La rééducation ne se termine jamais. L’enfer des flots mortels se referme toujours sur toi en des cauchemars infinis. C’est une des raisons pour les quelles tu es debout si tôt, courant – autant que tu le peux sans être trop heurtée par la lancinante blessure qui ne disparait pas. Tu cours depuis bien une heure, la tête vidée sous l’effort, quelques vieilles notes de musique dans ces écouteurs sans fil que ton frère t’a offert pendant ta rééducation pour te remonter le moral, et aussi parce qu’il trouve que tu es un peu trop « vieillotte » avec ton vieux casque. Enfin, ça ne marche pas trop mal, et la réduction des sons est parfaite, alors tu peux vraiment te perdre dans un autre monde, alors que tes pas font criser la neige sous le poids de ta course. Ta démarche n’est pas encore au top, tu as eu des entrainements plus épuisants. C’est ainsi. Ça reviendra probablement, au terme de longs entrainements. Au terme de longues journées de souffrance.

Il y’a néanmoins une voix qui t’interpelle alors que tu passes à un coude du chemin sur le quel tu étais engagée, et si tu ne vois pas la personne tout de suite, tu reconnais sa voix. Puis ses mouvements erratiques et enjoués. Arni. Depuis combien de temps ne l’as-tu plus vu ? Depuis qu’il a quitté l’armée ? Peut-être même avant. Après tout ta vie sur les bateaux ne te donne pas spécialement de temps pour le coté social de ta vie. Et une fois revenue sur terre et bien… les choses étaient differentes.

Tu te rapproches de lui néanmoins, rangeant les petits ecouteurs blancs dans la poche prevue à cet effet, et puis tu lui offre ce qui semble être un sourire. Il est juste las ton sourire, comme si tu n’en étais plus réellement capable. Autour de toi nul pokemon en présence, nulle ame qui ne puisse t’accompagner. « Arni. Ça fait longtemps. » Ta voix est douce, même si elle est dénuée de beaucoup trop d’émotions. Et peut-être que tu es un robot Særùn, peut-être que tu aimerais simplement ne plus rien ressentir. « Comment vas-tu ? Je ne m’attendais pas à te croiser ici ? » Et pourquoi pas ? Mais après tout, c’est un peu ce que les humains disent en régle générale non ?

« Tu m’as manqué aussi. » Pour la première fois depuis bien longtemps, tes mots sont sincères Særùn, et finalement tu profites de l’étreinte qu’il t’offre. Blottie contre son corps musclé et humain, tu te laisses aller. Toi qui ne voulait plus réellement de contact humain, tu réalises que tu aurais peut-être du l’appeler, lui demander de venir te voir au manoir de tes parents, ou simplement lui donner rendez-vous en ville ou quelque part. Ça te fait du bien en tout cas, alors tu lui rend son étreinte et tu pose quelques secondes ta tête contre son épaule, avant de le lâcher. Parce que tu n’es pas le genre de personne à trop t’accrocher à quelqu’un, et qu’en plus… enfin tu as toujours du mal à être physique trop longtemps.

« Je préfère ne pas répondre à la question si tu le veux bien. » Bien entendu c’est une question banale pour des gens qui se retrouvent. Comment vas-tu ? Mais tu as au moins l’honneteté de lui dire que tu ne veux pas y répondre. C’est… déjà bien tu supposes. Enlevant tes écouteurs, tu les ranges dans la coque prévue à cet effet, et puis finalement tu secoues la tête. « Tu ne me déranges pas. Au contraire, ça fait du bien de te croiser, je suppose. » Il est doux et souriant en tout cas, et tu es un peu surprise de causer cet effet chez quelqu’un. Oh, ce n’est pas si mal, tu ne va pas vraiment t’en plaindre non ?

« Allons y oui. Un café ne nous fera pas de mal, je crois qu’il y’a un bon endroit à l’entrée du parc. » Sa spontanéité te plait, et tu lui souris un peu plus du coup. C’est appréciable oui ? Pourquoi dirais-tu non ?

Tu as toujours trouvé Arni mignon, pas dans un sens où tu aimerais qu’il te passe dessus et ravage ton corps violement, mais dans un sens où il y’a toujours eu une osmose entre vous deux. Il est un excellent ami, le meilleur de tous, et tu as toujours été attirée par son coté prétendument léger qui cache beaucoup plus. Vous etes au fond tous les deux sur la même longueur d’onde, et c’est quelque chose qui se trouve être on ne peut plus plaisant. C’est pour ça que son étreinte te fait un bien fou, tout comme le fait qu’il comprenne simplement que tu veuille parler d’autre chose. Vous etes bien tous les deux, et si tu aurais refusé un verre avec quiconque, avec lui c’est différent. Il est ton ami, et même si beaucoup de choses se sont passées entre vous, même si il n’est plus vraiment militaire maintenant – et tu ne sais rien de sa mission secrete, mais il pourrait t’en parler si il le désire, tu es une tombe après tout.

« Tu réalises que je n’ai pas besoin d’être invitée. » C’est toujours un jeu de qui payera en premier, vous n’étiez que des adolescent faisant des études à l’époque, mais les fonds de tes parents – une des familles les plus importantes de Netovia – ont toujours été quelque chose que tu n’hésitais pas à dépenser pour faire plaisir. Cependant, tu dois reconnaitre que l’acte de te faire offrir quelques boissons te suffit et tu glisse ta main sur le bras d’Arni. « Mais je t’autorise cette fois. Il y’a tellement longtemps que je n’ai pas mangé de gaufres. » La dernière fois c’était parce que Jesper t’a forcé…

Et cette fois c’est un sourire un peu plus doux qui vient sur tes lèvres, alors qu’accrochée à son bras – comme deux vieux amis que vous etes- tu l’entraines avec toi vers le petit café creperie qui est situé à l’entrée du parc, avec vue sur les berges et une espèce de petit lac. « Il faut que tu me racontes tout ce que tu as fait depuis. » Pour te changer les idées, et par réel intérêt aussi.

Est-ce que c’est un petit sourire qui nait sur tes lèvres alors que tu regardes Arni insister pour qu’il t’invite ? Oui. Totalement. Est-ce que c’est plutôt grave ? Finalement non, pas vraiment. Ça ne te derange pas pour une fois d’être celle que l’on couvre de sucreries et douceur, alors finalement tu hoches la tête. « Tu gagnes pour cette fois. »  Pour cette fois seulement peut-être. Ou pour celles d’après. En tout cas tu pose ta main sur son bras, et tu hoches la tête. « Oui, oui pourquoi pas. On en mange pas beaucoup sur les bateaux. » Et cette fois ton sourire se perd parce que tu repenses à ce navire de guerre qui a coulé et dont tu étais la capitaine.

Pourtant tu te changes les idées un peu alors que vous marchez vers la creperie. Mais cette fois c’est Arni qui semble s’assombrir un peu, et tu fronces les sourcils. « Quitté l’armée ? » Tes yeux se plissent et tu t’arrête pour le fixer, ton regard se fixant sur lui, avec ses beaux yeux entourés de khol, et son air un peu joueur toujours un peu mutin. « Que s’est il passé ? » Et surtout pourquoi n’as-tu pas été mise au courant ?

C’est rare que tu sourie Særùn, mais quelques fois, certaines personnes peuvent te sortir de cette torpeur glacée dans la quelle tu es depuis l’accident, depuis le Naufrage. Oui, tu es simplement heureuse à l’idée de partager cette gauffre avec Arni. D’ailleurs tu n’hésites pas à esquisser un petit sourire de plus à l’idée d’une guerre. « N’oublie pas que je suis justement trés douée pour les gagner, les guerres Arni. » Sauf quand ton bateau coule, mais c’est une autre histoire.

Le leger ne dure pourtant pas, et tu fronces les sourcils quand il te parle ne plus faire partie de l’armée. «  Comment ça ? » Il a demissionné ? Mais… ? C’est une idée qui se brise, alors que vous vous asseyez, et si il garde son usuel sourire, toujours beaucoup trop leger à ton gout, tu serres les dents avant de hocher la tête. « Trés bien. J’ose esperer que tu répondras à mon invitation dans les semaines à venir alors. Quand je pourrais reprendre la mer. » Parce qu’il n’y’a pas plus tranquille que le millieu de l’océan, sans personne pour vous écouter. Et tu n’es pas dupe Særùn ça cache beaucoup plus.

Le serveur arrivant tu commande vos gauffres, ainsi que deux boissons fraiches, un thé glacé pour toi, et tu essayes finalement de te détendre. «  Tu vas aller au Festival ? » Parce que la St Cadoizo arrive et peut être que tu pourras le croiser la bas ? Jesper insiste pour y’aller aprés tout.