Résumé:

Dans la famille d’Alexis, on était nombreux. Elle était la seconde d’une fratrie de quatre enfants. Une famille bien soudée, installée dans une contrée lointaine et dont Alexis n’a jamais vraiment pris plaisir à décrire. Son père vivait au jour le jour, vendait ses Magicarpe à qui voulait bien les lui acheter. Et sa mère, elle, était puissante, imposante, sévère mais juste. Elle protégeait la population à tout prix, et elle protégeait sa famille par la même occasion.

Alors la petite fille a vécu sans se plaindre. Elle a grandi, elle admirait sa mère depuis toute petite. Qu’est-ce qu’elle l’aimait, elle était forte, une héroïne. Tout comme son père d’ailleurs, qui ramenait souvent sa pêche pour nourrir ses enfants. Mais sa mère, c’était vraiment quelque chose. Contrairement à sa fratrie, elle a très vite su ce qu’elle voulait faire. Elle voulait suivre les traces de sa figure maternelle, et déterminée comme elle l’était, elle a tout fait pour réaliser son rêve. Elle faisait tout pour avoir les meilleures notes, mais elle se faisait toujours dépasser par quelqu’un tout aussi déterminé qu’elle. Alexis appréciait le défi, et elle s'en est même fait un ami.

À ses dix-huit ans, elle s’est engagée dans l’armée, où elle a pu servir cinq ans. Elle aurait pu faire des concours pour s’engager dans les forces de l’ordre, mais son projet s’était affiné au fil du temps. Là-bas, elle y a fait beaucoup de connaissances. Elle appréciait être une forte tête, sans pour autant remettre en cause l’autorité de ses supérieurs. Elle a pu y apprendre la discipline, et beaucoup d’autres valeurs qui lui tenaient à cœur.

Puis l’année 2000 est arrivée. Alexis avait vingt-trois ans, et elle décida de quitter son pays natal avec deux amis pour se rendre à Netovia. Ils sont restés ensemble afin de former une colocation dans un appartement dans la capitale. Qu’est-ce que c’était drôle de se retrouver tous les soirs autour d’une bonne bière pour déconner et aller bosser. Mais rapidement, la jeune femme s’est sentie de trop. Les voir roucouler ensemble la faisait doucement sourire, mais elle se sentait souvent mise à part, et l’appartement semblait mieux convenir à un petit couple qu’à un groupe d’amis. Alors elle est partie de son côté, en gardant contact avec eux pour ne pas oublier de les taquiner quand viendrait le moment de penser à fonder une famille.

Pendant six mois, elle a travaillé en tant que fleuriste. Protéger les autres lui manquait un peu, il fallait l’avouer. Mais elle avait besoin de ce petit break, le temps de se remettre les idées en place pour ensuite pouvoir attaquer les concours et les passer sans mal. Engagée dans les forces de l’ordre, elle allait pouvoir reprendre son travail, gardant au fond d’elle les valeurs qu’elle a acquises dans ses années de service.

À vingt-cinq ans, la voilà policière, et diablement efficace. Elle prenait un malin plaisir à prendre les petites frappes la main dans le sac, pour les sermonner. Et elle appréciait également arrêter les malfrats, dont un homme de son âge. Son sourire gêné l’avait charmé, mais elle préféra ne pas y prêter attention au début. Elle l’a emmené avec lui pour l’interroger, et également pour lui donner une bonne leçon. Il n’avait pas fait grand-chose de grave, mais c’était suffisant pour que la femme lui remonte les bretelles, et bien. Visiblement, ça avait bien secoué l’homme qui s’était mis en tête de se racheter.

Trois ans plus tard, Alexis était fière de vivre avec l’homme qu’elle avait arrêté et redressé. Il s’était mis à bosser ici et là le temps de laver son nom et d’enfin trouver à la hauteur de ses études. Aidé par la policière, il était désormais ingénieur, et heureux de ne plus devoir compter sur elle ; il avait enfin un salaire qui lui convenait. Mais également une femme qui était prête à l’épauler.

C’est à leurs trente-et-un ans qu’ils ont décidé de se marier et d’enfin sceller leur union. C’était le plus beau jour de leur vie, ils ont pu reprendre contact avec leur famille qui étaient restés dans leur pays d’origine. Alexis a pu renouer des liens avec sa fratrie qui avait fait son petit bout de chemin mais tout le monde était heureux de se revoir. La jeune mariée put également faire la rencontre des enfants de ses frères et sœurs. Quel bonheur. Elle voulait elle aussi fonder une famille, mais elle ne savait pas quand.

Et c’est à ses trente-cinq ans qu’un heureux événement arriva. Ni elle, ni son homme ne s’attendait à ça. Alexis, trop prise dans son boulot, n’a jamais pensé une seule seconde à attendre un enfant. Elle avait fait un déni de grossesse, et a appris la nouvelle à quelques semaines de l’accouchement. Dans l’urgence, il a fallu prendre un congé et s’adapter, acheter des jouets, un nouveau petit lit et des vêtements. Sa petite fille est née une semaine trop tôt, sûrement pressée de découvrir ce monde. Elle était en pleine forme, et magnifique. Mais Alexis ne comptait pas s’arrêter là.

Deux ans plus tard, elle est tombée enceinte une seconde fois. Ce n’est qu’au bout de quelques mois qu’elle apprit qu’elle attendait des jumeaux. Décidément, sa petite vie tranquille était pleine de rebondissements. Tout s’est bien passé, elle a dû négocier une fois de plus pour un congé, mais cette fois-ci bien prévu. Neuf mois plus tard, la voilà presque comblée avec l’arrivée de deux garçons. Elle aurait apprécié fonder une plus grande famille, mais son mari le lui a déconseillé ; ça allait être difficile de jongler entre le travail et la vie de famille nombreuse. Et il avait raison. Heureusement qu’il était un mari exemplaire, toujours prêt à s’occuper de ses petits.

En 2015, ses jumeaux ont eu un an, et sa fille trois ans. Pour fêter ça, les parents ont voulu emmener les enfants jouer dehors en forêt. C’était agréable de jouer au milieu des branches mortes et de la neige. Mais l’arrivée d’un pokémon sauvage particulièrement stressé a tout bouleversé. Sorti des buissons, sûrement à la recherche de nourriture, il s’est jeté sur la famille pour l’attaquer. Alexis s’est interposée, prenant l’attaque pour elle, sauvant ainsi son homme et ses petits qui s’étaient mis à hurler. Apeuré, le pokémon a préféré prendre la fuite, laissant derrière lui sa victime gravement blessée. Emmenée à l’hôpital pour être recousue, elle a passé de longues semaines alitée après avoir été opérée et recousue. Son acte a bien failli lui coûter la vie, si le pokémon était parvenu à perforer un organe vital. Mais ce n’était pas gagné.

Il a fallu plus d’un an à la femme pour pleinement cicatriser et récupérer de l’attaque. Il lui a fallu autant de temps pour être de nouveau performante. Alors en attendant qu’elle soit d’attaque, on l’a transférée dans une autre branche pour lui laisser le temps. Marquée pour toujours, la blessure qui lui brûlait encore lui permettait de justifier son envie de protéger davantage la population et sa famille. Elle a dû se battre pour revenir sur le terrain.

Et elle a également dû se battre aux côtés de son homme qui était tombé malade entre-temps. Si, au début, tout le monde pensait qu’il irait mieux, la maladie a fini par prendre du terrain rapidement. Il s’est démené, il a subi de lourds traitements, atteint d’un cancer qui l’a pris de court. Il ne lui restait plus longtemps à vivre, et il a fini par s’éteindre à quarante ans. Alexis était dévastée, laissée seule avec ses enfants ; il lui a fallu du temps pour faire son deuil et accepter son départ. Et elle ne pouvait pas supporter les regards tristes de ses enfants qui lui demandaient où était passé papa. Elle a donc préféré leur mentir, prétextant qu’il était parti très loin et qu’il serait très occupé pour un long moment. Elle savait qu’elle allait le regretter dans quelques années, mais elle s’en fichait.

Deux ans plus tard, Alexis s’est accrochée à sa famille pour s’aider à se relever. Elle continuait de vivre pour eux, et elle n’a pas abandonné son devoir. Elle devait protéger la population. En 2019, elle a participé à une mission difficile, qui a traîné en longueur. Il a fallu débusquer l’endroit d’une arène de combats illégaux, ainsi que leurs gérants. Pendant l’intervention, il y a eu des blessés ; Alexis s’en est sorti de justesse, sauvant avec elle plusieurs pokémons dont un Tauros en mauvais état. Elle était tombée sous le charme de la créature et voyait en elle le protecteur de ses enfants. Elle a donc choisi de le garder pour elle quand il fut réhabitué au contact humain, loin des combats cruels de l’arène.

Elle a voulu en faire cadeau à ses enfants, qui ont commencé à jouer avec lui, avant de le rejeter. Ils ne voulaient pas d’un Tauros, ils voulaient un Psystigri. Dans un soupir, la mère de famille accepta de garder le fier pokémon pour elle et de leur offrir leur pokémon préféré. Elle n’allait pas pouvoir supporter leurs pleurs, alors elle l’a fait pour eux. Les enfants étaient aussi chiants qu’attachants. Et puis maintenant, Alexis avait un pokémon pour elle, qui la suivrait dans ses missions.

Un an plus tard, la femme a finalement accepté de sauter le pas pour s’engager dans les forces spéciales. Elle a été sollicitée plus tôt dans l’année afin de venir gonfler leurs rangs pour s’occuper de la team Boréal. Ils avaient fait beaucoup de bruit, et la dame ne voulait pas les laisser faire. Un peu éloignée de sa famille pour un mois, elle n’a pas manqué de prendre de leurs nouvelles tous les soirs. Et quand elle revint à son domicile, il lui fallut un peu de temps afin de trouver l’équilibre parfait entre les deux vies.

Heureusement qu’elle pouvait compter sur sa famille et ses amis pour s’occuper des bambins. Les voir malheureux la briserait un peu plus qu’elle ne l’est déjà.