de cette terrible tour où il se trouvait.  "

Lentement la sorcière se laisse aller à s'avancer toujours plus pour s'agenouiller dans la neige face à la sirène pokemon en devenir.  

" Et toi dis moi, as-tu déjà voyagé à travers les mers ? As-tu sillonné des océans loin de cet endroit ? "

Une question pleine d'intérêt autant que de stratégie pour stimuler l'âme de l'otarie.

L'otarie chasse la distance, farouche qui lui manque cruellement alors que l'apothicaire même si émerveillée ne peut s'empêcher de songer qu'un comportement aussi sociable avec l'être humain était dangereux. L'histoire de cette endroit l'incarnait alors que les ramoloss y avaient été braconnés jusqu'à en disparaître. Une surprise qui chasse le pragmatisme alors que son nez vient heurter le gant d'un geste amusé et pataud à la fois. Un léger rire cristallin qui s'échappe des lèvres bleutées par le froid glacial, presque qu'enfantin alors qu'à travers les yeux de l'otaria elle replonge en enfance, entourée de Selkie et Laya, deux pokemons qu'elles avaient toujours connu et que la mort avait fini par emporter. Doucement elle retire le gant d'une de ses mains pour venir toucher la peau douce et lisse de l'Otaria, caressant doucement sa joue malgré le contact glacial elle sourit, un sourire empreint de nostalgie alors qu'une larme perle aux coins des yeux de miel, Datura l'observe d'un œil circonspect alors que c'est la première fois qu'il la voit comme ça depuis qu'il avait accepté de la suivre hors de cette maudite tour.

" Peut-être qu'un jour tu le feras alors, si le cœur t'en dis, ce n'est malheureusement pas un endroit où je peux te proposer de t'accompagner. Mais parfois j'aimerai, j'aimerai être une autre créature et pouvoir me laisser porter par les courants, voguer à travers les océans ou le ciel.  "

Lentement sa main se baisse, en proie aux doutes et à l'hésitation malgré tout.  

" Il y'a longtemps j'ai connu un otaria, enfin plutôt un lamentine. Lui et ma grand mère avaient tissé un lien que je serai bien incapable de décrire avec des mots. Quand la première est décédée de vieillesse l'autre a suivie peu de temps après.... Je crois que c'était leur destin, leur chemin, elles s'étaient trouvés et ne pouvaient vivre l'une sans l'autre, une absence trop douloureuse à supporter, un manque trop important. "

Essuyant la larme gelée sur sa joue elle tente de reprendre contenance après ce moment de laisser aller, un léger rire suivit d'un sourire.

" Je suis désolée... Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça. "

Alors que l'émotion submerge l'apothicaire sous le poids du passé, le contact avec la peau de l'Otaria perdure, coup qu'il semble donner, un comportement plus que surprenant, un nouveau coup qui vient fendre la glace que les années ont crée autour du coeur solitaire. Un sourire alors que la masse blanche s'approche encore, comme pour tenter une étreinte, déséquilibre alors que la sorcière bascule sous le poids de l'otaria. Un rire franc et cristallin se fracassant dans le lointain, un rire d'enfant perdu depuis bien trop longtemps alors qu'allongée dans la neige elle finit par refermer ses bras sur la peau lisse et blanche de l'otaria. Datura laisse retentir un petit cri satisfait alors que la sorcière se dégage doucement de cette étreinte sauvage. Une question posée en essuyant les larmes du passé.

" Accepterais-tu de nous accompagner ?  "

Datura vient bondir sur le dos de l'Otaria comme si il s'agissait d'un jeu, mode toboggan activé sur sa nageoire pour finir sa glissade dans la neige quand l'apothicaire vient saisir un objet à sa ceinture qu'elle lui tend, une balle rouge et blanche.   

" J’espère que je pourrai t'apporter autant que ce que tu m'as apporté en cet instant. Un quelque chose de précieux que j'avais perdu depuis beaucoup trop longtemps. "

Ce qui se passe suite à ce moment d'intimité dépasse largement toutes les attentes qu'elle n'aurait jamais pu espérer en se rendant en ces contrées, une émotion tourbillonnante, écho du passé, de liens perdus et pourtant tissés à jamais à alors que l'otaria s'inclue, se mêle et assiste de sa plus pure naïveté, cette impression soudaine et fugace qu'ils se sont déjà connu. Une certitude qui renforce sa place, celle de ne jamais être seule, guidée et accompagnée de celles qui l'ont précédé alors que le pokemon appuie sur la pokeball après avoir pris soin de laisser Datura faire un tour de glissade. La lumière l'engouffre, la balle bouge faiblement puis se stoppe alors que comme Datura avant lui c'est de son propre choix qu'il t'as rejoint.
Destinées liées à jamais alors que se complète la trinité.

Une larme qui perle au coin des iris de miel alors que Datura vient lentement se frotter aux jambes féminines, comme pour la rassurer alors qu'elle le saisit dans ses bras.  

" Ne t'en fais pas, tout va bien. C'est simplement l'émotion... Cela faisait longtemps....  "

Elle lui sourit avant de se tourner à nouveau vers le lointain, capuche baissée alors que sa chevelure cornèbre flotte au vent, le visage tournée vers l'immensité aqueuse de sel et de glace.

" Profitons de l'instant, nous ne reverrons pas cet endroit de si tôt. "

Sa froideur revient sur le visage, mais pourtant quelque chose s'est définitivement rallumé dans son coeur, une faible lueur que le temps et les années avaient presque étouffé.
Un brasier ravivé en secret.