Champion. C'est un bien grand mot, Freyja. Un mot que tu remets en question depuis ce qui s'est passé au festival, un mot auquel t'apportes sûrement plus la même importance depuis que t'as réalisé à quel point tu sers à que dalle. T'es faible, Freyja. Tu l'as réalisé en étant incapable de battre ne serait-ce qu'une gamine. Une putain de gamine connasse que t'as pas réussi à choper. Elle est juste... partie.

Partie. Comme vous deux, tu me diras. La rancœur te ronge encore, ton amie est encore blessée. Et elle, elle est partie, comme si le monde lui appartenait. Oh, un jour, tu la retrouveras. Un jour, elle payera. Le karma frappera.

Tu marches, alerte. Alerte à tout, en même temps de n'être alerte à rien. Dans ta tête, mais les pieds cloués sur terre. Tu dois devenir plus forte. Tu ne dois pas rester à ton niveau, sans quoi ton peuple payera le prix. Tu ne devrais pas rester seule, tu ne le sais que trop bien. Ton état d'esprit n'est pas optimal, tu dois bien l'admettre, mais tu ne peux te permettre de tenir compagnie à qui que ce soit. Tu n'es pas en état de voir des gens.

Newel est toujours avec toi, cependant. Il flotte à tes côtés, il s'inquiète. Il a bien raison, mais ça, tu ne l'admettras jamais. T'admettras pas que, les moments où ils dorment tous, tu passes des heures à chialer comme une gamine au fond de ta baignoire, les éclats de la douche qui t'écrasent la peau. Mais ça, il le sait. Il est pas con, Newie. Il pose la tête sur ton épaule, alors que tu marches sur la route 8, la mine bien basse. Tu lui caresses la tête, un peu absente, avant de te souvenir d'un détail que tu avais oublié.

« Oh, Newel, d'ailleurs. J'ai acheté ça pour toi. »

La pierre foudre brille sous le soleil, soleil insouciant du carnage qui s'est produit. Il est beau, comme la foudre dans tes mains.

« On peux pas les laisser s'en sortir comme ça, Newie. Faut devenir plus fort pour les empêcher de détruire notre peuple. »

Il hoche la tête, tournant autour de toi, prenant la pierre foudre entre ses dents, s'enveloppant de lumière alors qu'il continue de tourner et tourner, sa lumière t'enveloppant comme une transformation de magical girl-- mais t'as rien de magique, rien de puissant. Si seulement. Tu plisses les yeux, affaiblis depuis tout ton temps enfermée dans ta tour ou la maison, à préparer les défenses et la protection de ta ville au fil des journées sombres et nuits blanches. T'es sacrément amochée, comme l'ombre de toi-même. Mais tu n'as pas le temps d'attendre d'aller mieux.

Deux grosses pattes se posent sur ta tête, il est content, toujours à flotter, le magnifique Ohmassacre brillant de tous ses néons. Plus fort, plus grand... comme toujours, ton plus grand allié. Mais il vous en fallait plus pour gagner la guerre... et si tu es à une route où vivent de multiples oiseaux, tu n'es pas sans savoir que des pichus vivent ici.

Une évolution grandement méritée, c'est avec le coeur un tantinet plus léger que tu continues ton chemin. Même si léger, au fond, c'est un bien grand mot. Peut-être pas maintenant, peut-être jamais, mais tu iras mieux. Un peu de temps seule avec toi-même, des forces supplémentaires... avec ça, tout ira mieux. Tu n'as besoin de rien d'autre. Plus de force, afin de s'assurer que tout ça ne se reproduise plus jamais... et que cette gamine finisse sa vie à pourir au fond d'un précipice. Le karma finira par la rattraper tôt ou tard et il fera bien mal. Il n'aura aucune pitié pour une chose comme elle.

Mais tu préfères ne pas trop y penser. Elle ne mérite pas qu'on lui accorde la moindre attention.

Si tu es loin de la légèreté mentale, les oiseaux qui t'entourent en ces lieux ne semblent que très peu soucieux de tout ce qui s'est passé, comme si ce n'était jamais arrivé. Les nids, les chants, si tu n'en as vu aucun de près pour l'instant, tu entends toute la sereineté des alentours. Tu ne saurais dire si ça t'apaise ou si ça t'angoisse.

Le vent souffle, des mains se posent sur tes épaules, toutes petites et légères, portées par le vent... mais il reste bloqué là. Newel siffle, tu saurais dire si il rigole ou si il rigole mais de manière sarcastique. Tu peu que tu vois des mains en tournant la tête, ce sont des mains de... baudrive? C'est pas les pokémons qui kidnappent des enfants, ça? C'est p't'être pour ça que Newel rigole. Bah ouais, t'es lourde, t'es plus une gosse. Il a raté sa chance, too bad.

« Bah dis-donc, t'en as du culot. »

Étant gosse, ça aurait sûrement été mieux que d'là où tu viens, franchement mauvais timing, baudrive. Pas fort. Newel l'observe, en tout cas, tournant autour de vous, brillant de tous ses néons. Il le fixe du regard, le juge presque; il cherche à voir ce qu'il fera, après. Qui sait? Newel saura.

Quel culot, vraiment. Tu n'en reviens pas. Il pense qu'il peux juste te kidnapper comme ça? Il te fixe d'un regard de chacripan qui a fait une connerie, en plus. S'il te plaît Freyja, laisse-moi voler ton âme! Bah non. C'qu'il sait pas, c'est que la Freyja elle en a ras le cul de la vie et que son attitude est franchement pas hyper appréciée. D'un grognement ennuyé, tu lui prends les mains de sur tes épaules pour qu'il te lâche.

« T'es tombée sur la pire personne pour ça, sache-le. C'est pas l'moment. En plus, kidnapper? Sérieux? Tu t'rends compte que c'quand même vachement un move de connard? Vas trouver tes âmes ailleurs putain, t'as des tas d'élèves en études supérieures qui perdent les leurs sans l'moindre kidnapping. »

Le roi du néon en personne le fixe d'un oeil mauvais, lui grognant après en flottant autour de lui d'un air volontairement menaçant.

« Lui, c'est un pokémon électrique. J'te conseille de te casser avant qu'tu ne puisse voler qu'avec l'électricité statique. »

Il lui grogne après. Il est trop prêt de Freyja pour qu'il se sente à l'aise d'attaquer, mais de toute façon c'est qu'un ballon tout petit, c'est pas avec lui qu'il va monter niveau 100 et dominer le monde, clairement. Dominer Malte et leurs patates, peut-être. C'est un sacré p'tit pays, ça marche avec le p'tit ballon ridicule. Ou Sealand. Ouais, Sealand.

« Vivement le pichu que j'puisse me casser à mon tour...  »

C'lairement, c'est pas dans tes plans de rester longtemps. T'as un monde à sauver.

Il décide finalement de partir: Une bonne décision, sûrement la seule qu'il a prise de sa vie, ce putain de ballon. Newel flotte à tes côtés, sa grosse patte sur ton épaule. Bzzt. T'as presque pensé, pendant un instant, qu'il a jeté un éclair sur le baudrive qui part, pour le narguer bien comme il faut-- ce qui aurait été totalement son genre, tu en as parfaitement conscience. Cependant, tes oreilles te disent bien vite le contraire, alors que tu suis le regard de ton roi des néons vers une nouvelle présence à vos côtés.

Présence joyeuse, présence fière: Un bébé Pichu qui t'a visiblement sauvé la vie de cet effroyable ballon, si fort et si puissant. Ton regard s'adoucit, alors que tu te mets à genoux, pour être un peu plus près de sa si petite hauteur. Il semble si heureux, plein de vie, le type de bonheur enfantin typique des bébés pokémons. Être à genoux te permets de te reposer un peu, aussi, quand tu y penses. C'est moins haut.

« Merci beaucoup, Pichu. Tu m'as sauvé la vie. »

Enfin, pas vraiment, mais ce serait cruel de lui enlever tout le bonheur qu'il a. Tu lui souris, tout doucement, avant de tendre doucement la main vers lui, comme pour lui serrer la main, rencontre formelle. Enfin, en quelque sorte. Disons que cela fait tellement longtemps que tu n'es pas sortie qu'un peu de contact ça fait toujours plaisir.

« Je suis Freyja, la... » Tu marques une pause. « La championne électrique. Même si pour le coup... le champion ici c'est clairement toi. »

Terme avec lequel tu as beaucoup de mal depuis l'attentat. Comment peux-tu être championne en étant aussi... faible, au final? Tu n'as même pas pu prévoir, protéger, sauver ces vies tombées... c'en est insupportable. T'en dors plus, t'en vis plus. Et là, t'as ce petit être plein de bonne volonté, devant toi ? Tu es sous le charme, touchée.

« Tu m'as beaucoup impressionnée avec ta force et ton courage, je suis touchée. Netovia a grandement besoin de héros comme toi, surtout depuis quelques temps... que dirais-tu de nous rejoindre ? Je ne te force en rien, mais... je sens que toi, moi et toute mon équipe... »

Tu sors une belle pokéball rouge de ton sac pour lui montrer. Ta main tremble un peu, disons que tu as tenu des pokéballs plus stables dans ta vie. Nerveuse, Freyja? Non, pourtant. Enfin, t'en a pas l'impression.

« ... On pourra sauver tout le monde de tous les dangers. »

T'es loin d'être du genre à faire ça vite avec tes captures, mais tu sais pas. Tu le sens, le petit. Ou alors t'es juste embrouillée, ce qui est possible aussi, et qui alterne un brin ton jugement. Bah, il est chou, non? Oui. Ça au moins, tu sais. T'as pas bien dormi depuis des semaines, c'est la première fois que tu sors depuis les attentats, et franchement, t'as un peu la tête qui tourne. T'as mangé, récemment? Tu sais pas.