Un fin crachin d’hivers vint accueillir la naissance de l’enfant. Aucune joie ne s’échappa de la salle de cet hôpital. Un père absent, surement plus occupé à défendre l’honneur de son pays que celui de sa propre fille. Durant 5 ans la vie de Nora était rythmée par les engueulades d’un couple au bord du gouffre. L’origine de tout ça n’était rien d’autre que deux avis politiques différents et des égos disproportionnés. L’un souhaitant l’indépendance de son Irlande du Nord, l’autre souhaitant la protection de la couronne et la luxure l’accompagnant.

Nora a su, très jeune, se débrouiller par elle-même. Elle n’avait aucune famille sur laquelle s’appuyer, juste elle et ce petit oiseau avec lequel elle s’amusait dans le parc en face de la ou elle vivait. Il y en avait pleins, mais un seul restait près d’elle, il s’amusait à lui ramener des petites pâquerettes qui jonchaient le sol au printemps.

Un soir alors qu’elle essayait de se trouver à manger dans les placards de la cuisine, elle surprit sa mère en larme au téléphone de la maison : « Je sais plus quoi faire... Je ne sais même pas comment c’est arrivé... il m’a mise enceinte, encore... »


L’arrivée de la petite Alix émerveilla Nora, tout en l’effrayant. Elle savait qu’elle devrait prendre la place de sa mère, de s’occuper d’elle du mieux qu’elle le puisse. Du haut de ses 10 ans elle amenait régulièrement sa petite sœur au parc jouer avec les autres enfants. Elles étaient très proche, partageant une chambre pour deux, Nora était toujours au petit soin pour elle. Lorsque les fins de mois ce faisait difficile, elle sacrifiait volontiers sa part pour que sa sœur ne ressente pas la dureté de la vie.

Alors qu’elle venait de souffler ses 18 bougies, elle prit la décision de s’éloigner de cette famille qui n’en était pas une. Après quelques signatures, un peu d’argent récupéré à droite et à gauche, elle prit sa sœur qu’elle venait d’adopté sous son aile en direction d’une ile plus calme selon les rumeurs. Le petit Minisange, nommé Carp suivi le mouvement, étant beaucoup trop attaché à Nora.


Alix qui n’avait que 13 ans devait à tout prit reprendre ses études. Elle n’avait pas de point de chute sur cette île. Regardant un plan de la dénommé ville Smokebay, elle se mit à la recherche d’un petit hôtel ou elle pourrait dormir en attendant de trouver mieux. Alix ne posait pas de question, elle avait confiance en sa sœur, elle qui l’avait élevé mieux que sa génitrice. Après avoir affronté la pluie glaçante de l’hivers, elles trouvèrent refuge dans un petit hôtel crasseux de la basse ville. Le gérant les mit en garde, que ce quartier n’était pas fait pour deux enfants comme elles. Isolées dans cette petite chambre, les vas et viens des clients ne faisait aucun doute quant aux activités qui s’y tramaient. Elle coucha Alix, laissant Carp se coucher sur sa tête. Elle alluma la télévision pour couvrir les bruits d’ébats. Sur la table de nuit une carte attira son attention. « Besoin d’argent ? Loue-toi. »


Au bout de quelques semaines Nora put se permettre de louer un petit appartement dans ce même quartier. Alix rentrait tout juste au collège du coin et semblait contente. Elle profitait de son absence pour s’adonner à son gagne-pain. Elle se souvient encore de sa première fois, rien que de s’en souvenir lui donnait la nausée. Il ne s’était rien passé, juste un repas au restaurant. Mais elle sent encore son regard dévisager son corps.

6 mois s’écoulèrent. Nora devait trouver un moyen de justifier ses rentrés d’argent auprès de sa sœur qui se posait de plus en plus de question. C’est alors qu’elle se souvenu d’une annonce qu’elle vit dans un quartier assez aisé de la ville. Une boutique était disponible à la location. « Je vais pouvoir mettre en pratique la seule chose que nos parents m’ont transmis... Et si ça se trouve je pourrais arrêter de faire ces choses... » pensa-t-elle d’une façon illusoire. C’est alors qu’elle s’engagea dans la création d’une boutique de fleur. Elle décida par la même occasion d’aménager une pièce au fond de la boutique pour qu’elle puisse y vivre avec sa sœur. Le fait de vivre ici lui procurait une meilleure sécurité pour Alix, ainsi que l’accès à une meilleure école.

L’illusion d’une meilleure vie, fut d’une courte durée. Les ventes de la boutique ne couvrait absolument pas les charges qu’engendrait une telle activité, ni même une vie dans ce genre de quartier. Cependant voir sa sœur s’épanouir parmi ces fleurs et la voir rentrer de son école auprès de ses amies la comblait au plus haut point. La petite échoppe s’était fait une bonne réputation dans le quartier, les restaurateurs et les divers commerces venaient régulièrement passer commandes. Une certaine Alyster comptait dans ses clients réguliers.

La fatigue des deux travails se faisait de plus en plus ressentir, mais ce manque cruel d’argent la poussait à donner encore plus d’elle-même auprès de ces clients... Elle s’était jurée de jamais en arriver là, mais le gain en valait bien plus que sa propre dignité... Elle n’en avait pas envie, sentir ces mains sur elle, entendre ces mots. Sa propre existence n’avait plus de sens. Son seul réconfort était ce sourire, le sourire de sa sœur, qui était, elle, heureuse, resplendissante. Et c’est tout ce qu’il comptait pour elle. Carp quant à lui jouait le valeureux chevaliers essayant de défendre sa maitresse lorsque des clients aller un peu trop loin.


Entre ses deux activités, Nora s’accordait très peu de temps. Le bien-être de sa sœur et de ses études comptait bien plus que tout le reste. Elle n’aimait pas passer du temps au cinéma, dans un restaurant, dans un bar, tout cela lui rappelait son activité et pouvait l’embarrasser si quelqu’un la reconnaissait. La seule activité qui lui permettait d’échapper à son quotidien était les longues marches sur les grandes étendues de sable blanc que propose le littorale Netovien. De plus sa sœur appréciait ses moments entre elle, loin du brouha de la ville. Le son du clapotis de la mer et le toucher granuler du sable l’apaisait. Elle s’était jurée qu’un jour, elle offrirait à sa sœur et à elle-même une petite maison sur le bord de mer, et oublier se passer qui la ronge de jour en jour. Juste elle, la mer, une petite maison, des fleurs et la paix. Tel était son idylle.