Qui l'aurez-cru, mais les premières années de vie de Yumi ont été des plus banales. Des parents infirmiers et aimants, une grande sœur qui veillait sur elle, la jeune fille avait tout ce dont elle avait besoin pour un développement équilibré et épanoui. La petite famille ne roulait pas forcément sur l'or, mais ils avaient ce petit plus, ce lien fort qui les unissait et qui donnait l'impression aux enfants que jamais rien ne pourrait leur arriver. A l'école, du moins les premières années, Yumi rentrait dans la catégorie des élèves banaux. Elle avait quelques amis, des bonnes comme des mauvaises notes, mais ne se montrait ni rebelle ou ni turbulente. Sa sœur l'aidait pour les devoirs et pour bien d'autres choses encore, faisant d'elle un pilier dans la vie de Yumi, son seul vraiment ancré à ce moment là, comme si elle savait qu'elle pouvait tout lui dire et compter sur elle à tout moment.

Mais voilà, il faut bien un élément déclencheur à toute cette instabilité. 12 ans, c'est l'âge que la gamine avait quand tout a basculé. Ça a commencé par piques lancés entre les deux parents, devenant rapidement des disputes de plus en plus virulentes, jusqu'à carrément amener de la violence qui n'engendra cependant jamais de blessures graves. Habitant en appartement, et donc avec l'impossibilité de vraiment s'évader dans ces moments là, les deux sœurs ont assisté à tout, à la chute aux enfers de ce couple qui ne se comprenait plus. Elles n'ont jamais connu les réelles raisons de leur séparation, peut-être une tromperie, peut-être juste une entente disparue. Mais dans tous les cas, elles y ont subi un certain traumatisme suite à la violence et la rapidité de cette nouvelle atmosphère, ne leur laissant même pas le temps de comprendre ce qu'il s'était passé. Yumi, perdue et souvent en larmes tentant de se cramponner à sa sœur, mais cette dernière, touchée aussi par ce qui leur tombait dessus, le vécu bien différemment et s'isola en refusant qu'on l'approche. Deuxième choc pour la plus jeune, mais ce ne fut pas tout.

15 ans. 3 ans de souffrance commune pour enfin se décider d'amener le divorce, les parents ne pouvant clairement plus cohabiter ensemble sans que ça ne soit toxique pour tout le monde. Les deux filles s'en trouvèrent séparées aussi, la plus grande allant vivre chez le père, tandis que la plus jeune se retrouva chez la mère, sans garde alternée. Yumi n'eut plus aucune nouvelle de l'autre partie déchirée de leur famille, malgré les lettres qu'elle leur envoyait toutes les semaines. Sa mère ne faisait pas plus d'efforts que cela pour entretenir le contact entre Yumi et les deux autres, visiblement bien contente de cette distance. C'est à ce moment là que Yumi commença à avoir des comportements étranges, devenant beaucoup trop joviale en toutes situations, et ne montrant que rarement d'autres émotions que celle-ci. Mais ce fut sa mère qui la brisa totalement, en 2 ans, elle détruisit le mental de sa fille en lui infligeant mille souffrances, autant psychologiques que physiques, la forçant à torturer de pauvres pokémons des rues par exemple, se délectant des pleurs et de la détresse de sa fille. Yumi garde encore quelques marques physiques bien cachées de cette époque. Mais vint le jour où le démon enfantin atteignit son apothéose. Pendant une énième séance de folie de sa mère, Yumi parvint à prendre le dessus, et la poignarda autant de fois que son corps le lui permettait. Riant de façon démente à cheval sur le corps de sa mère qu'elle avait parvenu à mettre à tard, elle s'amusait à se peindre le visage avec le sang de celle qui lui avait donné la vie.

C'est depuis ce jour que son obsession pour le sang fut totalement instaurée dans sa tête. Plus aucun souvenir ne lui parviennent avant la date où elle se retrouva à la rue. Perdue sans avoir conscience de l'être, elle vivait dans les caniveaux et se joignait à d'autres SDF pour faire la manche. Elle parvint toujours à échapper à la police ou autres services sociaux qui voulaient l'embarquer, prenant même plaisir à jouer au chat et à la souris, allant même jusqu'à en tuer certains. C'est dans ces jours sombres qu'elle fit la rencontre de Lucifer. Lucifer qui l'aborda en ayant pris possession de son ours en peluche qu'elle n'avait jamais lâché depuis sa naissance, sans se souvenir d'où elle l'avait eu. Lucifer qui parvint à la faire rire, et à lui offrir un nouvel ami, un meilleur ami. Le pokémon spectre semble aussi dérangé que sa dresseuse, bien que de nature moins sanglante. Son truc à lui c'est les farces, les jeux, cherchant toujours à faire rire celle chez qui il a senti une détresse qu'elle même ne comprend pas.

Puis il y a eu Vali. Elle a pas tout compris ce qu'il s'est passé, mais elle est l'une des premières personnes qu'elle n'a jamais eu envie de tuer, même s'il était amené à saigner. Elle a retrouvé chez lui quelque chose de familier, c'était instinctif. Alors elle a refusé de le quitter depuis ce jour, le considérant comme son grand frère, lui comblant ce vide béant dans son cœur qui ne sera jamais vraiment rempli de toute façon. Elle fait autant de conneries que lui, même s'il peut désapprouver, goûtant parfois dans son dos aux substances auxquelles il touche, en essayant de reproduire le comportement qu'il avait avec ses aventures d'un soir. C'est un vrai modèle pour elle, même s'il n'est pas ok avec ça. Alors quand il a rejoint la team Boréal, elle a suivi. L'initiation fut dure physiquement, mais sa détermination l'emmena jusqu'au bout, portant à présent le bijou en tant que boucle d'oreille. Elle voit dans les boréals une occasion de pouvoir vivre ses pulsions sans retenues, qu'ils la comprennent ou non, ou moins ils ne la blâmeront pas, du moins elle en est persuadée.