La douleur lancinante, vrille qui s'insinue dans les côtes et le dos au rythme de tes pas, grognements et souffle court rythmées par chaque pas que tu tentes d'effectuer. Râle qui se retient de devenir hurlement alors qu'après de très longues minutes tu finis enfin à te lever de ton lit, détachant tout ce qui s'insinuent dans ton corps sans ton autorisation d'un mouvement sec et violent. Un nouveau grognement alors que tu atteins enfin la chaise où gisait la plupart de tes affaires. Un mal de chien du début d'un trauma sans fin alors qu'une semaine s'était déjà écoulé et qu'on t'avais transféré à smokebay suite à la gravité de tes blessures. Un trou noir pour toi alors que tu étais resté plusieurs jours inconscientes, gavée de morphine et autres médocs pour soulager les blessures ayant meurtris ton corps. Visage émacié, cheveux gras et ébouriffé ayant perdu tout leur superbe, l'ombre de toi même dans ces cernes parant tes paupières de leur noirceur. Et dans ta psyché le souvenir de ce rire, de ces couettes blondes, le contact de la lame, fureur sourde, rage et colère qui t'envahissaient comme un tourbillon. Apparemment le ranger s'en était aussi sorti, un sauvetage qui n'était dû à personne d'autres qu'autrui alors qu'ils étaient finalement partis, vous laissant là, à l'agonie. Dans un effort beaucoup trop important ton poing se fracasse sur la chaise alors qu'au coin de tes yeux émeraude les larmes de rage et de douleur mêlées coulent faiblement. Une profonde inspiration alors que tu te déleste de l'immonde chemise d'hopital, le geste te martelant le corps dans son impulsion alors que tu manques de t'effondrer sous sa puissance. Un long temps pour reprendre ton souffle, saisissant finalement le jean taché de sang pour tenter de l'enfiler, sans succès alors que sous l'effort trop important pour ton corps meurtrie le sang commence à suinter. Un nouveau râle, hurlement restreint dans ta gorge sous forme de puissant grognement au moment où la porte s'ouvre, tu ne vois pas réellement alors que la voix retentit et que déjà l'infirmière se dirige vers toi.

"Mais qu'est-ce que vous faites ? Re couchez-vous ! Vos points vont craquer !

Et si tu tentes de résister à sa poigne c'est sans succès, trop faible, ombre de toi-même alors qu'elle te ramène à ton lit en te sermonnant. Ta voix s'éraille, une simple réponse.

"Laissez-moi sortir d'ici"

Complainte qui reste sourde alors que finalement tu la vois, dans l'encadrure de la porte, cette femme que tu connais et dont le visage est comme une soudaine bouffée de chaleur dans ta tourmente. Asrah.

"Vous avez de la visite."

Honteuse également, alors que tu détournes le regard quelques instants, l'infirmière réinstalle les perfusions et tu te laisses faire, tel ces vulgaires poupées qui ont perdu le contrôle sur leur propre corps. Elle s'apprête à vous laisser, mais c'est un sursaut qui survient, alors que tu lui agrippes le bras. Une demande, une voix presque plaintive.

" César.... Laissez-moi voir César. "

Un refus qui te répond, car là n'était pas la place de pokemon et tu veux simplement disparaître alors que ta main la lâche finalement et qu'elle vous laisse toutes les deux. Un silence avant de finalement reporter ton regard sur la conseillère.

" Ils ne veulent pas que je vois César... Il ne doit pas comprendre ce qu'il se passe... Des jours dans sa pokeball... Ce n'est pas.... Normal. "

Ton souffle devient court, trop de mots, trop de paroles pour ton corps en morceau alors que tu peines à reprendre ta respiration.

Les mots de la conseillère s'échappent en une tentative d'humour, un moyen de relâcher un peu la tension alors que la honte s'estompe petit à petit, un sermon qui n'en est pas vraiment un alors que tu soupires, rictus douloureux sur tes lèvres, ton visage se tournant enfin vers les siens, l'affrontant de tes pupilles d'émeraude. Une simple phrase lâchée dans un rictus de douleur qu'un léger rire provoque.

"J'ai toujours eu horreur des hôpitaux, là dessus je ne suis pas très originale"

Première surprise de ton propre adoucissement alors que la conseillère accepte ta demande. Un soulagement alors que tu tente de te redresser pour lui indiquer, très mauvaise idée alors que le bas de ton dos et tes côtes réagissent directement au mouvement, te faisant te rallonger presque aussitôt.  

"La ceinture sur mon jean. La première pokeball à droite du bouton"

Les mots sont douloureux mais tu refuses de laisser la douleur gagner sur ta voix, rare chose intacte que tu possèdes encore, le refus qu'on t'en prive en plus du reste, d'un corps massacré et laissé à l'agonie.  

"Merci."

Un simple mot qui pourtant veut tout dire alors que la conseillère se dirige vers la chaise où tes vêtements tachés de sang trônent, quelques instants, moment suspendu alors que la lumière rouge apparait finalement, libérant la petite silhouette canine dans un "dynavolt" énervé. Une émotion intense alors qu'à tes yeux perle une larme, la confusion de ton pokemon te sautant au visage alors que tu l'avais rappelé au moment de la grêle, dernier instant où il t'avait vu il y'a des jours maintenant. La frustration et le remord alors que finalement il semble se calmer et que son regard croise le tient. Un moment de stupeur alors qu'il reste figé à ta vision, un grondement sourd retentissant finalement, grognement crépitant alors que son corps se met à crépiter d’électricité, un grognement de colère et de rage qui retentit dans la chambre d’hôpital, une réaction provoquant le sanglot alors que tu tend les bras vers lui.

" César.... Je suis désolée... "

Puis le flash, lumière aveuglante l'enveloppant alors que sous la force de sa colère l'évolution s'opère, pokemon fier et protecteur retrouvant sa plus vieille amie dans un état misérable. Incapable de la protéger croit-il certainement devant ce spectacle affligeant, un électrochoc alors qu'il grandit, que son corps gagne en hauteur et puissance, Elecsrpint s'imposant dans ses teintes si particulières. Un long regard qu'il lance à la conseillère, comme pour la remercier d'avoir pris soin de sa dresseuse avant qu'il ne monte doucement sur le lit pour s'allonger à côté de toi. Sur tes yeux les larmes coulent en sanglot, ton regard retrouvant la fière et belle Asrah. Une colère sourde que tu partages.

" Ils paieront hein ? Promettez moi qu'on les fera payer pour toutes ce qu'ils nous ont infligé. "

Ta voix s'éraille alors qu'à ton esprit s'impose les visions de corps empalés dans la glace, le contact de la lame et du blizzard et ce rire... Ce rire strident et aigüe retentissant au rythme des couettes blonde.
Poufiasse psychopathe.
Le besoin d'un quelque chose de sombre qui né et prend place au fond de ton coeur.
Vengeance.

Ton regard reste là, figé sur Asrah alors que ta main caresse doucement la gueule de César.

" Jurez-le moi. Jurez-moi qu'ils paieront. "

Étrangement aucune infirmière ne vient faire irruption après l'évolution, une chance certainement, ou plutôt un signe d'un travail bien trop imposant pour le service hospitalier... Des jours qui s'étaient écoulés, mais tu ne doutais pas de la gravité de la situation. Et dans la douleur lancinante, la main posée sur le corps lisse de César ton regard embué vient retrouver Asrah. Un mouchoir qu'elle te tend et que tu saisis, venant essuyer les larmes, une faiblesse que tu te refuses à montrer, te ressaisissant, tu étais déjà dans un état pathétique il était hors de question que tu te laisses aller aux larmes.
Jamais.

Sa présence te rassure alors que tu te reconcentre sur elle, elle qui va dans ton sens alors que sa promesse flotte dans l'air, une promesse que tu comptais bien tout faire pour honorer. Puis la question, une question douloureuse et pourtant nécessaire...
Que t'es-t-il arrivé Belinda ?
Réelle question alors que ton regard se part d'un voile sombre, réelle question alors qu'elle retentit dans ton esprit face à ton corps massacré, cette douleur qui ne te quitte pas, la conscience nette d'une mort qui t'avais effleuré, une question en suspend, pourquoi ne vous ont-ils pas achevé ? Est-ce grâce à ce ranger ? La réalité est que tu n'en sais rien, aucune information sur la suite des événements, sur ce qui justifiais ta présence aujourd'hui, tu te souviens du froid, tu te souviens de cette dernière et vaine tentative pour entraîner la pouffiasse au sol avec toi... Puis plus rien. Le néant, noir lancinant.

"Je... "

Une quinte de toux légère qui vient te vriller les poumons, tes côtés massacrées.

"On... Le ranger.... J'étais avec un ranger... "

Un souffle que tu dois reprendre, l'émotion est vive, ta colère foudroyante, autant que cette douleur.

"L'explosion, le souffle, j'ai été projetée... Quand je me suis relevé j'étais avec un ranger... Piégés... On était piégés, encerclés par des pics de glaces, des corps mutilés et empalés..."

Un haut le coeur qui te traverse alors que tu places ta main devant ta bouche instinctivement, rappelle de ce vomissement qui t'avais frappé en découvrant les corps mutilés.

" Puis le rire... Ils étaient là... Leurs masques sur le visage.... Une blonde à couette et un homme un peu gringalet... Tout a été si vite... Le gaz toxique... Les couteaux.... Ils nous ont foncé dessus, de véritables psychopathes... Ils savaient pertinemment qui nous étions... Où plus exactement que nous appartenions à l'empire.... "

Un lourd silence...

" Le ranger est tombé le premier, poignardé puis moi... Nos pokemons ont essayé, mais ils utilisaient les leurs pour contrer et nous harceler... Coup de couteau après coup de couteau... Ils étaient là pour nous tuer... Le blizzard, la grêle.... "

Tu revis l'horreur... Des souvenirs terrifiants, tentative de te rappeler du moindre de détail important... Ton regard se levant vers la conseillère, une appréhension palpable logée au fond de tes iris d'émeraude alors que tu oses poser la question.

" Le ranger... Est-ce qu'il... "

Tes mots s'éraillent, tu as peur de la réponse, de celle qui te confronterai à nouveau face à ta propre impuissance... Celle de n'avoir rien pu faire pour empêcher le pire d'arriver.

Une lueur d'espoir vibrant au rythme des mots, regard d'émeraude qui se charge de toute la volonté d'y croire. Étouffe et disparait alors alors la réalité s'impose brutalement, un lourd silence en guise de réponse, un fait qui te vrille le cœur bien plus que tout le reste, le cruel constat d'une terrible évidence, tu ne connais pas son nom. Incapable de nommer ce visage avec lequel tu avais lutté, une promesse que tu lui avais faite, celle que vous ne mourriez pas là-bas.
Menteuse.
Menteuse que martèle ta psyché alors que dans ta tourmente ton poing se fracasse sur le lit, faiblard mais pourtant suffisamment fort pour faire sursauté César. Un silence alors que tu détournes le regard. Spectatrice de ta propre impuissance, de ce tumulte qui te ronge corps et esprit, assez, trop et assez alors que c'est la conseillère qui te ramène à la réalité. Un constat que tu lâches d'une voix rauque, pleine de rancœur et d'amertume.

"Ils ont réussi. "

Trois mots coup des coups de couteau que tu restes là, dans le mutisme, les scènes défilant dans ton esprit avant de réaliser, de te rappeler, ton regard se tourne machinalement vers le siège au se trouve tes vêtements ensanglanté, que tu commences à compter alors qu’instinctivement tu t'es redressé dans un râle de douleur. Un soulagement alors que tu comptes bel et bien 4 pokeballs restantes en plus de celle de César, un soulagement alors que cela signifiait que Vesta était toujours là, elle qui avait tout donné sans ployer sous le poids du blizzard et des assauts répétés. tu te laisses retomber dans le lit dans un rictus de douleur. Instant de panique passé alors que ton regard se pose à nouveau sur Asrah. Une phrase que tu finis par déclarer d'un sourire forcé, comme une vaine tentative pour reprendre contenance.

"Vous avez l'air en forme "

Sans conscience de ce qui avait bien pu lui arriver, pourtant son regard ne trompe et tu le sens au plus profond de toi, elle y était et si son corps semble indemne, ses expressions en disent long, une première pour toi, une première qui ne peut signifier que cela. Un simple constat qui franchit tes lèvres.

"Vous aussi n'est-ce pas ?"

Et tu le revois, tu revois le ranger tomber au sol, le sang se répandant sur le sol, une vision gravé dans ton esprit à jamais, un visage sans nom alors que la dure réalité s'impose.... Comment aurait-il pu survivre ? Et au coin de tes yeux d'émeraude les larmes commencent à rouler, des larmes de rage.

Et de nouveau le poids des mots s'abat constat terrible, fait pragmatique et pourtant qui te donne une pointe de soulagement, au moins tu sauras, sauras si il a survécu ou pas et si tu redoutes la réponse, savoir est mieux que de rester marquer par le spectre de la méconnaissance.

Elle y était elle aussi, tu le savais, tu le sentais et tu ne peux que la regarder alors qu'elle détaille un peu ce qu'il s'est passé, tous pris pour cibles, une autre échelle que la votre et pourtant tu revois, tu entends à nouveau le rire et ces deux mots qui avaient traversés le blizzard "chiens d'impériaux". La colère gronde alors que tu sers les poings, la colère avant la stupéfaction alors que les derniers mots sont lâchés, un visage incrédule alors que tes yeux s'écarquillent devant l'annonce.

Et pour cause, l'histoire des golems tu la connaissais bien, elle venait de chez toi, d'Hoenn, d'où tu viens, les mythes les entourant, les histoires et les racontars, alors que tu laisses échapper plus pour toi que pour Asrah alors que tes yeux se baissent sur le lit.

"C'est impossible... "

Et pourtant, pourtant tu te remémore les événements, cet étrange blizzard, la violence de l'assaut, tout, tout devenait de l'ordre du probable alors que lèves finalement les yeux.

"Lequel ? "

Et même si tu as une idée de la réponse, tu demandes, le froid, le blizzard, tout semble indiqué une même donné, mais tu ne pouvais rester sur cette supposition alors que tu trembles légèrement.

"Cela voudrait dire qu'Hoenn aussi..."

Tu ne termines pas ta phrase, assimilant le poids de ces révélations, ton esprit fusant dans tout les sens alors que César te regard d'un air triste, t'adressant un léger coup de tête comme pour te sortir de ta torpeur.

Et tes suppositions volent en éclat alors que la réponse tombe. Métal. Métal hein... Ton visage déjà émacié par la fatigue, le froid et les blessures encore à vif ne peut que se perdre dans le regard de la conseillère, une profonde peur teintée de colère alors qu'elle te touche, te sort de cette étrange torpeur d'un simple geste, César toujours à tes côtés comme pour tenter de t'aider au mieux alors que les mots lâchés sont lourds de sens. Un silence de quelques instants alors que tes lèvres extirpent à mi mot.

"C'est une aberration... "

Une révolte sourde dans ton être alors que tes yeux d'émeraude retrouvent de leur vivacité, animé d'une colère sourde et impérieuse, d'un feu né dans le blizzard qu'aujourd'hui rien n'arriverait plus à éteindre.

"Ce qu'ils font... C'est une aberration.... Ils prétendent agir pour le monde et les pokemons alors qu'eux même ont soumis l'insoumettable à leur volonté ? Qu'ils ont bafoué le fabuleux, l'ont asservis pour se battre dans un combat qui n'est pas le leur.... Hypocrites. "

La colère est sourde, une fureur qui germe des stigmates de tes plaies alors que dans un râle de douleur tu te redresses à nouveau dans ton lit.

"Et je compte bien aider, en faire partie."

Une promesse dont rien ne te dissuaderai, une décision prise à l'instant où tu avais failli ou dans la glace tu avais chuté, te vidant de ton sang dans un combat que tu ne pouvais pas gagné, inéquitable dans lequel tu n'avais pourtant jamais abandonné.
Tu avais beaucoup de défauts Belinda, énormément même, mais l'abandon n'en faisait pas partie, une vie, une identité construite sur la persévérance et le refus de te plier au dictat d'un sexe se croyant tout puissant et à bien des égards les Boréaux étaient comme eux, comme ton père et ces autres contre lesquels tu avais lutté toute ton existence.
Ta persévérance et ta détermination tes plus grande qualités construire dans les ravages d'une famille défaillante.

Les mots de la conseillère sont comme une douce caresser venant chatouiller ta haine, stimuler ta colère, augmenter ton désir de vengeance, revanche. Tu en feras partie, un faible sourire qui se dessine sur tes lèvres, un simple fait pour te rassurer, pour apaiser ton âme endeuillée, pour canaliser cette colère sourde et grondante. Sa main viens doucement remettre une mèche sur ton front, un geste qui te rappelle celui d'une mère, l'espace de quelques instants, ta mère, un étrange fossé, un étrange face à face dans cet instant ou la fatigue fait partie de moi comme un amant en pleine extase pour épuiser ton corps jusqu'à la mort. Un soupire, redonne au passé ce qui lui appartiens alors ta bouche s'ouvre simplement pour délivrer un.

"Merci... "

Et il est vrai que tu ressens cette fatigue si fort, fardeau qui s'abat, paupière lourdes, de plus en plus alors que la conseillère te quittant ton corps exténué fini par succomber aux bras de Morphée, tes paupières s'abaissant finalement pour te plonger dans le sommeil, César toujours a tes côtés pour veiller sur toi tel un gardien foudroyant. Une enfant en cet instant alors qu'Asrah t'avais donné ce que tu voulais, t'avais rassuré en te permettant de sombrer dans ce gouffre obscur de haine et de revanche.

Paradoxe qui entrerai bientôt en mouvement, réellement, car là-bas, dans la grêle et le froid mordant, entre les corps transpercés et les stalagmites, entre les rires déments et la morsure brulante d'une dague dans ton ventre, dans ton dos, dans tes pleures et ta gerbe, dans ta fureur et le contact humide et poisseux de ton propre sang tu étais morte Belinda, une partie de toi envolée à jamais, morte là-bas avec tout ces autres, toutes ces victimes happés par la folie d'un groupe qui a tes yeux n'a plus rien d'humain.
Enlève l'humain, qui l'arrache et le piétine, qui sème la haine et la mort, jusqu'à détruire toute trace d'humanité, au littéral comme au figuré.