25 Décembre

Un grésillement furtif, sur le petit écran votre programme s'interrompt brutalement, série, film, émission de variété, peut importe ce que vous regardiez il se produit la même chose dans chaque foyer, chaque poste de télé grésille faiblement avant d'interrompre les diffusions pour laisser la place à un visage familier, un visage que vous avez certainement déjà vu par le passé. Un air grave s'affiche sur son visage si caractéristique aux cheveux carmins, il se tient là, entouré de plusieurs micros et journalistes, une impression de panique qui flotte dans l'air alors que le bandeau défile en bas de votre écran "nous interrompons votre programme pour un flash spécial".

" Mesdames, messieurs, bonsoir... " Un silence. Lourd de circonstance. " Pour ceux d'entre-vous qui ne le sauraient pas encore, notre chère cité de Frimaria est actuellement victime d'une attaque de grande envergure dont nous ignorons encore la nature exacte. " Une mine sombre, les yeux dorés fixant la caméra avec une colère infinie. " Nous vous invitons à essayer de rester calme, actuellement les rares informations dont nous disposons nous permettent de savoir que les communications avec Frimaria ont été coupées, si vous ne parvenez pas à un joindre un membre de votre famille ou de vos proches présent au festival, je vous en prie, n’envisagez pas le pire, plus que jamais nous avons besoin d'espoir, l'empire fait ce qu'il a toujours fait, agir en notre noms et pour notre sécurité et notre souveraineté, cet acte terroriste ne saura être impuni, mais il a besoin de votre confiance. " Un air déterminé, un dézoome alors qu'apparait la silhouette de toute sa grandeur, à ses côtés le grahyenna semble d'une taille presque minuscule alors qu'il se tient assis tel ces caninos de marbres dans les musées. " Si par miracle vous réussissez à joindre à vos proches malgré le brouillage des communications je vous inviterai à contacter le numéro d'urgence ci dessous, la moindre information sur ce qui se déroule actuellement est d'une importance capitale. " Un hochement de tête en signe de respect " Nétoviens, Nétoviennes, jamais nous ne laisserons quiconque nous abattre, jamais, car vous êtes la force de notre empire, son cœur et son âme et ensemble nous ne laisserons jamais de tels barbares obtenir le pouvoir. " Puis la silhouette disparait alors qu'apparaissent les divers plateaux télés des chaines mettant en place leur propre édition spéciale.

Un soupir alors que l'homme descend de l'estrade, soufflant à Diablo autant que pour lui-même d'un air lasse, pas assez fort pour que quelqu'un ne puisse l'entendre. " Forcément ils faillaient qu'ils attaquent en pleine séance de massage, à croire qu'ils aiment gâcher mon plaisir. " Un regard compatissant de la part du Grehyenna alors que les deux silhouettes disparaissent dans les coulisses.

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Ah Siegfried... Peut-être que si les circonstances avaient été différentes tu ne serais pas devenu cet homme corrompu et avide de pouvoir, peut-être, mais ça, nul ne pourra jamais le découvrir maintenant, trop tard comme l'on dit souvent, le passé est le passé et toi Siegried malgré tout cet argent que tu aimes aujourd'hui montrer et dépenser, le passé t'as laissé ce sentiment indélébile, celui d'une peur de l'échec, de la peur du manque, d'un rapport disproportionné aux choses et aux gens.

Orphelin trop tôt - si tant est qu'il y 'est un bon âge pour devenir orphelin - tes parents sont morts alors que tu n'étais âgé que de cinq ans, te laissant seul, grands parents décédés, pas d'oncles et tantes capables de s'occuper de toi, seul dans un monde d'adultes et d'enfants comme toi alors que tu rejoignais l'orphelinat. Un psy dirait certainement que c'est aussi dans cet orphelinat que se forgea une bonne partie de la personnalité de raclure que tu arbores aujourd'hui, alors que tu ne t’entendez pas avec les autres enfants, solitaire, solitaire et en colère dans un monde inconnu qui te fit rapidement t'imposer comme une brute auprès de tes camarades, un moyen de compenser très certainement, t'étais plus grand déjà, plus grand en taille, plus imposant et tu compris rapidement au fil des ans que ce simple fait pouvait te permettre d'obtenir ce que tu voulais de la part de certains, des plus faiblards à défaut de trouver une famille dont tu n'avais pas besoin. Après tout pourquoi faire ? On t'avais déjà pris tes parents une fois, pourquoi prendre le risque de laisser une tel chose arriver à nouveau ?

Mesquin tu l'étais déjà, comprenant rapidement que la face était important, que devant les adultes il fallait se montrer sous un bon jour et que l'école était quelque chose de primordiale si tu voulais plus tard t'en sortir dans la vie, ne pas finir sans rien, pauvre gamin dont les parents sont morts trop tôt. Alors petit caïd dans l'ombre et excellent élève en classe tu commença à bâtir ton visage double face qui prit toute sa splendeur à l'adolescence. Un rêve qui commença à t'animer, celui de briller, de sortir de cette fange, rêvassant à ces gens dans les magazines, acteurs, célébrités dont on parle constamment et que la plupart admire bêtement. L'argent également, ne pas rester et connaître la pauvreté alors que tu démontrais un talent certain pour l'écriture et l'enquête. Une trame qui se dessinait alors qu'une fois sortie du rouage de l'orphelinat tu trouvais du travaille comme pigiste pour des journaux, un moyen de payer des cours de théâtre alors que ton rêve restait là, décidé à devenir acteur, auditionnant à droite à gauche pour de petits rôles, une carrière hachée et brève alors que finalement tu montais en grade au sein de ce métier servant au départ à financer ton rêve. De pigiste à journaliste jusqu'à ce qu'on te repère, que l'empire te repère, un quelque chose de spécial qu'ils avaient repéré, un exemple aussi, celui d'une réussite, d'un orphelin capable d'atteindre les hautes sphères, un visage et un physique charismatiques et marquant alors que tes brèves apparitions d'acteur participaient à la construction d'un rôle de composition, celui du visage médiatique d'un empire, d'un journaliste plus intéressé par l'argent et sa renommée que par la véracité des faits, la perfection pour un système qui voulait contrôler l'information et son image en y mettant simplement le prix.

Et te voilà aujourd'hui, visage bien connu des nétoviens, jouissant d'une position des plus confortables, loin du besoin et en pleine ascension, ceux se dressant sur ta route ne devenant plus que des marches que tu montes simplement en les écrasants définitivement si ils n'ont aucune utilité en tant que pion, un monstre d'égoïsme et d'ambition.