Résumé:

C’est vraiment la faute à pas de chance son histoire. Tout commence en 1991, le pauvre Lucky n’a jamais connu ses parents. Né sous X, il est abandonné par sa mère à l’instant même où elle a accouché, il grandit dans le manque affectif. Rien ne remplaçait la chaleur d’une vraie mère, il n’a cessé de pleurer, c’était un gamin qui passait son temps à brailler pour tout et pour rien. Tout petit il n’avait pas froid aux yeux, il faisait tout de suite comprendre ses besoins et il était sacrément insupportable.

Lucky, c’est à ses trois ans qu’il est enfin adopté. Personne n’a voulu d’un enfant comme lui jusque-là, et franchement, ça ne l’a pas profondément marqué ; à son âge, ses souvenirs étaient encore flous et bercés par des rêves et des cauchemars. Serrant les mains de ses nouveaux parents, il a quitté l’orphelinat avec eux pour aller au beau milieu de la campagne. Là-bas, il n’y avait pas de grosses usines, pas de fumée qui sortait de grosses machines, non, il n’y avait que des Tauros, des Écrémeuh et des Rattata. Et même s’il s’est montré curieux au début, il y avait toujours cette lueur de chagrin dans ses yeux, comme s’il manquait en permanence de quelque chose.

Il a quand même appris à aimer se rouler dans la boue, marcher dans la bouse d’Écrémeuh, bref, faire plein de bêtises et surtout s’épanouir au milieu de nulle part. On l’a éduqué pour qu’il soit gentil, agréable, mais Lucky avait déjà un sacré caractère bien à lui. Ses parents appréciaient son petit côté rebelle, mais il fallait souvent le réprimander pour qu’il arrête de courir partout.

C’est deux ans plus tard que Lucky n’a pas eu de chance ou presque. Il se plaignait de plein de petites choses, et quand ses parents l’ont emmené pour voir ce qu’il avait, il a été diagnostiqué d’une leucémie. Immédiatement pris en charge avant que ça ne dégénère, il aura passé six longs mois loin de tout, loin des amis et surtout loin de cette belle campagne ; il n’avait pas vraiment le droit de sortir, il était toujours en train de subir un traitement lourd et difficile. Il a eu beaucoup de mal à récupérer, il était toujours fatigué, et surtout, ses parents s’inquiétaient de son état. Ils avaient peur que leur enfant les quitte aussi tôt dans sa petite vie. Heureusement, Lucky avait plus de chance qu’on le pensait. Il s’en est sorti, il a pu faiblement commencer à reprendre une vie normale. Il était quand même sacrément triste d’avoir perdu ses cheveux, mais bon, ça allait repousser.

Un an plus tard, la belle famille allait s’agrandir. Ses parents avaient craqué pour un petit pokémon tout gentil et tout mignon, un Skitty de canapé qui allait probablement faire sourire Lucky et lui rendre la pêche. Sauf que ça n’a pas du tout matché entre le petit garçon et le pokémon. Il en était terrifié, et il ne lui a même pas laissé le privilège de l’approcher ou d’apprendre à le connaître. Ses parents pensaient qu’il allait lui falloir un peu de temps pour s’habituer à la présence du pokémon. Et il fallait aussi que ce dernier s’acclimate à sa nouvelle maison. Ses parents n’ont donc cessé de s’occuper de lui pour qu’il ne manque de rien.

Et ça a fait bouillir Lucky qui se sentait sacrément mis de côté. Son temps d’attention avait été divisé par deux à cause de cette créature des enfers. Il était un véritable rival aux yeux de l’enfant jaloux de la petite créature rose. Lucky venait à peine de sortir d’un lourd traitement, et voilà comment on essayait de le réconforter ? Ce n’était pas comme ça qu’il voulait qu’on lui fasse oublier ces mois d’hôpital.

Et puis ce Skitty s’en prenait aux Rattata de la maison.

Lucky a laissé un an passer. Un an à ruminer des soucis, des ennuis, un an à jalouser et se renfermer sur lui-même. Un an à le fuir, avant qu’il se demande pourquoi il faisait ça. Il était beaucoup plus grand et fort que lui, pourquoi en avait-il si peur ?

Alors il a craqué, il a pris son courage à deux mains, il s’est laissé approcher par le Skitty. Il était laissé sans surveillance, doucement il est allé lui caresser la tête, puis il l’a emmené dans la salle de bain. Il a fait couler son bain comme tous les jours ou presque, il a fermé la porte et il est resté longtemps avec le petit Skitty. Il a ronronné, il a même miaulé, ça aurait pu faire fondre le cœur de n’importe qui mais pas celui de Lucky qui le regardait simplement avec dégoût. Puis il l’a porté avec lui, mais il n’est pas rentré dans le bain. Lucky l’a plongé dedans, puis il a fait en sorte qu’il y reste. Les minutes passent, Lucky ne lâche rien, et il attend assez longtemps pour s’assurer qu’il ne respire plus, avant d’arrêter et d’aller voir ses parents convaincu qu’il avait fait la bonne chose.

Bien sûr, quand ses parents l’ont appris, ils l’ont tout de suite grondé. Ils lui rabâchaient qu’il ne fallait pas faire ça, qu’il a tué une vie innocente, qu’il lui a fait du mal. Ils étaient dévastés, et Lucky a pleuré uniquement parce qu’il se faisait engueuler. Il ne voulait pas les écouter, et ses parents l’ont emmené voir un pédopsychiatre. Devant lui il a dit qu’il n’a pas fait exprès, mais à son âge il avait tout à fait conscience de la souffrance des pokémons. Il a dû être suivi un long moment avant d’être lâché. Et ses parents ont mis longtemps avant de pouvoir faire le deuil de leur petit pokémon.

Ils ne l’ont d’ailleurs jamais vraiment fait, se vengeant de la mort du Skitty en grondant sans cesse et en se montrant secs envers lui. Surveillé et surtout malmené, ils lui ont mené la vie dure alors qu’il pensait que l’histoire était bien derrière tout le monde. Deux ans plus tard, ils ont ramené un autre pokémon et Lucky savait que ça allait être un enfer pour lui. Ses notes étaient en chute libre et il faisait comprendre à ses parents qu’il n’aimait pas un tel traitement. Il en devenait invivable, plus insupportable mais ses parents semblaient s’en foutre royalement.


Et ce calvaire a duré trois ans avant qu’on ne découvre le cadre très toxique où Lucky vivait. Retiré rapidement à ses parents, il s’en est sorti avec bien des séquelles. Mais Lucky a toujours un battant, il a tenté de se reconstruire et il a donné l’impression d’avoir vite guéri. Mais il était toujours un peu malheureux, parce qu’on lui a quand même mis sur le dos la mort du petit Skitty sans faire le deuil.

Finalement replacé en famille d’accueil, il grandit beaucoup mieux traité et surtout beaucoup plus heureux. Les années passent et ses notes remontent, à dix-sept ans il pensait avoir enfin enterré ses pulsions du passé pour se concentrer sur autre chose. Ses examens, il les a réussis difficilement, mais il a réussi à quitter l’école fier d’avoir accompli quelque chose. Il s’est cherché un long moment, il a fouillé ici et là pour tenter de trouver ce qui lui plairait. Finalement, après avoir bien réfléchi, il s’est trouvé un projet d’avenir.

Il a donc entamé une formation pour pouvoir devenir agent de sécurité. Il a toujours aimé le sport, l’action et beaucoup d’autres choses. Et dans son école, il a pu se défouler pendant les cours en plus d’une option de sport. Il a donc fait tout ce qu’il pouvait pour pouvoir aller au bout de son nouveau rêve, rendant fier ses parents qui étaient ravis de voir qu’il avait laissé de côté son passé turbulent pour regarder vers l’avenir.

À la fin de sa formation, Lucky a passé un long moment sans emploi, un peu déprimé et surtout angoissé à l’idée de pleinement se lancer. Il met un peu de temps avant de finalement être embauché pour garder un centre commercial avec d’autres agents. Il y a fait de belles rencontres, même s’il n’est pas resté bien longtemps à cet endroit. Il voyait souvent ses collègues et maintenant amis en dehors du travail pour aller boire un coup en se racontant des histoires aussi bizarres qu’effrayantes, quand leur emploi du temps le leur permettait. En bref, il a bien kiffé sa vie, en continuant de s’entraîner tous les jours pour perfectionner son corps au cas où les choses tourneraient au vinaigre.

Mais garder un centre commercial, ça ne plaisait pas tant que ça à l’homme. Il a postulé ailleurs, un peu partout, et finalement, il a changé de boulot un an après, à ses vingt-quatre ans. Fuyant cet endroit vraiment trop flippant pour aller travailler dans l’aéroport de Netovia, il s’y est tout de suite senti mieux, et plus en contact avec les voyageurs qui lui demandaient parfois tout perdus ce qu’il fallait faire. C’est d’ailleurs là que tu as laissé ton numéro à une femme à l’air perdu pour pouvoir l’aider en cas de besoin.

Et puis un jour, hors du travail, il a dû sévir. Il a dû se laisser aller. Il est tombé un peu au mauvais endroit au mauvais moment ; il est tombé face à une personne qui comptait revendre une cargaison d’Arcko pour en faire on ne sait trop quoi. Et peut-être parce qu’il s’est souvenu que certains tuaient des pokémons juste par jalousie, il s’est mis en tête de se jeter dans la gueule du loup. Il ne supportait pas l’idée que des gens étaient capables de faire comme lui, de ne pas considérer les pokémons comme des êtres vivants. Il s’est donc occupé de la personne, avec la ferme intention de la laisser vivante. Mais en l’écoutant parler, se moquer de lui, il a senti quelque chose se réveiller au fond de lui. Il a donc cédé à la violence, il l’a frappé, encore et encore. Et presque satisfait de son acte, l’envie de recommencer était là mais il est vite ramené sur terre par les cris des Arcko. Il les a pris pour lui, il est rentré chez lui, il en a gardé un et il a donné les autres à des gens qui sauraient très bien s’occuper d’eux.

Deux ans plus tard, à ses vingt-sept ans, Lucky a fini par craquer. Il est allé sévir, cédant à ses pulsions en croisant un homme s’occupant d’exterminer des Rattata. C’était la chose de trop, lui qui aimait autant ces pokémons, il ne pouvait pas supporter qu’on leur fasse du mal. Il s’est énervé, il s’est agacé, ses envies réprimées depuis son enfance sont ressorties petit à petit et il a sombré petit à petit dans la folie. Il a été agressif, mauvais, mais finalement il n’a rien pu faire, repartant bredouille après avoir insulté l’homme de tous les noms.

Le temps est passé, et Lucky n’a pas su ravaler ses pulsions, se laissant emporter par ces dernières. Et il a commencé petit à petit en se prenant à des personnes ici et là quand il n’était pas occupé au travail, aidé par Reine, l’Arcko qu’il avait recueilli. Et pour se faire une sécurité, il a décidé de faire des recherches plus approfondies sur la team Boréal qui lui faisait de l'œil depuis quelque temps. Si au début il se fichait un peu de leurs objectifs, il a fini par les approuver et il n’a cessé de redoubler d’efforts pour les rejoindre.

Heureusement pour lui, Lucky avait un ami proche qu’il avait rencontré pendant sa mission au centre commercial qui l’avait repéré. Il s’est rapproché un peu plus de lui quand il a compris que Lucky cherchait coûte que coûte à se joindre dans les rangs de la team. Au début, c’était une conversation toute innocente, et finalement, voilà que l’homme s’est laissé embrigader. Il n’a pas rechigné au contraire, et voilà qu’il a été emmené jusqu’au glacier. On lui a expliqué quoi faire, et il a acquiescé en se lançant seul avec Reine à la recherche de l’autel.

C’était horrible, il a bien cru mourir plus d’une fois mais il s’accrochait à cette idée de pouvoir lier l’utile à l’agréable, en se servant de la team pour exprimer ses envies de violences tout en leur rendant service. Il est resté plus longtemps que prévu au beau milieu de nulle part, et finalement, le voilà qui arrive enfin devant l’autel. Il a longuement observé cet autel glacial. Mais il n’a pas douté un seul instant, son objectif était clair et précis. Offrant son sang au dragon légendaire, le pacte est scellé et le voilà initié à la vie en tant que membre de la team Boréal.

Un an plus tard, Lucky a bien grandi. Heureux de son choix, il s’est laissé aller à sa violence quotidienne sans se poser de question.