1983 — stanislas brejnev, premier enfant et unique fils d’une famille modeste. foyer cliché de la russie, profonde conservatrice. il voit le jour dans la périphérie de saint petersburg, tout comme sa sœur zsòka cinq ans plus tard. il est ce genre de gamin sage, un brin effacé, mais loin de la figure du bouc émissaire. bercé par l’idéal de папа qui lui inculque ce qu’est un vrai homme, il a appris la valeur de l'autorité de l’écrasement de l’autre. la dominance et la virilité, voyez-vous ?  

2000, 2002 — stan, c’est le fils absent, mais le fils idéal quand même. comment ? pour la raison de son absence. si le мальчик (malchik, “môme / gamin”) n’est pas là, c’est parce qu’il fait son service militaire. adolescent qui a quitté le nid a dix-sept ans pour ne quasiment jamais revenir. aussitôt engagé dans l’armée aérienne une fois le service passé. en compagnie d'un jeune skélénox ambitieux, offert en guise de félicitations. depuis, il est là sans l’être. avec un peu de chance, папа, мама et zsòzsò le verront à chaque noël. pour le reste, rien n’est jamais sûr. il en a raté combien ? des bougies de sa sœur ? des réunions de famille ? des bons moments ? il s’est presque toujours demandé comment la gosse de 12 ans qu’il a laissé derrière lui a fait pour ne jamais lui en vouloir bien longtemps. non, parce qu’il savait bien que la laisser seule avec les parents, c’était pas particulièrement un cadeau. parentalité très carrée. rude. entente souvent compliquée. gamine hors des codes et des cases, ça a toujours un peu fait parler. puis y’a lui aussi… il a pas beaucoup arrangé les choses, après...

2003 — "faut pas faire un enfant avec les personnes que tu connais pas bien, basique." 20 ans, garçon volage, comme bien des jeunes de son âge. c'est bien beau de coucher en soirée, d'être bourré, de pas se protéger... mais ça se retrouve avec une fille dont l'alcool avait effacé les traits du faciès dans la mémoire, là, sur le porche de la maison. un ventre de quelques mois bien ronds. un stanislasovitch dans les pattes, c'était pas prévu. il a l'air malin, le géniteur est sur le cul. il est jeune et con. il assume pas ses actes. père lâche. il a au moins l'obligeance de payer une pension à cette inconnue mise en cloque. argent pour un mioche qu'il n'a pas élevé ni vu grandir.

2013 — il déserte lors d'une mission. ses valeurs personnelles n'admettant pas la barbarie du raid aérien ordonné par l'état. alors que ses épaulettes, symboles d'une gradation au fil des échelons, se font arracher sous le regard de toute l'infanterie -plus haute forme de déshonneur militaire- on lui réquisitionne également son plus fidèle allié. maudit état communiste autoritaire où tout ce qui est à toi est aussi à moi, à nous. il est alors contraint à faire une croix sur son ami de toujours : noctunoir. ainsi que le reste de son équipe, dorénavant possession de l'armée aérienne soviétique. suite à cela, il est longtemps resté sans équipier pokémon personnel. ne voulant s'attacher à aucune créature qu'on pourrait lui arracher.
de fils idéal, il est devenu honte parentale. fuyant la russie tel un paria. une lettre laissée à destination de sa douce zsòka. valises posées à netovia. nouvelle vie, départ à zéro, qui lui tend les bras.

2016 — s'entiche d'une gueule de con digne de la sienne. couple qui n'en a pas l'allure. "couple", terme pas tout à fait apprécié en lui-même. relation de respect intense et mutuel où il n'est pas nécessaire de se répéter mille et un je t'aime. top ranger aussi aimable qu'un snubbull... paraît-il qu'ils se sont bien trouvés.
fait la rencontre de zarya.

janvier 2019 — il ne sait par quelles recherches -quoi qu'il est faisable de remonter les généalogies aisément aujourd'hui- le mioche, son mioche, l'a retrouvé ici. grand inconnu de quinze-seize ans avec qu'il partage des liens de sang. bagages en main. " salut, 'papa' " la mère est malade, ne pouvait plus s'en occuper. et puis même, il est grand maintenant, il peut se débrouiller. quoi qu'il en soit, le voilà à netovia. confrontant un géniteur aux abonnés absents à ses responsabilités subitement.

décembre 2020 — sept ans de service accordé à l'empire netovien. prise de grade à la chaîne. le voilà fraîchement promu capitaine de bataillon aérien. honneur lavé depuis ses hérésies militaires en russie.