Le soir tombé, le soleil qui les quitte, c'est sans aucun doute le moment préféré de la journée pour la championne: Le temps est plus frais, le vent lui souffle les cheveux, mais la tranquillité n'a pas de prix, paisible baie à ses heures perdues. La baie des lovdiscs est un si bel endroit, si seulement il n'y avait pas tous ces couples en permanence qui se mangent le visage en public, même après les tragédies de Noël. Sérieusement. Ils pourraient au moins aller dans un coin plus tranquille, quand même, c'est gênant... mais bon, ils sont quand même moins pires que les paparazzis et tous ces fans qui arrêtent de respirer dès que leur regard croise une chevelure rose, c'en est ridicule. Elle n'a honnêtement pas de temps, ni volonté, à perdre avec eux. Le soir, c'est heureusement beaucoup moins rempli, la vue est moins belle quand on ne la voit pas, forcément, et elle a bien fait attention d'aller s'installer dans un coin tout particulièrement peu peuplé. Son petit coin de la baie.

Ça va de soi. Elle n'est après tout pas là pour admirer la vue, ni même pour aller bécoter un amour qui n'existe pas, mais bien entendu pour aller chercher un pokémon, un Lanturn, qui est visible même la nuit avec ses petites bouboules de lumière. Pas de bol, elle ne croise aucun pokémon comparé à la veille, sans compter les siens, qui ne comptent évidemment pas. Dommage, ce n'est pas son soir... elle perd un peu espoir de trouver LE Lanturn qu'elle recherche. Ça doit faire longtemps, non? Sans doute.

Mais elle n'a aucune notion du temps. C'est compliqué.

« Pas de Lanturn pour la dernière soirée... dommage. »

Les néons de son grand Newel brillent fort tels une lanterne, éclairant l'eau de reflets roses et bleutés et éclairant le sable sous ses pieds. S'il est visible à des kilomètres et que presque tout le monde le connait, elle est quand même ravie que, pour l'instant, personne ne soit venue l'importuner dans son petit coin de la baie. Elle reste discrète, au cas où, bercée par le son des vagues et des mouvements du pokémon en lévitation, qui lui, observe dans toutes les directions.

Si sa championne n'est pas toute là, il faut bien quelqu'un pour surveiller, après tout... ce qu'elle ne remarque pas, c'est qu'il se tourne d'ailleurs en une direction, fixe. A-t-il remarqué quelque chose ?

Si la demoiselle au loin s'amuse comme une enfant, l'immense Ohmassacre, lui, s'associerait plutôt à un parent protecteur de sa championne, flottant à ses côtés comme un garde surveillerait sa reine. Une reine qui reste droite malgré les pensées en vagues violentes qui menacent de faire couler son bateau. Droite certes, mais il va de soi que l'immense poisson en lévitation à ses côtés est bien plus qu'un pilier, son plus féroce allié. Son regard a bel et bien vu la jeune demoiselle au loin, il a l'habitude que Freyja se fasse observer de tous les côtés par tous ces gens et leurs appareils photos, et franchement, il n'a aucunement l'envie de laisser ça passer ce soir. Pas maintenant. Il sait très bien qu'elle n'est pas en état pour gérer ça.

Il n'est peut-être pas un humain, mais il a parfaitement conscience des états de Freyja. Il n'est pas dupe et bien moins con qu'il en a l'air avec sa tête de poisson. Même si ce serait facile de croire le contraire, honnêtement. C'est de famille. Oups.

Une patte se dépose sur l'épaule de la jeune femme, qui tourne alors son regard pour le poser sur son compagnon. Elle pose sa main sur la patte, un léger sourire qui se dessine sur son visage, c'est un beau moment qu'elle partage avec lui mine de rien, même si elle est bien loin de se douter de ce qui se passe en fond... pour l'instant. D'un léger mouvement de tête, il l'invite à observer dans une direction en particulier avant de lui-même s'y déplacer. Comme une nage en plein air, il s'approche. Peut-être pas hyper rapidement, peut-être pas d'une manière volontairement menaçante, mais sa taille immense n'est sans doute pas rassurante non plus... surtout qu'il n'a pas l'air hyper content.

« Y s'passe quoi, Wel ? »

Malgré le fait que le soleil n'est pas au top de sa performance, elle voit très bien la silhouette de la jeune femme au loin, ce qui la rend perplexe. Ah. C'est elle que Newel a vu? Sûrement. Il se dirige droit sur elle, en tout cas-- ce qui pousse la championne à le suivre, sait-on jamais. Elle a pas trop envie de voir des gens ce soir, mais bon. Vaut mieux en avoir le coeur net. Lorsqu'elle arrive, Newel sort-of grogne en pointant l'appareil photo de sa grosse patte, comme pour communiquer son mécontentement avec elle. Ah. Une paparazzi? Ça explique. Relou, putain. Par contre, Freyja doute, un peu. Généralement y sont... eh, plus subtils que ça? Elle était legit juste là en train de vibe. Y'a mieux comme cachettes.

« Ah. Ça explique. Sortie photos, mademoiselle ? »

Elle croise les bras, trop fatiguée pour se frustrer autant qu'elle le voudrait, surtout qu'à part sa magnifique robe typiquement vacances, elle est, disons... pas dans le mood d'être photogénique. Son look actuel de semi-cadavre ambulant ne lui permettrait pas de l'être de toute façon. Ah, elle est belle et elle le sait, ce n'est pas le problème-- fatiguée ou pas Freyja reste Freyja. Elle est sortie, quand même, elle allait pas ne RIEN faire non plus pour cacher ses problèmes et ressembler un minimum à quelque chose, alerte. Mais bon. Ça change pas le fait qu'elle est pas au mieux.

Les explications de la jeune demoiselle calment un peu la championne, pour le coup, qui se détend un peu plus d’un léger soupir. Si la championne électrique est souvent connue comme étant une jeune femme fort sympathique, elle-même ressent jusqu’au plus profond de son âme que c’est pas, ou plus, le cas, ce qui la frustre énormément. Elle n’est pas là pour faire peur aux gens… c’est un peuple qu’elle doit défendre, et clairement, cette petite semble seulement être une touriste. Elle passe une main sur ses prunelles de la fatigue, découragée. Ressaisis-toi, Freyja, putain. T’es plus en hiver. Même si pour le coup, elle a des doutes là-dessus. Elle n’est plus sortie depuis longtemps, elle est seule, et franchement c’est pas très cool. Ça change un caractère et une perception du monde tout ça. Et ça la fait vraiment chier. Elle pose la main sur son Ohmassacre pour caresser d’un bref mouvement sa peau de poisson toute douce pour l’inviter à se calmer les nerfs.

« Calmes-toi Newi’. C’est une touriste… pas une paparazzi. Désolée. Ça doit pas sonner hyper modeste quand j’y pense, eh…  »

En tout cas, la championne en est absolument persuadée. Elle a pas l’air du coin, mais alors pas du tout. Elle n’a l’air de ni connaître Newel, ni la championne, d’où son commentaire sur le look inhabituel du grand Ohmassacre. Ce qui est totalement vrai. Son look néon est unique dans le monde, même Freyja sait pas trop d’où il sort. C’est donc un minimum logique pour quelqu’un de l’extérieur qui n’a pas le contexte derrière de vouloir le prendre en photo. As they should, il est sacrément beau Newel. Newel qui se calme, d’ailleurs, reprenant ses mouvements légers dans les airs, mais restant quand même sur ses gardes. Sait-on jamais.

« Ouais, il est unique. C’pour ça qu’on est un peu réticents avec les photos d’puis… bon, d’puis la Saint-Cadoizo quoi. »

Elle aurait préféré ne pas avoir à sortir, clairement c’est dangereux d’être dehors, surtout toute seule en tant que championne avec ces bâtards de boréals encore en liberté, mais le manque a parlé à la place de sa raison. Il lui fallait trouver ce lanturn, à tout prix. L’amour rend aveugle? Non, l’amour donne visiblement une nonchalance face au danger. Ou alors c’est la fatigue qui tue la paranoïa. Va savoir.

« Non, c’est plutôt moi qui est désolée d’t’avoir fait peur mad’moiselle. J’suis là pour protéger les gens, pas les effrayer… j’suis la champ’ électrique, ici. Freyja, enchantée. Disons qu’avec c’qui s’est passé, on sait plus trop qui est une menace et qui n’l’est pas… et avec les paparazzis à chaque coin d’rue, ça rend fou. »

T’façon ça sert à rien de se cacher, une simple recherche internet à propos d’un ohmassacre rose et c’est trouvé. Puis si c’est une menace, tkt, y’a Newel à côté qui surveille. Attentivement.

Soit c’est quelqu’un qui a déjà vécu l’effet paparazzi, soit c’est quelqu’un avec un minimum d’empathie. Dans tous les cas, peu importe, la championne n’en a un peu rien à faire de l’histoire derrière-- de toute façon, ça ne la concerne pas. Elle est seulement bien contente de tomber sur quelqu’un qui semble comprendre les pourquois des comments c’est compliqué de sortir quand ta tête est un minimum connue du public et à quel point ces bâtards sont relous. Elle hoche la tête. Disons qu’elle s’en passerait, et de loin. Si elle apprécie le public et la population Netovienne, disons que tous ceux dont le métier c’est de prendre des photos à l’insu des gens peuvent tous aller dans le bain avec leur grille-pain. Branché. Pendant un orage.

« Oh, n’en parlons pas, j’en aurais pour des heures ! J’te jure… »

Seuls les légendaires électriques peuvent bien savoir à quel point ce sujet la rend profondément salée, surtout maintenant. Si elle a toujours aimé l’attention, elle n’a après tout franchement rien à cacher, elle est tout particulièrement discrète depuis l’attentat. Sa beauté naturelle voilée par sa profonde fatigue et tout ce qui lui hante le cœur, ça ne lui donne pas un très beau teint, en plus de ses cheveux dont elle néglige la teinture depuis que tout est arrivé. Si ça lui donne un look chocolat-fraise qui serait délicieux comme parfum de glace, elle n’a rien d’une glace et ce n’est donc pas très esthétique. Au moins, la jeune femme ne semble pas s’en soucier pour le moment, et fort heureusement. Elle ne saurait pas trop quoi dire, de toute façon, comme excuse débile pour tenter d’expliquer pourquoi elle ressemble à une meuf qui s’en va auditionner pour jouer dans un éventuel film de zombie à petit budget. (De l’exagération ? Totalement.)

En plus de ne pas lui rappeler qu’elle ressemble à une étudiante en fin de session qui respire du café, elle semble polie, la jeune dame, fort sympathique. Ça dérange donc un peu moins Freyja d’avoir des interactions sociales. Un peu. Faut pas déconner non plus. Victoria, donc. Joli prénom.

« De même, Victoria… et lui, c’est Newel. Il est gentil, juste… protecteur. Faut pas t’inquiéter pour ça… et, euh, ouais, un peu. Disons que j’ai connu de meilleurs jours pour les photos. »

Qu’elle dit, mots accompagnés d’un rire nerveux. Enfin, si elle a à s’inquiéter, elle s’inquiètera. Mais si elle est aussi sympathique qu’elle le prétend, il ne devrait pas avoir de problème. L’ohmassacre reste sur ses gardes, mais il est calmé, flottant paisiblement tout près de Freyja, à observer les alentours d’un œil vif. Tout ça ne va pas l’empêcher de faire le guet, ah ça non. Ce serait mal le connaître.

« Tant mieux, honnêtement. Je ne souhaite pas ça à qui que ce soit de vivre un truc comme c’qui s’est passé à la Saint-Cadoi’... horrible. Mais bref... il a un nom ton p'tit osselait, là ? L'est trognon comme tout. »

Sauf à ceux qui l’ont causée, évidemment. Mais ça, c’est pas tip top de le dire à voix haute à une meuf que tu ne connais pas. Donc il vaut mieux changer de sujet. Et un p'tit osselait c'est parfait pour changer de sujet. 

Rapaces, rapaces… ah ça, Freyja n’arriverait pas à dire le contraire même si elle le voulait. Ils suivent le moindre mouvement de leurs proies pour les piquer à leur plus bas, les étouffant comme des prédateurs pour leurs potins faux et insignifiants qui font baver les médias jusqu'à ce que la proie se meure comme une bête déshydratée sous la chaleur d’un désert. Ils se délectent de la souffrance qu’ils créent eux-mêmes comme s’ils n’étaient point de véritables martyres. Quels connards. Heureusement que toute sa fandom n'est pas comme ça; y’a des gens hyper adorables et sympas dedans. Mais malheureusement, la minorité qui gueule, bah elle gueule fort.

Les gens sympas ne viennent pas t’apporter des cookies et des peluches bisounours à chaque semaine, mais les paparazzis lâchent la grappe d’absolument personne. Enfin, ceux à Freyja apprennent bien vite l’existence de Newel. Et des autres… mais y se reproduisent aussi vite qu’un métamorph en pension, c’est l’enfer.

« Ah, ça… y’a des gens qui disent que c’est l’prix à payer pour être célèbre, riche ou whatever. Qu’ils se voient, eux, avec des stalkers collés au cul qui déforment tout c’qu’ils disent… y fermeraient leur gueule bien assez vite et ce peu importe leur métier. »

Peu importe les sous qu’elle peut bien gagner, elle payerait fort pour un minimum de tranquillité. Certes, elle est un véritable appât à attention quand elle va bien, elle aime être sous le feu des projecteurs, mais y’a des moments pour tout. Et là, c’est typiquement le genre de moments où ça ne l’est vraiment pas. Où elle préfèrerait s’enterrer et ne jamais remonter à la surface. Mais hélas, elle a bien trop de choses à accomplir pour se le permettre.

« Ça prouve qu’il tient à toi, à sa manière… y’a quelques mois, j’aurais dis de faire gaffe, pour pas qu’il associe tout le monde à une menace, car au final c’est juste une immense source de stress pour rien… mais j’t’avoue qu’avec c’qui se passe, on est jamais trop prudent. »

Disons que ce serait assez malhonnête de sa part de lui dire de faire confiance à autrui, alors qu’elle est la première à paniquer à chaque personne dont elle ne connaît pas la bouille, l’arbre généalogique en entier ainsi qu’une bibliographie approuvée par Dialga lui-même. Légère exagération. Au moins, ce petit Jack a une bouille mignonne qui met en confiance. Il a l’air tout heureux des compliments, ce qui fait doucement sourire la championne. Mah, il n’est pas électrique, mais il n’est pas moins tout mignon. Elle le prend dans ses bras, ce qui lui permet donc de le voir de plus près, lui et le… crâne de sa maman ? Le pokédex ça détruit une perspective, damn.

Elle se penche un peu pour être au niveau du petit osselait, pour lui prendre tout doucement sa p'tite patoune et ainsi déposer ses lèvres dessus comme la parfaite gentleman qu’elle est avec les petits pokémons adorables. Ça va de soi. Eh, qui a dit que la galanterie n'existait plus ? Que nenni.

« Enchantée, Jack. Je m’appelle Freyja. Je suis très contente que tu sois si gentil avec moi, ça me touche beaucoup, tu sais ? »

Enfin, normalement elle n’en fait pas autant, mais c’est sûrement la fatigue et le “Il n’aime personne d’habitude” qui lui donne un boost d’égo considérable dont elle avait grandement besoin dans un moment comme ça. Va savoir. Elle se redresse bien vite, cependant, s’éloignant un peu, les bulles personnelles des gens ne sont pas à percer trop souvent. C’est pas très cool.

« Heureusement qu’y’a l’air d’avoir personne ici ce soir, la baie des lovdiscs, c’est un coin dangereux pour discuter, les rumeurs d’amants et les ships sans queues ni tête ça part souvent d’ici, j’te raconte même pas… »

Elle n'a pas eu besoin de venir ici pour être shippée avec des gens, mais elle n'a pas trop envie de rajouter la demoiselle à sa liste. C’est très malsain. Son regard s’assombrit, pourtant. Les gens s’imaginent tellement de trucs dans sa vie personnelle et romantique, alors qu’elle n’a jamais été plus loin que quoique ce soit arrive de son existence en entier. Rien ne se passe et rien ne se passera, nul doute là-dessus.