Je reprends les rennes, maintenant !

J'ai eu une vie extrêmement tranquille, et donc pas grand chose d'intéressant à raconter. Néanmoins, je sais que le présent est une conséquence de choix faits dans le passé, et je vais essayer d'être le plus concis possible, car je n'aime pas trop parler :

J'ai grandi et fait mes études à Janusia, à Unys. Une ville où on mêle l'amour de l'histoire, donc des dragons et de leur capacité à vivre des siècles pour transmettre l'information à travers le temps - et la modernité. La ville connaissait un énorme bond technologique et j'en ai tiré mes principaux centres d'intérêt : Les combats Pokémon et, surtout, la stratégie Pokémon. L'usage des statistiques, des chiffres, passer les heures de films d'affrontements entre dresseurs pour percer les secrets de ces créatures qui nous accompagnaient ... C'était la mentalité de l'environnement dans lequel j'ai grandi, et j'adorais ça.

Mes parents ont toujours été là pour moi, je n'ai jamais eu à manquer de quoi que ce soit. C'est probablement ce climat paisible et équilibré qui m'a permis de m'adonner à la découverte des combats. Comme tout les enfants à Unys (et plus tard je découvris que c'était le cas partout dans les régions que j'ai visitées), on pouvait avoir un Pokémon très tôt et partir à l'aventure. Je ne fis pas la seconde, préférant d'abord créer un lien avec Hanatsu, ma Salamèche, pour mieux coordonner nos plans et ainsi prévoir le plus de situations possibles. La stratégie Pokémon, pour certains en tout cas, était quelque chose de froid, robotique et ne se souciait guère du bien-être du dresseur et son partenaire Pokémon. C'était bien évidemment faux, mais je dois admettre que j'ai parfois versé dans l'excès avec cette histoire, sans vraiment le vouloir. Ni chercher à réparer les pots cassés.

Bref mon voyage était entrecoupé de retours à la maison, tantôt parce que je n'aimais pas toujours cette vie de nomade à devoir dormir à la belle étoile deux nuits sur trois, tantôt pour permettre à mes parents de voir la progression de Hanatsu. De fil en aiguille, ce désir ardent de défis me poussa même à défier tous les champions de la région avec pour seul Pokémon ma Salamèche, qui devint rapidement une puissante Dracaufeu. Cependant, je dus me résoudre avec le temps à changer de tactique et à voir toutes les options qui s'offraient à moi, sans pour autant essayer de capturer d'autres Pokémons, mais plutôt aider Hanatsu à diversifier son style de combat pour la rendre apte à réagir à toutes les situations de manière efficace.

Le temps passait, les victoires succédaient aux échecs, mais les limites étaient toujours présentes. Cependant, plus je prenais de l'âge, plus je comprenais que je devais faire des choix plus logiques concernant ma vie. C'est ainsi qu'à partir de mes vingt ans, j'arrêtais la course aux badges, n'ayant jamais pu battre notre champion d'arène à Janusia, pour me consacrer à la recherche stratégique et au meilleur usage des aptitudes des Pokémons en combat. C'était un travail plutôt gratifiant, voyant que mes articles connaissaient leur petit succès, et je n'avais pas cette envie de devenir célèbre ou riche, mais simplement trouver de nouveaux moyens pour permettre aux Pokémons de se révéler en combat. Et aussi, cela m'aidait à comprendre l'utilité de chaque Pokémon, de chacune de leurs aptitudes, ce qui me motivait à rédiger des pages entières de stratégie pour ne mettre aucune de nos chères créatures de côté.

Mon nouveau travail était épanouissant et, pendant des années, je me levais chaque matin avec des arcs-en-ciel et des oiseaux qui chantent - okay, j'exagère -, mais je trouvais ma vie satisfaisante et je progressais comme je l'entendais. Cela m'amenait également à découvrir de nouveaux phénomènes, comme la Méga-Évolution à Kalos, la puissance Z à Alola ainsi que les différences entre des Pokémons d'une même espèce mais issus de régions différentes. J'appris plus tard qu'on les appelait "formes régionales" et que c'était surtout les climats ainsi que les habitudes d'Alola et de Galar qui causaient ces différences.

Cependant, voici encore d'autres limites auxquelles je me heurtais et qui rendaient mon travail plus difficile encore. Il m'était impossible d'importer ces nouvelles connaissances à Unys, puisque la région n'autorisait pas toujours qu'on amène de nouveaux Pokémons hors de leurs habitats naturels. Je comprenais, mais c'était extrêmement frustrant. Me déplacer d'une région à une autre nécessitait des moyens dont je ne disposais pas forcément, parce qu'autant je pouvais encaisser le poids d'une exception sur mes finances, autant que cela devienne une habitude allait rapidement me mettre à la rue.

Pendant ce temps-là, Hanatsu accueillait chez nous un nouveau membre : Un petit mâle, que je surnommais Hōka. Le Salamèche grandit pour être encore plus énergique que ne l'était sa mère avant, mais également plus fort et plus débrouillard. Il ajoutait une certaine innocence à l'ambiance de la maison qui devenait délétère, en grande partie à cause de mes multiples refus de choisir une région plutôt qu'une autre pour satisfaire ma curiosité.

C'est ainsi qu'un jour, en me promenant dans la rue avec Hōka, celui-ci chargea directement vers une jeune femme alors qu'il courait, comme à son habitude, et comme j'avais aussi l'habitude de lui interdire. Me précipitant vers elle alors qu'elle avait fait tomber son sac, mon Salamèche m'interpella sur une image qu'il semblait avoir vu sur le téléphone de la demoiselle :

« Ne sois pas si impoli Hōka ! Veuillez m'excuser mademoiselle, je ne sais pas ce qui lui prend d'être aussi curieux et-. »

D'accord, apparemment la fille semblait apprécier le Pokémon. Mon œil glissa donc inexorablement vers l'écran pour découvrir l'image d'un Méga-Dracaufeu X, dans un coin que je n'avais jamais vu à Alola, ou même Kalos :

« Sans vouloir être indiscret, et pardonnez-moi si vous me trouvez fouinard mais, pouvez-vous me dire où l'image de cette Méga-Évolution a été prise ? »

Netovia ? J'en ai jamais entendu parler. Je remerciais alors la demoiselle puis pris congé rapidement, contactant certains amis journalistes pour me renseigner davantage. Je tenais peut-être mon saint Graal. Et Hōka était le déclencheur de toute cette palpitante potentielle aventure ! Il méritait bien de m'accompagner, moi qui refusais à croire aux anges gardiens, peut-être était-il mon guide, après tout ?