À quoi ça sert, cette chose ? Un GPS oui, mais… Tu n’en as jamais vraiment eu besoin. Tu t’es toujours laissé guider par tes pulsions, aussi folles soient-elles, tu n’as jamais eu à t’en soucier. Mais cette fois-ci c’est bien pour rejoindre une personne qui te tient à cœur. Pour l’occasion tu as fait en sorte de ne pas te laisser dépérir, même si ton apparence semble dire le contraire. Tu aurais pu laisser tes idées noires t’envahir, te laisser divaguer, te droguer un bon coup pour pouvoir penser à autre chose mais tu as tenu bon.

Et voilà que tu te diriges vers le port, les mains dans les poches, seul mais attentif au moindre bruit. Il suffit d’un rien pour que tu sortes Freddie qui viendra tout de suite te protéger sans se poser de questions. Les yeux toujours exorbités tu as l’air de ne pas avoir beaucoup dormi ces derniers jours mais c’est plutôt habituel, ces cernes qui viennent habiller ton visage aux traits fatigués.

Reniflant un bon coup tu suis le GPS, puis en levant les yeux, tu finis par la voir. Étrangement tu te sens un peu mieux, tu as l’air d’avoir repris un peu de forces et tu te rapproches d’elle en te faisant un peu discret. C’est dans tes habitudes de te glisser dans le dos des autres, pour pouvoir planter un couteau. Mais cette fois-ci tu es totalement inoffensif, tu n’oserais même pas toucher à un seul de ses cheveux sans avoir peur de la briser.

« Raven je suis là. Je suis en retard ? Désolé… J’ai dû me perdre dans mes pensées. »

Et qu’est-ce que tu peux t’absenter longtemps quand tu as décidé de laisser ton esprit divaguer.

Tu t’en veux un peu d’être arrivé si tard, si dépravé, si Raven ne te connaissait pas elle t’aurait probablement confondu avec un mendiant un peu dangereux et elle t’aurait chassé d’un revers de la main. Un peu stressé tu ne le caches pas et tu es même tout agité, le regard fou, rempli de panique mais aussi d’autre chose ; beaucoup de manque. Il y a quelque chose qui te rend un peu agressif et impatient, et Raven est probablement la seule qui puisse apaiser tes maux.

« Oui je sais… », tu la laisses faire, tu as confiance en elle. Un peu trop même. Tu en es dépendant et ça n’a pas l’air de plus t’embêter que ça.

Levant les yeux vers elle tu es obsédé par cette proximité, à chaque fois il t’en faut encore plus. Tu te permets même de venir la serrer contre toi, une main dans son dos, tu soupires et tu te calmes petit à petit. Tu fermes les yeux, tu profites du contact et tu frissonnes un bon coup. Oui, ça va mieux. Réellement mieux.

« Comme toujours. Je pense à beaucoup de choses, je rêve de sang, plus ça va plus j’en ai envie. Ça me manque. »

Ta main libre vient se plonger dans la poche de ta veste, tu es de nouveau agité. Tu sens ton couteau sous tes doigts, celui qui te sert à faire bien des saloperies quand ce n’est pas Freddie qui s’en charge.

« Quelque chose à grignoter ? Je ne sais même pas à quand remonte mon dernier repas. C’est flou. »

Il y a souvent des moments où tu sembles perdre pied, où tu fais les choses par automatisme. Ou alors tu te laisses aller et quelque chose d’autre prend le dessus, dans tous les cas tu n’as pas l’air de te souvenir de ton dernier repas, et encore moins de la dernière fois où tu as croqué dans quelque chose à part la peau de tes doigts abîmés. C’est souvent comme ça, tu n’as pas de mots à poser sur ce que tu vis alors tu laisses les choses se faire.

« Et après ? Tu veux me proposer un service ? J’aurais vraiment besoin de ma dose. J’en peux plus. »

Observant aux alentours, tu n’as pas envie qu’on vous repère, surtout qu’elle a toujours une image à garder et à entretenir, alors mieux vaut éviter qu’elle s’attire trop d’ennuis. Tu n’es rien face à elle, c’est même étonnant qu’elle daigne te donner son attention. Néanmoins tu es déterminé à l’emmener à l’abri des regards, quitte à devoir faire une croix sur ton repas. Tu es impatient.