C'est compliqué. Tout est compliqué. Si le peu de personnes qui l'entourent depuis tout ça, car elle n'a clairement aucune notion du temps, lui disent de se calmer, de se reposer, l'information ne se capte pas très bien au fond de son crâne. Véritable autopilote de workaholism malsain, dès qu'elle arrête de travailler, elle ne fait que recommencer, sur autre chose. Work and work again, le corps est convaincu que c'est la bonne chose à faire de s'occuper... et la tête ? Disons simplement qu'elle utilise toute son énergie à se garder debout.

Tout le monde qui entoure Freyja assez longtemps connaît très bien son pattern: Elle ne peux pas ne rien faire. Elle doit toujours se tenir occupée, même lorsque tout va bien.

Son corps bouge de lui-même, elle oublie, elle tombe, elle réessaie. Si elle essaie à chaque instant qu'elle peux de reprendre des forces, sa culpabilité la pousse à toujours en faire plus. Pourquoi ne pas travailler quand il le faut ? La paranoïa, la solitude qu'elle s'inflige à elle-même, elle se sent incapable de faire autrement, toute seule à naviguer son propre bateau, à porter chaque chapeau, jouer chaque rôle.

C'est à moitié endormie sur son bureau à faire un croquis de ce qu'elle veux pour son nouveau projet personnel, AKA son repos du moment. Car oui, bosser sur quelque chose qui n'a rien à avoir avec les attentats, c'est son repos. Évidemment. Mais même ses batteries à moitié vide lui font défauts, donc elle refait la même ligne over and over again avec le crayon-- elle se surprend souvent à fixer ces temps-ci. Opale est sur ses cuisses, à faire des sons. Pouic, pouic. Ses autres pokémons l'entourent aussi, ils vivent leur vie, à jouer dehors dans la cours arrière la plupart du temps, elle est sensible aux sons... un peu trop.

Le dernier pouic a été sacrément fort d'ailleurs... et celui là aussi. Sauf que ça sonne pas comme des pouics? C'est donc pas des pouics. Sûrement? Fait du sens. Elle lève la tête, cligne des yeux, analyse le son, tend le bras pour agripper son téléphone caché sous d'autres feuilles de papier éparpillées sur son bureau... ah, et par terre. Il était tombé. Typical.

Bah oui, tiens. Ses soupçons sont bien vite confirmés, elle est pas aussi zombie qu'elle en a l'air, juste un peu. Une notif. Elle croyait avoir tout coupé, pourtant... enfin, elle croit. Sa mémoire a du mal ces derniers temps. L'écran lui illumine le visage, lui fait plisser les yeux- putain de lumino-

...

... C'est Kai ? C'est Kai. Pendant un instant, elle n'y croit pas. Après, c'est peut-être parce que son cerveau tourne à deux à l'heure. Totalement bouche-bée, comme si le temps venait officiellement d'prendre ses valises et partir lui aussi.

C'est écrit Kai. Photo de Kai. Et très certainement écriture typiquement Kai. C'est une blague? C'est une hallucination? Non mais pincez-la quelqu'un, elle disjoncte. Ça fait des mois qu'il a été arraché, pour ne pas dire carrément kidnapper le mec est un ADULTE et maman papa croient encore avoir le droit d'le ramener à Alolamachin comme des putain d'bâtards, et là... bah il est juste... là? Là là là? Son téléphone lui glisse des mains. Fuck. Elle le reprend, puis répond. Ça aurait pris moins de temps normalement mais les touches veulent juste pas coopérer.

C'est dans des moments comme ça qu'elle se réveillerait normalement. Mais elle se réveille pas. Il répond à son tour. Toc. Toc toc. Les messages continuent d'arriver, ça semble pas être du mytho. Mais faut qu'elle en aille le coeur net. Il dit qu'il s'en vient. Là, chez elle, pour de vrai. Elle met Opale sur son épaule, le coeur battant d'anticipation, se faufilant entre son désordre pour sortir dehors, pas trop loin de son entrée quand même (même si fort heureusement elle vit dans un coin plutôt tranquille de North' niveau voisinnage), le regard agité qui cherche frénétiquement ce qu'elle a perdu. Ça fait des mois qu'elle a pas vu son meilleur pote et là c'est le peu d'espoir qu'elle a. Espoir de quoi? Espoir. Tout court. Juste un peu de bien à quelque part, ça fait longtemps.

Chaque voiture qui passe lui brise autant ses espoirs fatigués que son impatience. Kai, t'es dans quelle voiture, putain? Celle-là? Ou celle-là? Celle-là peut-être? Elle s'assoit devant sa porte d'entrée, les pouics pouics du flingouste dans ses oreilles. Lui aussi il attend, hein? C'est sûrement ça. Ou il est juste content d'être dehors car elle a rien dit du tout. Oups.

Si seulement elle n'avait pas titubé à la vue de la voiture, se levant trop vite pour ce que sa tête bien vite étourdie peut apparemment gérer, elle aurait sûrement été beaucoup plus vite dans ses mouvements et réflexes pour le rejoindre, celui qu'elle voit enfin depuis de bien trop longs mois, pour l'enlacer comme si elle n'avait jamais eu l'occasion de le faire auparavant. C'est réel. C'est réel, putain, Freyja, t'as vu ça? Oh oui, ça elle a vu. Mais la gravité- et sa fatigue mais ne lui dites pas- aura eu raison d'elle, c'est pourquoi il est arrivé bien avant elle.

Heureusement, les idées qu'ils partagent sont fort similaires, ce qui facilite sa volonté. Enfin, elle n'avait pas préparé un quelconque collier de fleurs... mais l'immense sourire qui se dessine sur ses joues et la chaleur qui l'envahit lui disent que ce n'est pas important. Elle le serre, le serre d'une force qu'elle ne pensait pas encore avoir, comme si il allait disparaître à chaque instant, à nouveau. Pas qu'elle allait laisser ça arriver.

« Alola mon p'tit sucre... »

Si son ton de voix n'est pas le plus énergique, du moins pas comme le sien, il est doux comme le miel alors qu'elle blottit sa tête dans son épaule. Si Freyja aime la solitude, elle ne réalise jamais à quel point elle est touch-starved que lorsque la présence humaine lui revient... surtout celle d'une personne aussi près de son coeur qui lui a été arrachée bien trop longtemps par de vils individus. Mais comme dit, elle n'allait plus laisser ça arriver, alors qu'elle prend bien son temps pour s'assurer qu'elle ne se réveillera pas au beau milieu de leur conversation.

Il la tourne dans les airs, ce qui la surprend un peu, disons que toute cette énergie lui est peu familière depuis quelques temps-- mais elle rit, au moins un peu, tout doucement, c'est le plus important. Ça lui fait du bien.

« Et toi donc... t'as même pas idée. »

Elle attaque ses joues de baisers, en retour. Elle veux pas tant le lâcher, mais alors pas du tout, mais rester dehors aussi longtemps ne lui plaît plus autant, disons qu'elle n'a pas le look approprié pour les photos de ces débiles qui s'amusent à capturer toute sa vie.

« ... On devrait rentrer. On discutera à l'intérieur, veux-tu ? »

Un soupir lui échappe des lèvres, déjà bien plus à l'aise qu'à l'extérieur. Bon, c'est dans un désordre monstre et c'est assez embarrassant, mais c'est Kai donc au fond ce n'est qu'un peu grave, depuis le temps qu'il la connait il a déjà vu ses désordres, surtout lorsqu'elle est dans son mood de travail permanent. Bon, ça n'a jamais été aussi pire que ça, mais eh, y'a eu un attentat, disons que le contexte n'est pas le même.

« J'ai pas envie qu'on se fasse déranger, moi non plus... ça fait trop longtemps et j'ai pas de temps à perdre avec eux. Je veux rien louper... »

Il lui a tellement manqué lui aussi. Son énergie, sa bonne humeur, même si c'est beaucoup pour elle d'un seul coup ça lui fait tellement de bien. Même si pour le coup, Freyja n'est pas stupide malgré son état, elle se doute que ce n'est sûrement pas que ça. Du peu qu'elle connait la famille de Kai qu'elle n'apprécie pas tout particulièrement déjà en partant, si il est parti... voilà. Disons simplement qu'elle le sent pas, tout comme quand elle-même est partie de chez sa mère.

Une sorte d'instinct... mais elle saura quand il faudra qu'elle sache, elle ne va pas le presser, il ne mérite pas ça. Pas maintenant. Jamais.

« Toi aussi tu m'as manqué... y'a pas une journée où j'ai pas pensé à toi depuis qu't'es parti. »

On pourrait presque penser que c'est une légère exagération, mais pas du tout. Par amour comme par inquiétude, elle s'est fait un sang d'encre pour lui depuis qu'il est retourné là-bas. J'ai déjà dis qu'elle aimait pas du tout sa famille? Disons que ça la mettait tout sauf à l'aise. Mais peu importe. Elle rit avec lui et est noyée sous l'affection, qu'elle lui rend en le prenant à nouveau dans ses bras, l'un autour de son dos, l'autre qui se lève pour que, d'un mouvement régulier, elle passe ses doigts entre ses cheveux.

« Eh bien... disons que depuis Noël, je me tiens occupée. Je ne pourrais faire autrement, je ne peux pas les laisser causer encore plus de mal en sachant désormais ce qu'ils sont capables de faire... je les ferai payer, tous les uns après les autres. Ce n'est qu'une question de temps. »

Elle grince des dents, ça lui laisse encore un goût amer dans la bouche. Cette gamine... et tous les autres comme elle... elle n'oubliera jamais.

« Je suis aussi en train de faire un croquis pour avoir une piscine dans le sous-sol. Avec le nouvel ami dans mon équipe, c'est une nécessité... je suis là-dessus quand je ne m'occupe pas du reste, ça me change les idées. »

Bah quoi, si ce n'est pas du travail, c'est du repos, non ? Elle aime bien se dire que c'est le cas, même si son corps et son mental ne sont pas du tout du même avis, et elle le sait. Déni? Totalement.

Cacher? Oh, elle n'a rien à cacher, du moins, pas à propos de ce qu'elle croit entendre entre les lignes. Enfin, croire, même elle n'est pas assez fatiguée pour en perdre ses sens. Pour se cacher, il faudrait qu'elle calcule ses actions, qu'elle se retienne, qu'elle s'enferme comme elle le fait avec bien d'autres choses. Pourtant, elle se laisse porter au gré des vagues comme bon lui semble au creux des bras du champion aquatique. Elle n'a jamais été une demoiselle des mots, se contentant de bouger au rythme de son cœur qui bat, elle n'a pourtant pas l'impression d'être discrète pour autant. Ça n'a jamais été son but, en tout cas.

Elle n'est seulement pas le type de personne qui va courir après ce genre de choses, leur amitié a toujours eu des notes d'ambigüité ne lui donnant pas pendant longtemps la volonté immédiate d'officialiser quoique ce soit, confortable et déjà pleine d'affection. Rien ne sert de courir, ce qui doit être dit remontera toujours à la surface en temps et lieu... et puis, l'ambigu n'a pas que du bon. La frontière est souvent aussi mince que floue.

S'il a fallu des mois d'absence et une tragédie pour qu'elle ait l'occasion de se perdre au fond de ses yeux comme dans toutes les bonnes fins digne de ce nom de dating sims, eh bien qu'il en soit ainsi. Si elle est presque capable de dire qu'elle voudrait que ce moment ne termine jamais, cette phrase a beaucoup trop été utilisée et elle en a marre.

« Te cacher quelque chose ? Ce sont de graves accusations, monsieur Anoa'i... où sont les preuves que je suis en train de te cacher quoique ce soit ? »

Il la lâche finalement, dommage, pour aller rejoindre le canapé, le sujet tourne alors bien vite à l'attentat. Son regard s'assombrit, rejoignant le sol. Elle secoue la tête. Non. Non, elle n'en a pas fait assez. Ce qu'elle pouvait n'a pas aidé. Ce qu'elle pouvait lui a juste prouvé ses propres faiblesses, ses lacunes, ses failles. Il faut qu'elle en fasse plus.

« Non, c'était pas suffisant. C'que j'ai pu... c'que j'ai pu m'a juste montré à quel point être championne suffit pas. Faut que je me dépasse, je peux pas m'en tenir à ce que je suis. Faut pas que j'laisse tomber les gens d'mon pays... je ne compte pas les laisser s'en sortir comme ça, non. »

La fin de sa phrase est limite marmonnée, comme si elle venait de tomber dans la lune, à fixer le sol d'un air aussi vide que résolu. La question qu'il pose ensuite la sort pourtant de sa bulle, elle cligne des yeux et repose son regard sur lui. Un loupio? Ah, non, pas tout à fait.

« Eh bien... disons qu'à la base, je suis allée à la baie des lovdiscs pour un loupio, oui. Mais mes plans ont légèrement changé de direction. »

Elle passe ses doigts sur sa capuche, cachée sous ses cheveux, capuche qui bouge jusqu'à laisser s'échapper des pinces et un petit visage de flingouste endormi qui s'y était glissé un peu avant l'arrivée de Kainalu pour se protéger et accessoirement faire une petite sieste bien méritée. Il se réveille pourtant bien vite à la vue du Gamblast. Woah ! Si grand !

« C'est Opale, c'est de lui dont je t'ai parlé dans ma lettre... il a été tellement gentil avec moi dès que je l'ai rencontré que je me suis résolue de lui donner la plus belle vie possible même à Northera, d'où la piscine dans le sous-sol. Il est pas hyper à l'aise dehors, ici, donc bon, on s'adapte. »

Dit-elle en allant s'asseoir aux côtés de Kai sur le canapé, déposant le petit flingouste sur ses cuisses. Il fait des petits POUIC POUIC tout mimis tout gentils avec ses pinces pour saluer Kai, d'ailleurs. Adorable? Totalement.

C'est fort compliqué d'alterner entre ses tentatives d'exprimer ce qu'elle ressent pour son humain préféré et la culpabilité qui lui écrase la poitrine, elle ne le dira jamais assez. Nul doute que tout ce qui s'est passé en ce long temps d'absence l'aura convaincue qu'elle n'a plus envie d'attendre, de se contenter de l'ambiguïté qui a longtemps plané entre elle et lui. La proximité, les mots échangés... non vraiment, pour elle, c'est la suite logique des choses. Elle ne peux pas le laisser filer entre ses doigts... elle a déjà bien trop de regrets.

Elle efface l'espace entre eux, se faufilant à ses côtés, lovant sa tête contre son épaule, un sourire aux lèvres.

« Mmh? C'est une invitation à un rendez-vous, monsieur Anoa'i? C'est intéressant comme proposition... »

La fameuse baie des lovdiscs. C'est rare d'inviter qui que ce soit en ces lieux de manière platonique. Si l'idée des baisers passionnés devant tout le monde ne lui plaît qu'à moitié, eh, de soir à l'abri des regards? C'est de suite plus tentant. Et si romantique! ... Ah, peut-être qu'elle y va un peu vite? Peut-être.

« Oui, un flingouste ! Il m'a fait penser à toi, je n'ai pas pu lutter. J'ai aussi vu un lovdisc juste après lui, mais il n'est pas resté très longtemps... »

Ce n'est pas très grave fort heureusement, elle préfère de loin en croiser un avec Kai lui-même. C'est beaucoup plus significatif, et elle adore l'idée.
Elle adore cependant beaucoup moins la surprise de celui-ci en rapport à sa lettre. Son visage se décompose alors qu'elle lève la tête en sa direction. Attend, il n'a pas reçu sa lettre? Il n'a donc jamais eu de réponse...? C'est peut-être la fatigue et la discussion d'avant, mais la culpabilité l'envahit de nouveau, l'impression gigantesque de l'avoir laissé tout seul et abandonné qui prend le dessus sur sa raison. Son regard change en surprise, profonde anxiété. Pourquoi? Pourquoi ne l'a-t-il jamais reçu? Était-ce parce qu'elle a oublié d'envoyer la lettre? Pourtant, elle est certaine de l'avoir envoyée... mais elle sait si bien que sa mémoire lui joue des tours depuis quelques temps, ce qui amplifie et amplifie cette impression... il a tellement du se sentir seul.

« Mais, mais oui... je... je suis certaine de l'avoir envoyée... j'en suis certaine... je... je comprend pas... »

Elle marmonne, l'épuisement lui donnant l'impression que c'est une véritable catastrophe et que d'une manière où d'une autre, c'est forcément de sa faute. Elle tend les mains pour encercler le visage de Kai, les joues qui rougissent, la moue qui tremble et les yeux qui débordent.

« J-J-J'suis tellement désolée Kai... t'as... t'as jamais eu ma réponse... ? Mais je... je sais que je l'ai envoyée... mais... mais tu... tu étais tout seul... »

Elle radote, se perd dans ses propres mots. Clairement ce n'est pas si grave et c'est juste son état qui la rend ô combien hypersensible, mais l'imaginer en train d'attendre une réponse qui n'est jamais venue lui brise le cœur. Comment c'est arrivé, Freyja? Elle le sait pas. Mais c'est forcément de sa faute à quelque part. Du moins c'est ce que sa tête épuisée s'amuse à lui dire.

« J-Je... je suis désolée, je sais pas c'qui m'arrive ces derniers temps... »

Qu'elle dit en reniflant, passant une main sous ses yeux pour tenter de camoufler son hypersensibilité flagrante et les larmes qui tombent, dont elle nie totalement les raisons, qu'elle enferme au fond du placard dans sa tête pour ne pas avoir à les confronter. Elle va bien, se dit-elle, sachant très bien que ce n'est pas le cas-- les cernes ne mentent pas. Si l'attention qu'il lui porte est agréable et le geste adorable, elle n'est pas certaine de se comprendre elle-même. Sérieusement, il vient de revenir et elle, elle pleure? Peu importe les raisons, c'est pas très typique de la fun-Frey sans peurs ni faiblesses. Elle a juste l'impression d'être dépaysée dans ses propres chaussettes, alors qu'il mérite juste de belles choses, pas ses émotions qui partent dans tous les sens. C'est frustrant.

Elle apprécie tout de même qu'on s'occupe d'elle, à quelque part. C'est con dit comme ça, mais ça lui manquait, ça aussi, donc elle profite de l'instant de plus dans les bras de Kai malgré ses frustrations. Elle ne s'est jamais vue comme ça, donc lui encore moins, c'est nouveau dans tous les sens. Enfin, il a toujours été attentionné, là n'est pas la question. Tout comme ses histoires de ne pas s'inquiéter, ça c'est non, monsieur.

« O-Oui, tu as raison, pardon. On pourra y aller quand tu veux, avec plaisir... mais... je suis pas d'accord, Kai. M'inquiéter pour toi ça vient avec tout le reste dans l'abonnement, j'peux pas m'en débarrasser, tu vois. Tu peux pas me demander ça... »

L'abonnement? Mais quel abonnement? Rien d'important pour la voix off, apparemment. Elle aurait pu utiliser un terme plus approprié, mais son cerveau a du mal présentement. Abonnement ce sera, donc. L'idée, c'est que tout vient ensemble dans cette dite chose et qu'il ne pourra rien y faire, rien ne sera séparé. Peu importe. C'est pas faux ce qu'elle dit et c'est le plus important: Lui demander de ne pas s'inquiéter c'est comme lui demander de ne pas l'aimer, pourquoi on voudrait qu'ça arrive? Voilà. On veux pas.

Elle sait bien qu'il essaie de l'amuser, le bel amour. Elle le sait. Ça lui brise le coeur de ne pas avoir l'énergie de lui rendre comme il se doit. Oh, elle fait de son mieux, mais c'est clairement pas pareil qu'à l'habitude, elle est la première à s'en rendre compte. Elle plonge à nouveau son regard dans le sien, quand il la questionne encore-- des lettres d'amour, heh? Ça aurait clairement été beaucoup plus intéressant une lettre d'amour enflammée, mais hélas...

« Ne t'inquiètes pas, je me rattraperai... je n'ai jamais été douée en écriture de toute façon. Pour être honnête, je... je crois avoir surtout parlé d'à quel point tu me manquais. C'est le pire type de bizarre quand t'es pas là. »

En réalité, c'était une lettre assez typique avec bien peu de choses qu'il ne sait pas actuellement: Elle n'aurait jamais osé écrire quoique ce soit vis-à-vis de ses sentiments amoureux dans une lettre, surtout pas à ce moment là. À quoi bon? Elle ne savait même pas quand elle allait le revoir, si la famille allait ne serait-ce la laisser approcher de toute manière, ni même allait le laisser repartir un jour... loin d'elle l'envie de devenir une tragédie et de lui faire de la peine en lui racontant les peut-êtres d'un amour trop tard.

Heureusement, il n'est plus question du temps ni même de distance, quasi-inexistante en cet instant précis. Puis, à bien y penser, même si aucune déclaration n'a été posée sur le papier, c'est avec amour que l'encre a parlé. N'était-ce pas une sorte de lettre d'amour, en somme? Peut-être bien. Elle ne saura jamais.

Si elle était entièrement honnête, ce qu'elle n'est pour l'instant même pas capable d'admettre elle-même, elle dirait sans l'ombre d'un doute que cette Freyja joyeuse est restée en hiver. Depuis son retour, l'hiver forge ses journées, ce qu'elle y fait, les cauchemars de la veille, son état de santé, ses humeurs, un véritable cercle vicieux qui ne s'arrête pas et qui l'enferme en son centre. Pourtant, elle sait bien que ça ne devrait pas être comme ça, elle ne peux pas se permettre de se laisser abattre alors qu'eux vivent encore en dormant comme des bébés la nuit. Il faut qu'elle soit forte, alors pourquoi ne l'est-elle pas ? Pourquoi a-t-il fallu que ses blessures ne se ferment pas ?

Elle ne lui a jamais raconté tout ce qu'elle a vu, tout ce qui s'est passé là-bas. Elle n'en a jamais eu l'occasion, même si elle avait voulu. C'est pourquoi sourire est si compliqué, depuis ce temps. Parfois, elle a limite l'impression d'avoir perdu la capacité de le faire naturellement, malgré les nombreuses tentatives de ses pokémons de l'aider. S'ils sont parfois vainqueurs, ce n'est que de courte durée; l'hiver la rattrape.

Mais elle sourit, au moins un peu, une tentative de lui faire plaisir comme elle le peut. Il ne sera sûrement pas très convainquant, elle en a bien peur, mais s'il veux un sourire... c'est la moindre des choses.

« Désolée Kai, je sais que je ne ne suis pas dans le meilleur des états... juste, c'est pas de ta faute, j'espère que tu le sais ? Ton retour, ta présence, c'est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis des mois. Ne l'oublie pas. Tu m'as terriblement manqué toi aussi... mais c'est pas toi qui a décidé de partir.  »

Si son absence n'a en effet pas aidé à la chute considérable de son état, if anything, c'est la faute de ses connards de parents et pas de la sienne. Sérieux, c'est limite un kidnapping. Il a 25 ans, putain, laissez-le tranquille ! Ça la dépasse. Elle hoche la tête à ce qu'il dit.

« Oui, je comprend ça... t'es un soleil, Kai, ça faisait bizarre de pas voir où je marchais. »

Un peu de poésie, Freyja? L'ambiance ça en fait, des choses. C'est totalement de sa propre faute si elle s'est isolée, ça va de soi, mais en comparaison à sa solitude plus simple, ermitage loin de tous pour travailler en paix... du peu qu'elle en sait des minutes passées dans les bras du soleil, c'est qu'il y fait beaucoup moins froid qu'en hiver. Elle lui sourit à nouveau, tout doucement-- mais cette fois-ci, personne ne lui a demandé, doux sourire qui décore ses prunelles à deux doigts de s'enflammer.

« Tu penses avoir le droit de partir ? »

Passant une main derrière son cou, elle s'élance elle aussi, permettant au baiser de se rencontrer à mi-chemin. Si c'est un peu awkward au départ car elle n'a aucune idée de ce qu'elle fait- c'est son premier, vous savez?- ce n'est qu'une question de temps, elle apprend vite. Et puis honnêtement? C'est présentement pas très important. Ce n'est clairement pas ça qui lui tourne en écho au fond de son crâne.

Ah bah oui elle est cheesy, elle a passé des années à s'entrainer dans les dating sims qu'elle a joué-- c'est débile mais ayant pendant très longtemps eu très peu d'interactions avec d'autres gens que sa mère, elle n'a que très récemment commencé à apprécier les joies des relations interpersonnelles. Si pendant son adolescence elle a été approchée par quelques personnes intéressées, elle se souvient qu'ils ont bien vite abandonné l'affaire avec son emploi du temps rempli jusqu'au plafond. Freyja aura longtemps été cette crush de loin qui ne mène nul part, puis bon, elle avait pas beaucoup de potes, ça aidait pas non plus à son cas. Elle se verrait mal passer sa vie avec quelqu'un avec qui elle a pas partagé de l'amitié avant de toute façon. Les amours d'adolescent c'est pas très convainquant. Elle veux du vrai, du concret, qui va, elle l'espère, durer longtemps.

Freyja c'est pas une meuf jalouse, elle se doute bien qu'il a eu d'autres gens dans sa vie avant elle-- et c'est parfait comme ça. Au moins y'en a un des deux qui sait ce qu'il fait et qui pourra la guider un peu. Les dating sims c'est cheesy mais ça s'arrête au premier baiser dans beaucoup de cas. Là, c'est à peine le début-- vous vous en rendez compte? Elle, elle sait pas trop, actuellement. Laissez-la être sur son nuage et elle réfléchira plus tard.

Elle aussi, elle est rouge comme un voltorbe, donc ça va, vasy pour le shojo. C'est peut-être un mélange d'embarras et le feeling d'être sur un nuage, mais elle se sent déjà plus réveillée. Pour l'instant. Elle sourit à sa blague, un léger rire lui échappant des lèvres, spontané. C'est bien la magie de Kai, ce sont ses premiers depuis longtemps.

« Tu m'étonnes... on va mettre le feu à nos réseaux sociaux. Mais... pas maintenant. Pas aujourd'hui. J'ai pas envie. »

Si ça aide à son état actuellement, sa santé est quand même pas au top et c'est pas le temps de tout gâcher avec des débiles qui vont autant les cancel que les encourager comme ils les ont toujours shippé. Elle se sent bien, mais elle ne va quand même pas bien. Nuance. Véritable dodoala contre sa bûche, elle a l'impression d'être dans le plaid le plus confortable du monde et bonne chance pour qu'elle bouge de là actuellement. C'est mort.

« Ouais, bah j'les aurais défoncé et tu serais jamais parti. On m'enlève pas mon copain, t'es marrant toi... »

Bon, elle était encore à l'hôpital quand il est parti donc clairement désavantagée, mais osef de tout ça. Elle les aurait défoncé. DÉFONCÉ, QU'ELLE DIT. Ça fait drôle de dire copain pourtant, non, Freyja? Un peu, quand même. Elle s'est un peu surprise elle-même à le dire à voix haute, ngl. Faut encore qu'elle s'habitue.

Elle se doute qu'ils ne le sont pas, elle s'en doute très fort. Pourtant, c'est une évidence au fond de son crâne, écrit dans les nuages à côté d'elle: Bah ouais, et? Raison de plus pour qu'il ne soit pas tout seul contre eux, nah? Pour elle, ça fait du sens, même si elle déteste dire ça comme ça, car il n'a jamais été tout seul: L'amitié c'est du love aussi, elle ne le dira jamais assez. Ça fait juste plus officiel elle suppose, ils sont pas ensemble juste pour se bécoter chez les lovdiscs, faut travailler ensemble et se supporter, aussi. Enfin, ils l'ont toujours fait en tant que meilleurs potes, juste que maintenant ils auront beaucoup plus d'occasions de le faire (et que les baisers passionnés chez les lovdiscs c'était pas une option, avant). Forcément le fait de vivre ensemble va changer quelques détails.

« C'pour ça qu'on est une équipe, non? Qu'ils soient nuls ou pas, t'es pas tout seul, mon p'tit sucre. Tu l'as jamais été... et crois-moi que même Arceus serait pas capable de changer ça. »

Puis comme les shojos et les shonens le disent si bien, le pouvoir de l'amour et de l'amitié sont les trucs les plus puissants du monde et c'est scientifiquement prouvé que l'on ne peut pas les sous-estimer par la loi des animés(tm). Dans un sens, si c'est évidemment exagéré pour le scénario, ce n'est pas totalement faux: Ils sont d'excellents motivateurs. Ça ne la fera jamais tirer des lasers magiques du fond de ses yeux, mais au moins ça donne l'énergie de toujours vouloir en faire plus, de se surpasser, pour aider l'être aimé. C'est beau dit comme ça.

Elle sait pas trop quoi répondre à sa question. Déjà parce qu'elle s'est isolée et que du coup elle n'acceptait rien d'autre que les nouvelles de la plus haute importance, mais... mais exactement la même chose sauf qu'il faut rajouter à ça qu'elle a vraiment pas envie qu'il soit déçu et qu'il s'inquiète. Car elle sait qu'il va le faire, forcément son état en dit déjà beaucoup sur ses dernières activités du moment. Entre ses repas oubliés et son sommeil négligé, bon, voilà, elle a vu de meilleurs jours. Un léger rire nerveux s'échappe alors qu'elle se blottit davantage.

« Je te dirais bien ce que j'ai fais de mon temps et les raisons pourquoi je ne sais pas grand chose à part les grandes lignes, mais j'ai bien peur que tu t'en doutes déjà... »

Rien ne sert de lui cacher, elle ne le sous-estime pas et sait très bien qu'il n'est pas stupide. Il la connait, après tout. Même si clairement le contexte n'était pas le même, il n'est pas sans savoir qu'une Freyja qui va mal est une Freyja qui a tendance à s'isoler dans son boulot pour oublier. C'est pas sain du tout, mais comme elle en a eu l'expérience aujourd'hui, ses émotions qui partent dans tous les sens c'est pas très cool et elle aime pas trop les partager. C'est pas très fun.

« ... Maiiis, rassures-toi, je suis quand même sortie ! ... Quelques fois. Je ne sais juste pas trop quoi te dire à part qu'il n'y a pas eu d'autres attaques et que la priorité du moment c'est reconstruire et protéger. Oh, vrai, j'ai une pichu et un magnéti, maintenant, aussi. Ils sont sûrement en train de jouer dehors avec les autres... »

Ce qu'elle ne dira pas c'est que certaines de ses sorties ont été parce que des gens qui s'inquiétaient, et ce même son livreur???, l'ont fortement encouragée dans cette direction parce qu'elle avait, et a toujours d'ailleurs, un peu l'air d'un cadavre ambulant, mais ça ce n'est qu'un détail.

S'il lui avait seulement tiré la joue et réprimandé sur son état actuel, son petit cœur aurait supporté. Elle accepte qu'il soit déçu de son comportement, il ne serait pas le seul à l'être pendant ses temps d'isolement qui se transforment en période d'examens de fin d'année permanente avec l'anxiété et le sommeil remplacé par la caféine en grande quantité. Elle se souvient des crises que sa mère lui faisait, donc elle a l'habitude d'associer ses propres méthodes de protection à des réactions négatives d'autrui- même si clairement, Kai est ô combien plus doux. Mais ce à quoi elle ne s'attendait pas, c'est bien qu'il se mette tout ça sur le dos. Enfin.

Ce qui la fait profondément chier, c'est qu'elle s'en doutait. Même si elle n'aurait pas dû s'en douter. Car ça ne devrait pas arriver. Elle fronce les sourcils, alors qu'elle prend doucement les doigts sur sa joue, passant les siens tout autour pour l'éloigner, mais ne la lâchant pas alors que l'autre se pose sur sa joue, d'un mouvement rapide, accompagnée d'un baiser beaucoup moins awkward que le premier- j'avais dis qu'elle apprend vite, alors qu'il était encore en train de parler.

Pas assez long pour en perdre le souffle, mais juste assez pour qu'il comprenne ce qu'elle essaie de lui exprimer, entre l'amour et le désespéré- s'il te plaît ne t'en veux pas. Elle n'avait pas envie d'entendre le reste... tout comme elle ne voulait pas que lui-même l'entende. Lorsqu'elle le lâche, elle ne reste pas bien loin, son pouce se baladant sur sa joue, son regard ne quittant pas le sien.

« Arrête. S'il te plaît. Tes lettres m'ont apporté bien plus de soutien que tu peux bien le penser... c'est pas de ta faute si j'ai été messed up par un attentat. Ça m'donnait l'impression qu't'étais là, derrière moi, peu importe où t'es dans l'monde... et crois-moi, c'est dans des moments comme ça où j'ai le plus besoin qu'on me le rappelle. »

Elle le laisse se lever et se balader un peu partout, alors qu'elle reste sur le canapé. Sa maison n'est pas immense, quand on y pense- le sentiment que c'est plus petit que ça en a l'air est clairement amplifié par le fait que c'est un véritable désordre quasiment partout, sauf dans son atelier où c'est clean au possible. Elle aurait sûrement choisi beaucoup plus petit si elle n'avait pas eu ses pokémons avec elle, mais elle veux qu'ils vivent confortablement. Leur coin à eux dans la maison, en plus de l'atelier, est d'ailleurs l'un des seuls qui est propre et bien rangé-- elle s'en occupe bien, malgré les circonstances. Elle ne se pardonnerait pas de les négliger comme elle le fait avec elle-même.

Des photos des trois encadrées un peu partout, de ses pokémons, et s'il observe bien comme il faut, il pourra d'ailleurs voir ses fameuses lettres sur sa table de nuit, à côté de son lit. Quand l'hiver la rattrape dans son subconscient, ça fait du bien de se rappeler qu'elle est pas toute seule.

« Si ça peux te rassurer, j'ai pas été utile et j'étais en plein dedans... personne l'a vu venir. »

Elle l'écoute pour le reste et pose sa main sur son épaule dès qu'il s'assoit.

« Et, oui, ça va de soi, ce sera plus facile pour toi d'être à Frima'. Je suis avec toi, mon cœur. J'vais t'aider pour t'installer à Frimaria, et on ira ensemble te chercher des coéquipiers, d'accord ? Juste... une chose à la fois, tu viens à peine d'arriver. As-tu besoin de quelque chose, d'ailleurs ? Soif, faim, dodo ? J'suis une putain d'mauvaise hôte, j'suis désolée, eh... »

Elle se gratte la tête. Elle avait oublié le fait qu'il venait à peine de revenir dans le pays, le pauvre doit être épuisé. Ou affamé. Ou elle sait pas trop, en vrai, mais il doit sûrement être quelque chose, si ce n'est l'incarnation du parfait- bah quoi ? Elle a personne à qui s'en vanter pour le moment, donc autant se servir de la voix off, pas vrai ?

Est-ce qu'elle a vraiment fait ça? Dans un sens, elle est franchement heureuse qu'il ne l'ait pas mentionné, car sinon elle aurait fondu dans le plancher comme les demoiselles de shojo qui pensent 1/4 de seconde à leur crush. Ne pas trop réfléchir, Freyja, ne pas trop réfléchir. Ses braincells sont particulièrement douées à cette activité, heureusement, en ce moment. Son auto-pilote a trop joué aux dating sims faut croire-- mais est-ce étonnant? Pas vraiment. Elle espère juste que son message a passé. Sinon ce serait quand même vraiment dommage, faudrait qu'elle recommence. Hehe. Au moins, à défaut de n'avoir aucune braincell, c'est peut-être les baisers ou le love qu'ils partagent, mais son coeur est assez réveillé pour la réveiller un peu aussi. Ce n'est que temporaire. Mais là, elle a faim. Bah ouais, oublier de manger en permanence c'est ce que ça donne généralement.

« Bah non... t'es chez toi. T'es juste revenu chez toi. »

Elle se reblottit comme un dodoala, elle préfère. Elle a honnêtement aucune idée si c'est l'heure de manger mais elle a certainement pas beaucoup mangé dans les derniers temps donc ce ne serait pas une si mauvaise idée de s'y mettre, éventuellement. Quoique, eh, sortir? Elle est pas forcément convaincue.

« T'es sûr que tu veux sortir mon p'tit sucre ? Y va sûrement avoir masse gens... et tu sais c'que ça donne avec les gens. »

Fuck les gens. Juste fuck les gens. Paparazzis, fans obsédés, elle sait pas si elle est dans le mood pour ça et pour combien de temps les battements de son cœur vont réussir à la garder éveillée, ou garder son calme. Bonne question.  Mais il soulève un bon point. La douche. Oui, la douche, elle devrait aussi. Disons qu'elle oublie beaucoup de choses ces derniers temps. Elle a pas l'impression que sa dernière date d'il y a si longtemps, mais elle-même sait que sa propre notion du temps n'est pas très efficace.

« Mais go ahead, tu peux utiliser la douche, t'es chez toi, t'as même pas besoin de demander. Je vais devoir aller en prendre une aussi t'façon... ça et me préparer, tout ça tout ça. »

Car clairement ça doit faire elle-sait-pas-combien-de-temps qu'elle est dans son pyjama. C'était un pyjama à la base? Elle sait plus trop mais c'est presque pareil à ce point. Puis, il vaut mieux qu'elle ressemble à quelque chose s'il faut qu'ils sortent, autant ne pas ENCORE PLUS attirer l'attention des gens, déjà que son bel amour vient à peine de revenir. Elle a pas envie de leur attention présentement. C'est pas le moment. Elle veux juste une paire d'yeux sur elle, bien précise, actuellement. Et pas une autre.

Elle hésite un peu, mitigée. D’un côté, sortir avec Kai, ça fait longtemps et ce sont toujours des moments qu’elle chérit au fond de son cœur tant ils s’amusent ensemble, et un premier date est une idée tout particulièrement intéressante, ça va de soi. Mais de l’autre… eh, si Kai est toujours le plus beau et l’a toujours été, Freyja n’est pas particulièrement certaine de ce que lui dirait son miroir magique en cet instant bien précis à part “va te coucher”. Mais au fond, elle savait sûrement déjà d’avance que hésiter ne lui mènerait à aucune réelle réflexion, elle ne voudrait pas lui faire de la peine alors qu’il vient à peine d’arriver. Et puis, un peu d’air frais lui fera du bien.

« Oui… j’en ai envie, aussi. Ça fait longtemps… on va s’faire mitrailler par les yeux lasers, mon coeur. J’pense qu’à quelque part c’est mieux ça que de commencer directement chez les lovdiscs, sinon on va s’faire harceler à la plage, franchement c’est pas très tentant. »

Si elle n’est pas tout particulièrement tentée de voir des gens, ni même dans l’état de les gérer, elle s’imagine déjà d’avance la satisfaction que vont lui procurer les looks de laser cette fois-ci. Si avant elle en blaguait en trollant, là ? Elle va blaguer en trollant tout en sachant très bien que cette fois-ci, bah les lasers du ship vont toucher droit dans le mile et qu’elle n’en aura rien à foutre. Vous l’aurez pas bande de loosers, KESSTUVAFER ? Te plaindre sur twitter ? Ouais ouais, amuses-toi.

Si elle est d’abord un brin bouche-bée par la proposition cachée derrière son air amusé, ce qui n’est qu’en réalité le temps de chargement avant de comprendre ce qu’il a dit, c’est un sourire amusé bien similaire qui se glisse sur le visage de la demoiselle. Quoi, il s’attendait peut-être à ce qu’elle soit gênée ? Que nenni.

« Bien sûr, je te suis. Si tu prends trois heures dans la douche, ce qui est un temps considérable, ne serait-il pas mieux de bien rentabiliser notre temps ? »

Elle blague, bien sûr. Somewhat. Difficile à dire, mais elle se doute très fortement que s’il prend réellement trois heures, il va sûrement la retrouver endormie sur le canapé, donc elle blague *somewhat*. C’est généralement bien peu pratique pour sortir. Puis, jokes on him de croire que ça ne va pas lui prendre trois heures aussi… Il faut qu’elle cache tous ses problèmes des derniers mois, ce n'est pas évident en dix minutes. Si elle n'a pas l'air embarrassée, faut laisser le temps de chargement agir, là encore. Et puis elle blague encore. Bien sûr.

Ses pokémons sortis, ceux de Freyja reviennent de l’intérieur, intrigués par tout le bruit qu’il se passe dans la maison. D’anciens amis se retrouvent, se présentent aux nouveaux, comme la pichu et le magnéti, et tout semble bien aller. C’est beau d’être tous ensemble à la maison.

« Bah écoute, on s’inquiètera quand ils auront des doigts, mon sucre. Sinon au pire les miens pourront les surveiller, no problem. »

Dit-elle en se dirigeant vers la salle de bain, amusée. Par Zekrom, l’amour lui donne vraiment un côté taquin, hehehe. Dans la baignoire se trouve le loupio qui s’amuse avec ses bateaux et ses couanetons en plastique, alors que la douche est libre. Elle observe le loupio un instant, en pleine réflexion. Il vient à peine de revenir… voudrait-il un loupio ? Elle lui chuchote tout d’abord à l’oreille, à son petit, comme quoi son nouveau papa humain aurait très bien besoin de sa force dans son équipe. Petit loupio est évidemment ravi. Un champion eau, c’est classe. Et il a bien raison.

« … Mon amouuuurr ? Tu as mentionné que tu voulais te chercher des pokémons pour ton équipe… un loupio ça te dit ? »

Dit-elle avec son habituel ton de voix de “j’ai eu une EXCELLENTE IDÉE.” Car c’est le cas. Il a mentionné vouloir se chercher des pokémons pour son équipe, et un loupio capturée par elle-même avec amour et fierté serait quand même un très bon ajout à son équipe. Du moins, elle le croit.

« Oh, c’est pas un problème… j’ai jamais eu de notion du temps to begin with. »

Clin d'œil clin d'œil. Donc osef, un peu. Le plus important c’est qu’elle ne s’endorme pas sur le canapé toute seule comme une débile alors qu’ils sont techniquement en train de se préparer pour aller à un rendez-vous. Vous vous en rendez compte ? Dormir au lieu d’aller à son premier rendez-vous ? C’est non ça monsieur. C’est con dit comme ça et la situation est on ne peut plus tendancieuse quand elle y pense, mais ça fait tellement longtemps qu’elle ne l’a pas vu, qu’elle a passé du temps avec lui et qu’elle se sent aussi bien qu’elle n’a envie de rien louper. Au moins elle pourra être certaine qu’elle va être réveillée pour les trois prochaines années. Donc bon, l’intention est bien plus innocente qu’elle n’y paraît.

Sa réaction l’a fait rire, en tout cas. Amusante, Freyja? Apparemment. Bon, c’est sans doute plutôt hors personnage, bien qu’elle s’en fiche un peu, elle vit pour surprendre et détruire les attentes initiales de toute façon. Même si clairement leur relation a toujours été très très ambiguë quand elle y pense. Maintenant que tout est honnête entre eux deux, elle ne se prive pas. Bon, ça a pris quand même beaucoup de temps avant de ne serait-ce réaliser ce qui se passe et tout l’amour invisible qui volait déjà dans l’air, amour qui lui aura d’ailleurs écrasé le dos pendant de longs mois d’absence, mais soit. Freyja préfère être certaine d’où elle s’en va, si le chemin qu’elle prend est le bon; et son absence l'a convaincue.

Et Freyja ne fait jamais les choses à moitié quand elle part dans la direction qu’elle souhaite après un brainstorm qui lui a prouvé que c’était la bonne chose à faire.

« À vrai dire… »

Elle prend la pokéball sur le côté pour le remettre à l’intérieur, après avoir eu son approbation, fixant son reflet dans la surface rouge. T’façon elle a pas envie d’être observée par un loupio de baignoire après ça. Nah mais oh.

« En quelque sorte, oui… mais il y a plus que ça. J’ai entendu dire qu’un lanturn aux airs déprimés se baladait parfois à la baie des lovdiscs. Sûrement abandonné. J’ai capturé ce loupio car il a été très gentil avec moi, et oui en effet j’en veux un dans mon équipe, mais… mais je veux trouver ce lanturn. Je n’ai pas envie qu’il reste seul, donc... »

C’est ta mission. Il le faut. Tu sais ce que ça fait d’être seule de toute façon, n’est-ce pas Freyja ? Évidemment qu’elle sait. Ça fait mal. Et aucun pokémon ne mérite ça.