Ah Soledad... Un bien triste nom, présage de ce que serait ta vie alors que pourtant tu es née d'un de ces amours passionnels, de ces amours qui consument tout jusqu'à l'amour lui-même. Et pourtant, pourtant tu fus aimée Soledad, dès ta naissance, des deux noms choisis par chacun de tes parents, Soledad pour honorer ta grand mère, Esperanza pour te souhaiter un futur prospère. Et pourtant, pourtant tu as toujours été en décalage avec les autres enfants, solitaire qui s'amusait seule, fuyant ces autres enfants bruyants et exaspérants qui faisaient ces choses qui te dépassaient. Car malgré ton look de pseudo punk aux allures de bimbo décalée dans l'enfance tu préférais lire et te raconter des histoires à base de cailloux et de bouts de bois, te construisant un monde dans ton imaginaire prospère plutôt que de jouer à courir dans tout les sens avec les autres enfants ou à t'amuser avec des jouets hors de prix. Bien différente de tes parents, l'un kantien et l'autre hispanique, eux-mêmes déjà issue d'une mixité des cultures et du sang.

Et alors qu'ils jouaient dans la cour de récrée toi tu t'imaginais pirate ou corsaire partant dans les îles inexplorées, découvrant des pokemons inconnus que tu renommerais. Malheureusement les pokemons n'avaient pas vraiment la quotte chez toi, traumatisme d'enfance d'un père ayant perdu ses parents lors d'un safari photo qui a mal tourné. Alors c'est de loin que tu les observais, que tu voyais ces autres obtenir leur premier que tu n'aurais jamais. Et l'écart se creusa, la solitaire enfant connue la solitude forcée de ces liens qui n'avaient jamais existés, jusqu'à ce qu'à l'adolescence tout parte en fumée dans une rébellion sourde contre l'autorité, en quête de cet imaginaire dans lequel tu t'étais prostrée, d'aventures et de frissons, d'escapades et de rencontres. Commençant à avoir des mauvaises fréquentations, à te teindre les cheveux et sécher les cours où tu errais parmi ces camarades sans intérêt pour traîner avec un gang de motards plus âgé, le frisson des deux roues et du danger, mais aussi de ces formes qui se développaient, corps adulte pour une gamine de 16 ans. Connerie sur connerie mais pourtant rien de profond, relations superficielles avec ces êtres qui finalement ne t'attiraient que par leur frisson et leur danger, jusqu'à cette rencontre qui fit tout changer, exploitant cette jalousie latente que le temps avait vu germer, celle de ces autres, de ce lien aux pokemons dont on t'avais toujours privé. Deux mots pour te galvaniser et t'emporter.

Team Rocket.

Un moyen de vibrer et de te venger, un moyen de tout renier et envoyer valser. Douce enfant devenant terreur, coupant liens entre pokemons et dresseurs, de la peine pourtant tu en avais alors que parfois tu pouvais sentir cet amour qui les unissait, mais aussi le constat affligeant et gerbant d'une autre réalité, celle de liens inexistants et de violences cachées. Ce lien si fantasmé entre dresseur et pokemon explosant pour trop souvent partir en fumée. Jusqu'à ce jour, jusqu'à ta rencontre à toi, alors qu'avec cet abruti de Chuck passant plus de temps à te mater d'un air salace qu'à penser à votre mission, vous deviez ramener un spécimen rare et précieux pour un haut gradé dont le simple regard te répugnait, un évoli, pokemon rarissime en les terres de Kanto, capable d'évoluer pour devenir une multitude d'espèces distinctes, l'incarnation de ce que toi-même tu aimerais être. Un évoli que vous aviez ciblé, celui d'un cadre de la SARL, vulgaire animal de compagnie d'un être vantard et arrogant, simple trophée, trophée pour son dresseur, trophée pour son acquéreur et alors que vous meniez votre mission à bien tu croisas le regard de cet être qui te toucha au plus profond de toi. Un être qui méritait bien plus que ça, alors la rébellion de cette adolescente pourtant révolue se réveilla brutalement, la colère aussi et tout cette jalousie cristallisée, l'indépendance survoltée de l'électron libre brutalement ranimé.
Rien ni personne à part toi.
On ne compris que trop tard ce qu'il s'était passé, alors que cet abruti de Chuck se faisait arrêté après que tu l'es dénoncé et que tu embarquais trois jours plus tard sur un bateau direction Netovia, car folie ne rime pas avec inconscience et si il y'a bien chose que tu sais, c'est que jamais celui à qui elle était destiné ne te pardonnerai et que derrière lui c'est la team rocket qui te traquerait.
Traîtresse qui devrait payer le prix de l'affront qu'elle avait commis. Traitresse ignorante pensant qu'au nord jamais on ne te retrouverait....
As-tu raison ? As-tu tord ? Seul l'avenir nous le dira désormais.