Dim a toujours vécu à la dure. Entre son enfance chaotique minée par la présence de parents irresponsables et tout à fait imperméables à l'idée d'élever un enfant, et son adolescence en dents de scie guidée par une révolte intérieure mâtinée de frustration constante, il n'a jamais pris le temps de vraiment se poser, de réfléchir aux conséquences de ses actes, et s'est jeté dans le jeu des gangs avec la même furie que celle qui l'a toujours animé. Il a enchaîné les mauvais plans comme les mauvaises fréquentations, s'est gagné le respect de ceux avec lesquels il fallait compter en flirtant trop jeune avec la cour des grands. Aujourd'hui, à seulement 24 ans, il s'estime heureux de ce qu'il a pu construire, et ne se projette absolument pas dans un futur différent de ce qu'il vit présentement. Son mode survie tourne toujours en fond de tâche, rôdé par les mauvaises expériences. Lorsqu'il n'est pas en train de traquer une proie, Dimka passe sa vie dehors, à enchaîner les verres et les rencontres, brûlant la vie par les deux bouts comme si la sienne devait s'arrêter brusquement. Un risque inhérent à sa position, avec lequel il a choisi de composer il y’a longtemps. Il ne se berce pas d'illusions, se sait incapable de prétendre à la moindre progression sociale, et ça fait un bail qu'il a cessé d'essayer de se racheter une conduite. Il a pris de la drogue pendant des années avant que l'overdose d'un de ses plus proches amis ne lui colle un peu de plomb dans le crâne, l'arrachant à sa spirale destructrice pour le projeter dans une survie un peu moins glauque. Mais tout aussi dangereuse. Ramener du blé en laissant libre cours à ses pulsions, voilà qui lui convient. Se ranger ? Il n’en est pas question. L’adrénaline est sa compagne, et le danger son amant. Son intégration chez les Boreal ne lui a pas posé de problème majeur, et son initiation, si elle a bien manqué le tuer, n'en reste pas moins une expérience appréciable dans son parcours. Après tout, plus la mort s'avance, plus le jeu se pimente. Et c'est tout l'intérêt finalement des parties qu'il mène, contre le monde, contre les autres, mais avant tout contre lui-même. Il est revenu du glacier avec un morceau de glace taillé en forme de croc, et ne se sépare jamais de ce sésame qu'il considère comme une preuve de sa propre valeur.

Il avait sa propre famille, avant jusqu’à ce que le gang du coin ne vienne réclamer paiement, et que le gamin serve de monnaie d’échange. D’abord traité comme moins qu’un animal, dressé plus qu’éduqué, il grimpa les échelons, petit à petit, un pas après l’autre, vogua d’humiliations en épreuves, conçut de ses minces exploits des idées de grandeur. pour finalement s’avérer apte aux activités auxquelles on le destinait. Tuer, ou être tué. Obéir, ou succomber. Un choix simple. Une chute dans les abysses, ou la montée d’un fantasme, et ce gout enivrant d’avoir sur les autres un pouvoir absolu, revanche savoureuse de ces années passées dans le noir, à la merci de tout un chacun. Mais parfois le chien mord la main qui le nourrit, se retourne contre ses maîtres, une fois conscient de sa propre valeur. C’est ce qu’il fit, détournant à son profit seul de juteuses informations. Electron libre qui ne se connait d’autre autorité que celle portée par ses envies. Et qui sombre, finalement, dans l’écueil de l’orgueil. Ils le retrouvèrent, lui firent passer le gout des trahisons à leur manière, avant de le jeter sur les traces d’une nouvelle cible. Une dernière chance. Un dernier rachat. Avant l’oubli définitif. Un nom. Un objectif. Et la chasse reprend. D’Unys à Netovia, la route est longue. Mais alors qu’il infiltre les rangs de la team Boreal, cédant à leurs ordres pour se rapprocher de son but, une toute nouvelle sensation se dessine. Vivre, libre, à nouveau.

Son inventaire est simple. Un couteau, fait à sa paume. Un pokémon, lui servant autant de Némésis que de garde-fou, attachement saumâtre de deux solitudes forcées à la cohabitation. Et suffisamment d'insconscience, sans doute, pour se jeter sur la piste d'une femme qui pourrait le broyer d'un mot. La Seviper d'Unys. Un nom qui sonne comme une rédemption.