Tu es née d'une famille d'Alola où l'or semblait pousser dans les arbres, loin des soucis du travail et de la volonté d'y faire quoique ce soit. Des gens aussi ennuyeux que d'observer l'herbe pousser; que d'observer une course de ramoloss. Ni généreux et sympathiques, ni violents et abusifs; leur seule personnalité, c'était d'être riches jusqu'au fond de leur sous-sol. Les pokémons qu'ils avaient avaient été achetés au casino, ces fêtards y passaient plus de temps qu'aux anniversaires de leurs propres enfants, donc ce n'était plus si illogique d'être invité aux repas de famille des propriétaires de tous les casinos locaux à ce point, et à toutes les grandes fêtes de leurs amis riches des quatre coins du monde. Enfin. Amis. C'est discutable.

Tout semblait si faux. Si éphémère. Monde de manipulation et de fausses promesses; un quotidien d'or du fou, dira-t-on.

C'est d'eux que vient ta certaine lâcheté passagère et ton amour de ce qui brille, il n'est point étonnant que ce soit encré dans ton ADN avec les enveloppes vides que le destin t'as donné comme parenté. Vous aviez l'école à la maison, ton frère ainé et toi, et étiez achetés avec des cadeaux et des bonbons lorsqu'ils oubliaient votre présence pendant un temps plus long que prévu, et surtout, ils vous apprenaient les plus grandes leçons du monde: La seule chose qui compte, c'est l'argent. Si vous étiez tristes, on vous donnait des cadeaux. Fâchés, on achetait la paix avec plus de cadeaux.

Au final, vos émotions ne valaient pas plus qu'une poupée.

Tu as toujours refusé les pokémons qu'ils tentaient de te donner, ennuyée par la simplicité de la chose. Non-- ennuyée par ce mode de vie. D'un côté, la simplicité était agréable, sans le moindre besoin de réfléchir, mais de l'autre, tu t'ennuyais fermement, au fil des années. Tu n'avais pas l'impression de vivre, mais plutôt d'observer la vie jouer toute seule de l'autre côté du miroir doré. C'est en grandissant que tu as gagné ce qui allait t'accompagner toute ta vie: L'ennui. Un profond ennui, qui grandissait de plus en plus, et qui n'allait pas te lâcher de sitôt.

Vous voyagiez beaucoup, ta famille et toi, bercés par le manque de stabilité. Voyager n'était pas mauvais en soi, voir le monde t'aura toujours fascinée, dans un sens. Le voyage qui t'aura le plus marqué, dans ton enfance, fut l'un de ceux à Hoenn. C'est en piquant de l'argent à tes parents pour t'acheter des pokéballs plus tôt dans la journée, chose plutôt commune pour toi à ce point dans ta vie, que tu t'éclipsas du groupe plus tard dans la nuit, pendant que tout le monde dormais, avec un but en tête: explorer le monde afin de te trouver un compagnon. Enfin, tu n'allais pas partir très loin, mais ce serait la plus audacieuse sortie de ta vie. Pour le moment. Sans pokémon, sans rien du tout.

Idiote gamine.

Tu marchais sur une route, ton petit baluchon sur le dos, prête à affronter le monde seule comme une grande-- sans la moindre remise en question... avant de voir, au loin, dans un petit coin très joli entre les fleurs et certains arbres, une bande de petits oiseaux nuages qui mangeaient des fruits tombés sur le sol, fruits des arbres à côté, probablement. Silencieuse, afin de ne pas les effrayer, tu décidas de t'asseoir au pied d'un arbre un peu plus loin, afin de les observer sans leur faire peur. C'était apaisant, dans un sens. Apaisant... mais sans ennui. Juste apaisant. Voir les petits oiseaux manger en paix, c'était beau.

Puis, ils repartaient, heureux et rassasiés. Fatiguée, tu décidais donc de retourner à la base, ton voyage serait le lendemain. Pendant les nuits à suivre, tu retournais toujours à ce fameux petit coin, où tu avais vu les oiseaux manger. Tu achetais des baies, avec l'argent piqué à tes parents, pour les laisser là, puis les attendais pour qu'ils reviennent manger. Tu rapprochais les fruits de plus en plus de toi, afin de voir les oiseaux de plus près. Certains curieux, d'autres craintifs, tu étais un peu un élément du décor, à ce point. Lors d'une nuit, tu étais entourée d'oiseaux encore, qui mangeaient des fruits ou faisaient la sieste sur toi, paisiblement.

Puis, tu fus réveillée de ton semi-sommeil paisible en sursaut par du bruit plus loin. L'oiseau qui se trouvait dans tes bras s'agrippa à la peau contre ses pattes, aïe, et les autres s'envolèrent-- lui aussi semblait avoir été perturbé dans son sommeil.

Tu pus voir, alors... la chose qui allait s'approcher de vous et qui te poussa à te lever en vitesse, d'agripper l'oiseau qui ne quittait pas tes bras par la panique, l'adrénaline te faisant oublier la douleur des papattes agrippées à l'un de tes bras, afin de t'enfuir en vitesse pour te protéger toi et l'un des oiseaux qui avait apparemment oublié comment voler. Par la noirceur, tu n'y voyais pas grand chose de toute manière, mais l'ombre menaçante qui se rapprochait, sûrement pour piquer le reste des fruits, fut assez distinctive pour que tu décides de courir pour ta vie.

Un mangriff. Ses longues griffes acérées, tu t'en souviens encore aujourd'hui.

Avec ton compagnon de fuite entre les bras, l'adrénaline dans les jambes et l'instinct de survie dans le coeur, toi-même ne savais pas où tu t'en allais. Peu importe, à ce point, il faudrait seulement te cacher. Malgré la vitesse de tes pas, tu analysais du mieux que tu pouvais ton environnement afin de trouver une cachette. Après nul ne sait combien de longues minutes de course, tu te cachas dans de gros buissons. Le silence de la nuit vint bien vite, rythmé seulement par les battements rapides de ton coeur et ta respiration tout aussi rapide. Tu n'auras jamais su s'il vous a suivi, ou quand vous l'avez semé, mais peu importe.

Un léger rire nerveux t'envahis. Tu ne t'étais jamais sentie aussi vivante de toute ton existence. L'adrénaline, le danger... c'était génial!

... Mais tu étais perdue. Ah bah zut tout de même. Heureusement, la route n'était pas très grande, ni n'était une forêt, de base, juste quelques arbres et de l'herbe, tu pus donc retrouver ton chemin après quelques temps. Enfin, ta notion du temps n'a jamais été très efficace, alors bon. Le plus important, c'est ton chemin. Après avoir récupéré ton baluchon (le mangriff était heureusement parti avec tous les fruits qui restaient, en vrai sûrement qu'il était juste content que vous soyez partis comme des cons), tu tentas de laisser le pauvre oiseau là pour qu'il retourne chez lui.

Mais il ne te lâcha pas. Effrayé, sans doute. Bon, d'accord. Tu retournas donc dans ta chambre, l'oiseau en plus, te demandant bien ce que tu allais bien pouvoir faire de lui. Mais plus tard, tu étais fatiguée. Le lendemain, l'on te retrouva dans ton lit, toute sale avec des vêtements déchirés, et un petit oiseau jaune tout aussi épuisé sur ta tête. Après avoir tant vécu, tu décidas donc de le garder avec toi-- de toute manière, il ne te laissait, pour le coup, pas trop le choix. Plum ce sera, donc. Il semblait être d'accord.

Tu fus privée de sortie pour le restant du voyage, ça va de soi. Mais bon. Apparemment, la couleur de ton piaf rendait la chose moins grave, apparemment. Qui sait.

C'est depuis cet événement que tout a dérapé pour la petite demoiselle ennuyée que tu étais. Tu cherchais toujours ce même danger qui t'avais poussé à rencontrer Plum. Qui avais donné vie à la carapace que tu étais. La vie enfermée, la vie chouchoutée, la vie surprotégée... plus jamais. Arrivée dans l'adolescence, tu devins encore pire. Mauvaises fréquentations, vols, toutes sortes de choses. Tu abandonnas ta famille sans dire le moindre mot, (de toute manière ta relation avec eux n'avait jamais été aussi mauvaise, tu les évitais tellement qu'ils ne savaient probablement même plus que tu étais là de base), pour rejoindre la team skull. Une vraie famille. Soudée, et surtout, pleine de choses excitantes, loin de l'ennui. Des crimes. Des vols. Du danger. Parfait pour toi, ça, Kalei.

Tu es moins riche, et c'est moins facile, parfois ça pue, parfois c'est moins confortable, mais bon. Une banque, ça a beaucoup d'argent, vous savez. C'est juste une question de temps.

C'est là que t'as rencontré Calya, une jeune demoiselle tellement chaotique qu'elle te redonnerait vie presque à elle seule. Vous étiez toujours ensembles, dans la team skull, vite devenues aussi soudées que la mâchoire inférieure et supérieure d'un crâne. Avec de la colle entre les dents. Bah ouais car sinon ça bouge, c'est pas très soudé ça.

Puis l'avenir vous a ensuite menées vers d'autres horizons, à Calya et à toi: plus précisément, des horizons qui s'appellent "La team skull n'est plus" et "on va se casser, c'est de la merde". Et votre dernière horizon vous a donc menées vers Netovia, où vous avez par la suite rencontré Kalak, le premier membre de votre nouvelle team de... gens classes, la Team BlingBling. Tu nettoies derrière eux, brouilles les pistes et cache les traces. Tu aimes le danger, mais t'es plus douée pour faire genre que t'aimes pas le danger qu'eux, donc t'es quand même contente et eux évitent les ennuis. C'est gagnant-gagnant. Sauf pour les banques.

Mais le plus important, c'est les amis qu'on s'est fait en chemin... non ?