Après le chaos du combat, Violeta n'est pas certaine de vouloir revoir la Mysdibule de sitôt. Elle prend Chispa dans ses bras, pour s'assurer qu'elle aille encore bien, et reçoit immédiatement des léchouilles sur les joues. "Ok ! Ok, tu vas bien, j'ai compris." Rit-elle doucement, soucieuse de ne pas attirer l'attention d'une éventuelle famille de Mysdibules du même genre que la première. En tout cas pas pour l'instant.  "C'est bon, tout le monde va bien !" Lance-t-elle tout de même à Ace avant de s'avancer un peu plus dans le tunnel.

" Autant continuer, on va pas s'arrêter pour si peu ! " L'idée de le voir bouffer du Miaouss n'est pas des plus séduisantes, néanmoins. "Huh, j'ai de la bouffe dans mon sac si t'as faim, hein ? Je crois pas que ce soit bon. T'as vu les poils ?" Les bras croisés autour du petit corps de Chispa, elle prend déjà les devants, son souffle se calmant petit à petit. Quelques mètres seulement avant que la Feunnec ne manifeste son envie de retrouver la terre ferme. "Ah, faudrait savoir !" S'exclame alors la vidéaste avant de la laisser plonger au sol avec enthousiasme. Secouée, mais pas farouche. C'est au moins une occasion de rallumer la caméra dont l'enregistrement a été interrompu un peu plus tôt. Du bout des doigts, elle prend tout de même une confiserie dans la poche arrière de son sac et la tend au petit renard qui l'engloutit avec enthousiasme.

Le silence semble enfin se poser dans le coin, de quoi tendre déjà l'oreille pour anticiper toute arrivée impromptue de pokémon en fuite ou un peu trop remonté. De quoi continuer sur une lancée prometteuse. Mais ce que cherche Violeta, c'est cette sensation singulière de froid inhabituel - même dans cette foutue région gelée - qui lui indiquerait, avec un peu de chance, la présence d'un spectre. Car c'est bien ça qui l'intéresse. Puisqu'on dit le coin peuplé de ces pokémons là, on peut encore bien espérer voir une manifestation surnaturelle intéressante, le genre qui glace le sang plus que la peau, non ?

La technique d'Ace arrache à Violeta un lever de sourcil plutôt circonspect.  "J'suis vraiment pas certaine que ça fonctionne avec des spectres. Quel genre de pokémon tu penses attirer comme ça ?" Rit-elle, observant au passage la démarche trottinante de Chispa. Elle, au moins, reste de bonne humeur et bien motivée, ce qui semble communicatif, au moins avec sa dresseuse.

"Entendu ? Mh, j'crois pas." Et en même temps, elle a facilement l'esprit ailleurs, le regard perdu au loin sans vraiment prêter attention à quoi que ce soit. C'est un vrai problème. En revanche, les pleurs, elle les entend. Immédiatement touchée en plein dans l'âme, Violeta tente de suivre la trace de ces petits sanglots qui lui brisent déjà le cœur.

"Oh non !" Souffle-t-elle en découvrant derrière l'arbre un petit Tutafeh en larmes.  "Petit chou !" Ajoute-t-elle à voix basse pour ne pas l'effrayer, avant de s'accroupir.  "Qu'est-ce qui t'arrive, petite chose ? Tu t'es fait mal ?" Une idée un peu bête, c'est un spectre. Comment aurait-il pu se faire mal tout seul, ainsi ? Il n'a pas l'air blessé ou amoché, seulement … triste. Terrifié.  "Attends voir !" Comme si c'était la solution à tous les problèmes, telle une mère trop attentive aux repas de ses enfants, Violeta cherche dans son sac pour sortir une nouvelle friandise. Elle la tend au petit pokémon pour le détendre, le récompenser, quelque part, d'être terrifié mais toujours vivant.  "Tout va bien, petit chou, tiens, manges ça, ça ira mieux !"  

Derrière elle, un bruit. A peine la vidéaste se retourne-t-elle qu'elle découvre … Encore un putain de Mysdibule. Pas cette foutue fois ! Les sourcils froncés, l'air contrit, Violeta se positionne bien entre les deux, des fois que l'autre pokémon vienne à avoir des idées. S'ils sont fichus d'essayer de manger de gros Miaouss velus, pourquoi ne s'attaqueraient-ils pas à un pauvre Tutafeh ? Peut-être est-ce là la raison pour laquelle le petit chou s'est mis à pleurer. "C'est pas vrai, on les attire, hein ?" Un oeil toujours sur le pokémon sauvage, la main tendue pour lui mettre la friandise sous le nez, Violeta ne peut s'empêcher de rester tendue. Au moins, Chispa garde un œil sur la Mysdibule. C'est déjà ça.

"Quelque chose, oui, un Tutafeh terrorisé !" Souffle-t-elle, tentant de se faire entendre tout en évitant de crier. Clairement, le petit chou est très sensible, et des cris supplémentaires pourraient avoir raison du peu de calme qu'il semble encore être capable d'afficher.

Violeta l'écoute avec attention et empathie, penchant la tête sur le côté d'un air entendu. Elle acquiesce à plusieurs reprises, prête à lui expliquer qu'il n'a rien à craindre, lorsque le Tutafeh vient se fourrer sous son haut. Elle n'aurait jamais imaginé voir un spectre avec ce genre de comportement, mais se félicite d'être peut-être la première à vivre une chose pareille. Si dans un premier temps elle pose sa main sur la bosse formée par la présence du pokémon tout froid contre sa peau, la vidéaste soulève rapidement l'étoffe pour l'en sortir.

"Ça va aller ! Promis. Il n'est pas méchant !" La vulgarité dont il fait preuve en essayant de s'épargner un nouvel affrontement contre un Mysdibule caractériel n'aide pas, mais Violeta est motivée et convaincue. "Il a peur de toi !" Chuchote-t-elle à Ace en maintenant le contact visuel avec le petit spectre.

Du bout des doigts, elle tente d'attraper les pattes du spectre, comme pour se montrer plus convaincante et investie. Chispa, elle, s'approche doucement en le reniflant amicalement. "Mon petit chou. Ne t'en fais pas ! Il n'est vraiment pas méchant. Et même s'il l'était, tu es un grand pokémon ! Et fort, aussi ! Un grand et puissant Tutafeh ! Tu peux affronter tout ce que tu veux, et ne jamais craindre personne ! Moi je crois en toi, tu es beau et fort." Murmure-t-elle, souriante, au pokémon terrorisé. Convaincue et comme investie d'une mission, elle reprend. "Il faut avoir confiance en toi, et croire que tu n'a pas à avoir peur de lui, ou de qui que ce soit, d'accord ?" D'un mouvement du menton, elle désigne Ace. "Tu vois, il est gentil, il essaie de s'entendre avec ce méchant, méchant Mysdibule vindicatif. Pourtant, on n'a rien fait ! Ni lui, ni moi ! On veut juste vous rencontrer, vous donner à manger, passer du bon temps avec vous. Tu comprends ?"

A peine tourne-t-elle la tête en direction du Mysdibule qu'elle découvre ce regard noir qui lui est adressé. Un frisson d'angoisse la parcourt. Se concentrer sur le Tutafeh est sans doute préférable. "Je crois en toi, petit chou. Tu peux être aussi sûr de toi que ce Mysdibule ! Mais en moins agressif. Tu en as la force !"

Sur ce pep-talk, la vidéaste lui adresse un dernier sourire. "Alors ! Ça va mieux ?" Questionne-t-elle alors. "Tu crois que tu pourrais nous aider à faire comprendre à ce petit bonhomme là qu'on est gentils ?"

Peut-être a-t-elle surestimé le Tutafeh. Ou sous estimé la sauvagerie du Mysdibule. Force est de constater que toute la motivation du monde, toute la confiance placée en ce petit être terrifié n'a eu pour conséquence que de le blesser à présent. C'est un gémissement déchirant qu'elle ne peut s'empêcher de lâcher alors.

"Noon !"

Elle se précipite à ses côtés, se mordant la lèvre inférieure presque à sang, terrifiée à l'idée d'être la cause de tant de souffrance pour un petit bonhomme qui n'a rien demandé. La solution lui paraît évidente : elle doit prendre ses responsabilités. Le soigner, le dorloter, faire de lui le Tutafeh le plus puissant et confiant du monde pour qu'il ne craigne plus jamais les crocs d'un autre pokémon.

Tendue mais pleine de bonne volonté, Violeta fouille dans son sac et en sort une pokéball sur laquelle elle s'arrête un instant. Elle n'aurait jamais songé à attraper un pokémon dans le coin, surtout pas un Tutafeh dont elle ne sait finalement pas grand chose. Mais le coeur a ses raisons, tout ça. Le choix restera le sien néanmoins. Elle place la pokéball à côté du petit pokémon tremblotant. "Je suis désolée de t'avoir causé tant de souffrance. Si tu le veux bien, je vais prendre grand soin de toi. Mais pour que je le fasse, je dois te capturer. Tu n'as sans doute pas vraiment confiance en moi, c'est normal. Tu as le choix. Mais si tu acceptes de rentrer dans cette pokéball, je te promets que je t'aiderai du mieux que je le peux." Un petit sourire tendre, un peu gêné. "Je te laisse y réfléchir ! C'est toi qui vois." D'un petit mouvement des doigts, elle approche encore un peu la ball pour la coller juste à côté de lui.

Pour lui laisser de l'intimité dans sa réflexion, et garder un oeil sur l'éventuelle source de danger représentée par le Mysdibule sauvage, la vidéaste se retourne, prête à servir de rempart pour le pokémon blessé. "Qu'est-ce que tu fous par te-" Pour découvrir deux de ces bestioles, dans les bras l'une de l'autre. De toute évidence, à voir la situation, il y a bien plus qu'une simple question de caractère là dedans.

C'est comme si son cœur se brisait à nouveau. Ces bestioles sont peut-être caractérielles, mais il y a un cœur sensible qui bat en chaque être. A peu de choses près. Alors, emportée par le tumulte de ses émotions qui font déjà naître des larmes aux coins de ses yeux, Violeta approche des deux Mysdibules, sous le regard méfiant de Chispa qui se tient déjà prête à bondir s'il lui arrivait malheur. Elle s'accroupit, les deux mains portées à sa bouche entrouverte, les larmes prêtes à couler sur ses joues, emportant mascara et fard violine avec elles. "Oh mon dieu ! Vous vous connaissiez ? Ace ! Elles se connaissent !" Voilà qui décrit l'évidence de façon presque agaçante.

"On peut pas les séparer, c'est pas possible, les pauvres !" Gémit-elle, emballée dans sa toute première fièvre d'adoption depuis son arrivée à Netovia. Violeta aime les pokémons. De tout son cœur et beaucoup trop fort. La poche de son sac n'a même pas eu l'occasion de se refermer qu'elle en sort déjà une nouvelle ball. "Ace, tu crois que je devrais essayer de l'adopter ? Pour qu'elles puissent se voir encore ?" L'idée qu'Ace ne soit pas nécessairement à sa disposition ne lui traverse pas vraiment l'esprit. Dans l'immédiat, il n'y a que les retrouvailles déchirantes de ces petites bêtes qui la troublent. "Tu en penses quoi ?" Demande-t-elle au Mysdibule en abaissant la ball à sa hauteur. Ca n'est peut-être pas la solution à tous les maux, mais on ne peut nier que Violeta soit pleine de bonne volonté. "Elle est devenue la compagne de mon ami, mais je peux t'aider à la voir aussi souvent que tu le voudras !"

C'est à croire que le monde entier a décidé de l'aimer. Ou que l'univers veut lui redonner un semblant de foi. Violeta se sent si responsable de la situation de ces deux pokémons - alors qu'elle n'a pas capturé le premier Mysdibule - que tout cela semble être encore la meilleure solution. Elle ne s'attendait absolument pas à adopter un pokémon, encore moins deux. Mais ce sont eux qui semblent l'avoir adoptée. Et, coeur d'artichaut, la latine ne peut que l'accepter.

Un petit sourire aux lèvres, comme perchée, elle ramasse les balls qu'elle regarde longuement, dans ses deux mains. "Wow." Pas d'autre mot. Que dire d'autre ? "Merde, il va falloir que j'achète des baies !" Sans doute quelque chose dans ce goût là.

" Ace ? Ca va ?" Son regard passe rapidement entre le dresseur et sa toute nouvelle compagne, finalement sortie de sa ball. "Elle a l'air … calme. Ca change." Sourit-elle encore. Si on ne peut effacer des années de tension entre cette espèce particulière de pokémons et elle, nul doute que l'adorable scène à laquelle elle vient d'assister l'a forcée, à grand coup dans le coeur, à reconsidérer sa position.

Plus à l'aise, elle s'avance et tend une gourde extirpée de son sac à l'autre dresseur. "Un petit remontant ? C'est pas alcoolisé, mais ça picote un peu et ça réveille. On risque d'en avoir besoin si on tombe encore sur des caractériels." Chispa la rejoint et se met à piétiner juste à côté d'elle. Sans doute n'est-elle pas aussi sensible aux chouineries diverses des pokémons sauvages rencontrés, mais elle semble être impatiente de voir ce que l'avenir leur réserve. Méfiante, mais amicale. Elle a toujours été une bonne grande soeur pour les pokémons passés entre les mains de Violeta. Reste à prendre les paris : combien de temps avant qu'elle ne les offre par pure compassion à un enfant triste ou un ex au cœur brisé ?

" Alors, on continue ?"