Ah Kalak... Un long soupire qui s'expire de ta bouche charnue alors que la dégout s'empare de toi au détour d'un couple se bécotant à s'en étouffer. Un regard dépité à Madona avançant à tes côtés avec son remuage d'arrière train digne des plus grandes mannequins. Une question que tu lui poses sans chercher à être discret en dépassant le couple comme si de rien était.

" Tu crois qu'il cherche à la tuer ? "

Un ricanement rauque qui s'extirpe de ta gorge alors que le couple te fusille du regard comme si tu venais de cracher sur le père Noël, tu les ignores royalement, continuant ta route en soupirant une nouvelle fois de dépit. Parfois tu ne savais pas si tu étais juste un génie incompris où si tu étais atteint d'une sorte de pathologie débilitante congénitale, car si une chose était sûre c'était que venir ici en espérant trouver du pigeon à chaque pas était une bonne idée de merde. Des touristes oui, mais surtout des couples débordant de salive et d'amour nièvre à souhait, l'enfer sur terre en somme. Ton regard se perd sur le pelage immaculé de Madona alors que tu la soulève soudainement, lui tirant un grondement de mécontentement.

" Et arrête de torde du cul comme ça, ils méritent pas le show d'une diva comme toi. "

Un rire enfantin qui éclate alors que tes chaussures s'enfoncent dans le sable, quitte à être venu dans cet endroit de l'enfer autant aller voir ce qui était dépeint dans toutes les brochures comme un des plus beaux lieux du continent, la baie des Lovsdisc. Le soleil décline déjà à l'horizon, une chose très appréciable alors que le lieu n'est plus aussi pollué qu'il l'était plus tôt dans la journée quand tu avais voulu y passer. Le bruit de l'eau caresse tes oreilles avec ravissement. Bordel c'est vrai que c'est beau. Un sourire que tu lances à Madona avant de la poser dans le sable, lui tirant une grimace de surprise alors qu'elle lève sa patte avec un air ahuri comme pour analyser si cette chose étrange n'allait pas souiller son pelage si soyeux.

" Hey ouais ma belle, on appelle ça du sable. "

Un sourire malicieux que tu lui jettes alors que tu t'assoies à proximité de l'eau, enlevant tes chaussures pour enfoncer tes pieds dans le sable encore chaud, le ciel cramoisie rajoutant une touche irréelle au lieu déjà superbe. Un sourire niais se dessinant sur ton visage alors que tu lâches d'un ton doux ne te ressemblant pas.

" Bon finalement on est pas venu pour rien ma poule "

Le spectacle était vraiment beau, le soleil continuait de décliner sur l'horizon te faisant même oublier toute cette déception de la journée alors que Madona continuait son expérimentation plus que douteuse de cette chose étrange et jaune nommée sable, enfonçant une patte avec un air circonspect, puis l'autre avant de se raidir et ainsi de suite, un spectacle ridicule et comique, t'aurais pu en rire si une chose encore plus improbable n'avait pas capté ton attention.
Tes yeux s'écarquillent alors que la masse passe lentement à proximité de vous, fendant les flots de ses grosses pinces bleues dans une séries de petits bruits te faisant penser à un type en pleine séance de muscu. Un moment de battement, flottement alors que tu t'avances vers l'eau sur quatre pattes tel un pokémaniac sous LSD en plein tripe caninossien. Non tu ne rêves pas, ce pokémon est un véritable pokéathlète en puissance alors que rien ne semble pouvoir le dévier de son objectif olympique. Un appel qui essaie d'être discret alors que tu ne peux détacher ton regard de ce spectacle si improbable pour le citadin que tu étais.

" Putain Madona matte ça "

Ignorance totale alors que ta voix semble comme flotter sur elle alors qu'elle s'enfonce à nouveau de plusieurs centimètres avec un air plus qu'agacé par cette chose jaune qui avale ses pattes à chaque pas.

" MADONA REGARDE. "

Ses oreilles se dressent alors qu'elle sursaute dans un bruissement strident sous l'impulsion de ta voix, poils hérissés quelques secondes avant de retomber et que son regard ne croise à son tour l'objet de ta déconcertante fascination. Oubliant cette étrange chose nommée sable elle s'approche à son tour, sursautant au contact du sable mouillé, un sable qu'elle finit par apprécier alors qu'il est bien plus dur et stable que cette chose jaune pâle qui cherche à la manger. Ses yeux s'écarquillent à leur tour alors que la masse continue son parcours olympique. Une masse qui s'éloigne doucement alors que côte côte tel deux goupix sous extasie vos têtes se tournent l'une vers l'autre pour vous regarder d'un air entendu. Y'en qu'on la foi. Genre vraiment.
Un rire rauque qui finit par se lâcher dans ta gorge alors que le flingouste n'est plus qu'un sillon écumeux dans le lointain.

" Franchement j'espère qu'il va tomber sur un couple pataugeant les fesses à l'air, histoire de leur rappeler que souvent l'amour ça fait mal. "

Bah quoi on se refait pas, tu restes une peste à l'humour plus que douteux.
C'est comme ça.

Et c'est comme si l'univers s'était synchronisé à tes mauvaises pensées alors que dans leur suite une petite silhouette apparait, bondissante dans les vagues avec grâce et panache. Tes yeux s'écarquillent tel deux grandes soucoupes enfantines alors que l'avidité vient s'y mêler devant tant de beauté, de ces mignons auquel rien ne peut résister.
Un sourire qui s'élargit sur tes lèvres rosées alors que l'hypotrempe s'approche de la berge dans toute l'innocence de sa pureté. Trop alors que finalement il vient s'y échouer et que ses larmes se mettent à tomber dans des râles terribles.
L'espace d'un instant cette scène te renvoie des années en arrière, la nuit de ta rencontre avec Madona, lynchée par une bande de Miaouss jaloux de sa beauté. Une profonde inspiration que tu prends pour ne pas perdre ton sang froid, ta main qui s'apprêtait à saisir une pokeball se relâche alors tu t'avances doucement sur tes quarte pattes vers le petit être devenu objet de ton attention, ta voix s'élevant doucement pour fredonner.

" Chante, chante Hypotrempe...  "

Tu cherches dans ta mémoire la suite des paroles de cette chanson oubliée depuis longtemps alors que doucement tu tends les mains vers la petite chose qui continue de pleurer pour la prendre doucement dans tes bras, essayant de la rassurer face à cette peur que même le plus imbécile des êtres humains aurait senti au plus profond de lui. Un impératif, alors tout tes efforts s'y consacrent, ton chant plus qu'approximatif révélant d'ailleurs une voix d'une douceur que toi-même tu ne te connaissais pas.

" Quand rien ne va, chante chante.
Chante que tu seras grand,
Puissant hypocéan.

Chante, Chante hypotrempe... "

Une scène qui vu de l'extérieur devait avoir un quelque chose de jonglant entre le ridicule et la folie certaine, une donnée dont tu tapes complétement alors que ton seul objectif est de calmer les larmes de ce petit être pour le moment, un petit être qui réussit à s'attirer l'attention de Madona en plus de la tienne, alors qu'elle te rejoint pour le dévisager de ses deux grands yeux. Un regard clairement significatif de sa pensée.
C'est quoi cette chose ?

Enfant on te disait souvent que parfois pour vouloir quelque chose il fallait seulement faire preuve de bonne volonté.
MYTHO !
Ultime mytho de ton enfance alors que malgré toute ta bonne volonté parée de ta plus belle chanson l'hypotrempe se met à couiner encore plus tout en t’aspergeant la tronche avec sa trompe. Ta grosse voix s'arrête nette alors que tu manques de boire la tasse, que ton œil droit te fait mal après s'être pris le jet de pleine face et que Madona se roule dans le sable comme un caninos pour contenir un fou rire.

GROS MYTHO.

L'oeil rouge et la toux grasse tu tentes de rester zen, abandon de la tactique chant alors que tu t'assois dans le sable tout en commençant à caresser doucement le dos de l'hypotrempe en prenant bien soin que sa trompe soit tournée dans l'autre direction cette fois. Un mouvement répété pour tenter de le calmer, comme avec les bébés, enfin en tout cas à la télé c'est ce qu'on fait... T'aurait-on menti ?

Un soupire de dépit alors que reprenant le contrôle de ta gorge tu tentes une nouvelle approche, murmurant au petit hypotrempe pleurnichard tout en continuant de lui caresser le dos et la nageoire.

" Chut.... Chut.... Ça va aller petit, les plus grands surfeurs ils tombent aussi. "

Un monologue que tu entames sur la plage comme si c'était la chose la plus normale du monde alors que tu le barratine comme un enfant de quatre ans.

" Tu sais y'a que les plus grands qui tombent fort, parce qu'ils sautent déjà très haut dans le ciel en chevauchant les vagues. "

Un silence alors que tu le prends dans le creux de tes bras pour commencer à le bercer tout en lui caressant doucement la joue du doigt pour sécher ses larmes, un regard plein de bienveillance malgré ton œil rouge, il t'a pété un vaisseau le chiar, c'est sur, mais comment lutter contre un être aussi mignon ?

" Je t'ai vu bondir tu sais, je suis sur que les hypocéans du coin sont tous jaloux de toi. "

A côté de toi l'autre grognasse termine enfin de se bidonner pour se rapprocher à nouveau et observer la chose cheloue que tu tiens de ses yeux grands ouverts.
Un regard insistant de ta part à son encontre, de ces regards désespérés qui signifient "mais fait quelque chose putain ! AIDE MOI".
Un soupire de miaouss alors qu'elle penche finalement la tête pour lui montrer son bijou.

" Regarde, c'est toi, c'est le futur toi si tu veux bien nous accompagner, brillant comme une étoile. Une véritable star ! "

Tu y as cru. Genre vraiment. Vraiment de chez vraiment, alors que ses petites larmes s'étaient enfin arrêtées et que ses grands yeux fixaient le bijou en mode futur star du grand écran. Puis les pleures, encore, pire, plus fort. Un long soupire de découragement alors que Madona sursaute et s'éloigne de cette chose bien trop bruyante à son goût pour commencer à se lécher l'arrière train sans pudeur aucune.
Tu devais l'avouer, là ton inspiration légendaire commence à montrer des signes de faiblesse alors que la nuit commence à réellement tomber sur la baie, et c'est tout en réfléchissant que tu recommences doucement tes caresses, cette fois sur le ventre tout en fredonnant ta fameuse chanson, peut-être qu'elle t'aiderait à trouver l'inspiration divine.

Une inspiration qui vient finalement, prenant l'hypotrempe dans ton bras tu continues doucement à le bercer alors que de ta main libre tu défais doucement ta bandoulière pour aller chercher dans ton sac la dernière friandise "luxe & beauty" que tu avais acheté pour Madona. Une danse de prouesses technique alors que la friandise en main, tu remets ton sac pour doucement te relever, réalisant que tes chaussures étaient restés quelques mètres plus loin. Un soupire alors que doucement tu commences à marcher, continuant de fredonner tout en proposant la friandise à la petite chose pleurant toujours dans tes bras.

" Chut... Chut... Calme toi, je ne vais pas te faire de mal, tiens c'est pour toi, Madona en raffole. "

Une Madona te toisant avec mépris alors qu'elle te voit donner sa dernière friandise à cette chose incapable de la fermer, un fait qu'elle te fera payer plus tard, tu ne le savais que trop bien, mais les affaires sont les affaires.

" Tu sais je te forcerai pas à venir avec moi t'en fais pas, par contre on pourrait faire de grandes choses ensemble si tu acceptes, comme les étoiles là haut. "

Ton visage se tourne vers le ciel comme pour lui montrer un secret alors qu'à ton mouvement les anneaux d'or à tes oreilles teintent faiblement. Un spectacle ravissant alors que le soleil termine de s'enfoncer dans l'horizon et que déjà les premières étoiles illuminent la nuit. Une voix douce alors que tu te perds toi-même dans ton discours, te laissant aller à la magnificence du lieu, rêveur et optimiste pour un avenir meilleur, toujours plus brillant, comme ces étoiles dans le firmament.

" Je sais que ce n'est pas grand chose, mais voilà ce que je peux te proposer, toujours essayer d'atteindre les étoiles. "

Tu n'en revenais pas, ce qui était de se produire, tout, cet instant, ce silence, les étoiles, tout, relevait du miracle. Hypotrempe avait cessé ses pleures pour engloutir la friandise, la tétant comme un enfant tête une tétine ou une sucette. Un miracle alors qu'il ne dit plus, ta main cessant de le caresser comme pour vérifier si tu ne rêvais pas. Mais surtout, il tourna la tête vers le ciel, les étoiles et son regard s'alluma tel un phare dans le méandre de ton coeur, ce petit être aspirait à la grandeur, au brillant.

Un silence, un instant suspendu qui pour toi voulait tout dire alors que tu sors délicatement une pokeball vide, clipsant sur le bouton et que tu lui tends vers la trompe, signe que c'était son choix d'appuyer le dernier sur l’interrupteur. Une scène si fascinante que tu ne sens même pas le poids du regard jugeant de Madona, te fixant comme si tu étais le plus gros attardé que la terre n'ai jamais porté. Un sourire béant sur les lèvres, alors qu'une petite larme d'émotion coule le long de ta joue, émotion ou reste de ton oeil rouge amoché par le pistolet à O.

" Ensemble nous pouvons viser la lune. "

Le visage encore couvert de miette de friandise luxe & beauty, l'oeil rouge d'un coté et la larme coulante de l'autre, tu n'en reviens pas alors que le petit semble prêt à appuyer sur le bouton. Un moment suspendu, symbiose parfaite, jusqu'au drame alors que l'air béat tu assistes à la déchéance de tout tes efforts alors qu'il souffle, pris de ce qui semble être un fou rire, la pokeball s'envolant de ta main tremblante. Il... Il se... Il rigole vraiment ?
Le temps s'arrête alors qu'un "Miaouuuuuu" retentit strident, du sable volant alors que Madona bondit, poil hérissé suite à la chute de l'objet sur sa tête, elle tente de courir sous la panique, mais ses pattes s'enfoncent dans le sable sec entraînant se chute face contre sable.
Un instant de crise alors que tu réalises que l'hypotrempe est en train de se bidonner, se bidonner de... toi ?
Tu essuies ta larme, l'égo bafoué alors que tes dents se serrent, self contrôle ultime pour ne pas hurler et garder ton plus beau sourire visser sur le visage face à ce chiar qui se fout éhontément de ta tronche.

La colère de l'égo se dissipe finalement alors que la trompe continue ses souffles à coup de miettes de friandise, une idée machiavélique qui te rentre en tête alors que ton sourire se pare de malice, un regard profondément moqueur, alors que discrètement tu extirpes une autre pokeball, profitant de la crise de rire, tu appuies sur le bouton, la laissant grossir avant de doucement la rapprocher, la posant sur son petit crâne, activant de se fait la capture dans un sourire entre moquerie, revanche et amusement.

AHAHAH TU L'AS PAS VU VENIR HEIN.

Évidemment tu ne le dis pas, mais n'importe quel abra sur plusieurs kilomètres pourrait l'entendre tellement ta pensée est forte.

Une ultime miette qui rentre dans ton oeil alors que le poids de la petite chose disparait soudainement. Tu retiens ta respiration alors que la pokeball s'agite soudainement, un soubresaut avant de se stabiliser puis elle se stoppe alors que Madona sort sa tête du sable avec une tête clairement énervé. Attends... Tu... C'est bon ? T'as réussis ?
Un éclat de rire qui sort de ta gorge alors que tu t'esclaffe, TROP FACILE EN FAIT !!! Mauvaise foi ultime, mais très bien pour toi alors que la nuit s'abat définitivement. Un grand sourire qui se fixe sur tes lèvres alors que tu sautes sur place pendant de longues minutes sous le regard pleins de jugement de Madona.

Puis finalement tu remballes tes affaires d'un air satisfait alors que tu quittes enfin la baie, enfin c'est ce que tu croyais alors que tu croises un couple qui semble vouloir profiter du paysage nocturne. Une seule phrase pour figer ton cerveau sur place, ton corps arrêtant tout déplacement.

" Il paraît qu'il y'a des Stari, j'ai toujours rêvé de voir un Stari "

Ton véritable enfer venait seulement de commencer.