"CHAPITRE I»

Il était toujours un bonheur pour Teofilo d’aller à l’autel de son dieu pour le prier et cela l’était encore plus lorsqu’il pouvait entendre sa voix. Certes on le prenait pour un fou, mais il était sûr et certain qu’il avait bien été sauvé par le pokémon légendaire et que celui-ci continuait à garder contact avec lui. Ce qui était étrange, il devait le reconnaître car il semblait être le seul doté de cette étrange capacité. Peut-être qu’il y avait un lien qui s’était formé entre eux depuis qu’il était venu à son secours, mais si d’autres personnes s’étaient sans doute présentés comme étant les porte-paroles du grand dragon, il en était autrement pour lui ; il se voyait plus comme un agent sur le terrain, à devoir faire ce que son idole lui demandait. Et ce fut donc en ce beau jour de prière quotidienne que Kyurem lui parla, lui donnant une quête des plus importantes : retrouver une vieille statue à son effigie. O quelle joie qu’il ressentit à ce moment-là ! Il avait manqué de faire un bond en levant le bras, tout content et de remercier très fort sa divinité chérie, mais il s’en abstint pour ne pas faire honte à son sauveur.

« Je vous remercie de votre confiance, ô grand seigneur. Je vous promets de vous retrouver votre précieux objet. »

Il termina sa prière et retourna alors au quartier général : là, l’attendaient quelques petits camarades qui souhaitaient rentrer. L’ancien nomade laissa échapper un rire amusé en voyant toutes ses têtes désespérées, reposant son chapeau de cuir sur sa tête. Décidément, il avait bien fait de poser Valor devant la porte pour empêcher ses collègues d’entrer sans son accord. Le bourrinos releva la tête en le voyant et vint lui chercher quelques caresses comme récompense, ce que fit le gardien.

« Vous souhaitez entrer les enfants ? Et bien ça risque d’être un peu compliqué puisque je vais devoir m’absenter.
-Sérieusement ? Tu abuses ! se plaignit un garçon qui avait fait récemment son entrée dans l’organisation. C’est de la torture ! Ça fait plusieurs heures que j’attends et j’ai mal aux jambes !
-Il va pourtant falloir patienter. »

Une demoiselle attrapa par l’épaule son camarade qui avait ouvert la bouche pour lui murmurer quelques mots et il ne fallait pas être sorcier pour comprendre qu’elle lui déconseillait de contrarier le gardien. Notre homme ne put qu’en sourire, amusé. Il aurait bien souhaité se moquer d’eux un peu plus longtemps mais le devoir l’appelait et il préférait trouver l’objet de sa quête. Allez, pour une fois il allait se montrer fort sympathique ; il prit son carnet sur lequel étaient déjà gribouillées quelques notes avant de commencer à écrire le nom de toute cette bande de « jeunots » qui s’impatientaient.

« Je sais qui sont à l’intérieur et qui je vais laisser entrer, déclara-t-il. Par conséquent, à mon arrivé je ferai l’appel pour voir qui est entré pendant mon absence. »

Les anciens déglutirent, comprenant alors quel était le sort qui était destiné à l’un d’eux ; celui de garder la porte en son absence. Malheureusement le dernier avait laissé quelques-uns de ses camarades passer, ce qui avait énervé l’ancien nomade malgré son sourire. Il ne lui avait pas mis la fessée, mais il l’avait porté sur son épaule avant de l’envoyer bouler hors des glaciers, lui disant que la prochaine fois qu’il reproduirait cette erreur, il serait moins tendre. Il avait même regretté d’avoir laissé sa place au jeune homme car il avait été malade comme un voltoutou à cause d’une profiterole passée de date qu’il avait acceptée pour ne pas vexer un cadoizo. Teofilo chantonna un petit air en regardant ses camarades avant de monter Valor et pointer une ancienne ;

« Toi, Lucy, tu garderas la porte à ma place. »

Le visage de la demoiselle se décomposa ; bien qu’elle appréciait le gardien, il n’en était pas de même concernant son poste. Toutefois, elle prit cela comme une sorte de compliment, pensant qu’il lui faisait confiance. Le cowboy sourit de plus belle.

« Je ne te répète pas ce que tu dois faire ?
-Bien sûr, répondit la rouquine. Je vous remercie de votre confiance.
-C’est moi qui te remercie. Si jamais il y en a qui jouent les malins, n’hésite pas à me le noter sur un papier, comme ça, je punirai quiconque aura passé les portes sans mon autorisation.
-Bien. »

Teofilo fit signe à ses camarades entrer, regardant la demoiselle qui lui demanda avec un petit air inquiet.

« Puis-je savoir où vous allez ?
-Et bien vois-tu, notre maître Kyurem m’a confiée une nouvelle mission ; je me dois de retrouver un objet lui appartenant. Je pense que cela pourrait prendre quelques temps. »

Quelques rires moqueurs et étouffés se firent entendre mais le gardien s’en fichait, se disant que lui au moins connaissait la vérité concernant le pokémon légendaire. Sa remplaçante du moment fit la moue.

« Faites-bien attention, j’ignore ce qui pourrait vous arriver…
-Si jamais je meurs, ce sera au nom de Kyurem et il n’y aurait pas plus belle mort pour moi. Il posa une main rassurante que la tête de la jeune fille. Je te laisse. »

Partir sans vivres au si jamais il y avait quelques « problèmes » était une mauvaise idée et ainsi donc alla-t-il chercher quelques victuailles et affaires pour y faire porter à Valor sans pour autant le charger comme un tibouret. Le fanatique terroriste salua la jeune fille, lui donnant quand même quelques conseils avant de quitter les lieux, un grand sourire aux lèvres. Il avait vraiment hâte de retrouver cette statuette.

"CHAPITRE II»

Décidément, le voyage se passait sans encombre et Teofilo jugea que cela ne devait être que grâce à Kyurem à qui il adressa plusieurs prières de remerciements en plus de celles quotidiennes. Peut-être poussait-il le bouchon un peu trop loin, à toujours s’adresser à lui, mais il ne pouvait hélas s’en empêcher. On lui avait suggéré qu’il hallucinait peut-être à entendre des voix et avoir vu un pokémon légendaire, que cela était éventuelle due à une détresse psychologique dans laquelle il avait commencé à s’embourber à son arrivé à Netovia, contraint de quitter sa vie nomade et heureuse pour une autre sédentaire et sans avenir sûr. Mais malgré les conseils et les jérémiades de ses camarades, il préférait rester sourds à leurs paroles, sûr et certain que le légendaire dragon lui était venu en aide et lui parlait. Allongé sur le dos de Valor qui continuait la route et Roberta bien installée sur son ventre, le cowboy jouait de l’harmonica en réfléchissant bien à ce qui pourrait bien leur arriver. Ils allaient sans doute croiser le chemin des chiens de l’Empire, mais il n’avait pas envie pour autant de se battre. Certes des pokémons sauvages c’était une chose, mais alors des humains… il avait la flemme et voulait faire son travail rapidement. Il s’inquiéta par la suite pour Lucy à qui il avait laissé son poste. Est-ce qu’elle faisait correctement son job ? Jamais elle ne l’avait déçu et il était certain qu’elle serait une très bonne gardienne. Il se mit à rire, amusé à une idée qui lui venait en tête.

« Valor, t’imagine si un jour je venais vraiment à être crû par tout le monde ? Je devrais peut-être écrire une sorte de livre pour raconter le mythe de notre seigneur. Peut-être que cela permettrait mieux à tout le monde de comprendre ô comme Kyurem est fascinant et surtout qu’il est d’une grande bonté. Je pense que les gens l’ignorent, mais finalement, est-ce qu’il y a vraiment des récits sympathiques sur lui ? Tout ce qu’on raconte en ville à propos de lui se résume facilement à ce qu’il souhaite une nouvelle ère glaciaire quitte à tuer la grande majorité de la population et autres contes pour terroriser les enfants…. Tu te rappelles à Frimaria, c’était ça avant qu’on ne finisse par le rencontrer… »

Il laissa échapper un soupir, se redressant en tenant bien la cadoizelle puis se retournant pour avoir vue sur la route, posant le volatile sur ses cuisses. Est-ce qu’il pourrait vraiment se lancer dans un projet aussi gros ? Il savait danser, chanter, conter, mais jamais il avait pu coucher sur du papier quoique ce soit. Peut-être qu’Ikhaar pourrait lui donner quelques conseils, elle qui avait publié déjà plusieurs ouvrages. Teofilo sourit, sûr de lui : lorsque l’occasion se présenterait alors il lui poserait quelques questions. Il caressa l’encolure de son destrier, remarquant que le frimas sur la crinière du bourrinos avait du mal à tenir puis Roberta qui ; ils quittaient donc la zone froide pour rejoindre une dans laquelle ils allaient crever de chaud sans doute.

« Mais si je venais à mourir, il me faudrait quelqu’un pour me remplacer. Peut-être Ikhaar, ou bien cette petite Lucy ? Tu en penses quoi Valor ? J’ai besoin d’un épigone et je pense que l’une d’elles pourraient bien faire l’affaire, ou un autre… »

Il se secoua les cheveux, commençant à ne plus supporter ses réflexions. Peut-être manquait-il de sommeil ces temps-ci ou ne s’était-il pas complètement remis de sa maladie, néanmoins il devait tenir bon jusqu’aux terres de feu, une statuette l’attendant.

« Tu sais quoi Valor ? On verra ça après. Alors ma Roberta ? Il te plait bien ce petit voyage ? »

Le cadoizo se mit à pousser un petit cri de joie, remettant correctement son petit chapeau de cowboy que lui avait conçu l’ancien nomade ; ce dernier avait trop tendance à gâter ses pokémons et trouvait fort bien dommage que de Valor refusait de mettre le sien. Il laissa échapper un petit rire puis se mit à chanter de nouveau et à jouer de la musique pendant le voyage, prenant avec ses compagnons des pauses. Bien sûr, Roberta proposa à plusieurs reprises des aliments que Teofilo dû accepter comme ce merveilleux salami. Bon, heureusement la charcuterie semblait être plus récente que les profiteroles, l’empêchant dans le futur de faire une nouvelle intoxication alimentaire. La nuit commençait à tomber lorsqu’ils parvinrent à destination et le gardien décida qu’il était trop tard pour faire de l’exploration.

« Couchons-nous, nous serons en meilleure forme demain et par conséquence plus opérationnels.
-Cadoizo ! »

Le fanatique gloussa de nouveau, posant une main sur la tête de Roberta puis de Valor avant d’établir un camp. Il fit même un petit feu, ce qui surprenait la cadoizelle, le bourrinos empêchant cette dernière de faire la bêtise d’y mettre son bec dedans. Chapeau sur le visage, le gardien se coucha après la récitation de sa prière du soir pour remercier Kyurem avant de fermer les yeux.

« Bonne nuit les enfants. Faites de beaux rêves. »

Il s’endormit, suivi rapidement par ses compagnons de route.

"CHAPITRE III»

Roberta avait finalement servi de peluche ; elle s’était glissé dans les bras de son dresseur pendant son sommeil et ce dernier l’avait serrée contre lui, comme un doudou. A son réveil, Teofilo s’était amusé de cette situation sous le regard désespéré d’un Valor qui le dépêcha de se préparer à coup de museau. Notre homme déjeuna rapidement avec ses pokémons avant se remettre son chapeau et préparer alors fouet et lasso. Son regard se posa sur le cadoizo qui ne connaissait pas encore les eusses et coutumes de l’ancien nomade.

« Il ne faut pas avoir peur, lui expliqua-t-il. Je n’utilise jamais ces objets sur mon équipe, ils me servent uniquement à notre défense. Après tout, si vous attaquez, il faut bien que j’en fasse de même non ? Je ne vais pas vous laisser faire tout le travail à ma place. »

Après avoir échangé un clin d’œil avec Roberta, il avança dans la grotte, suivi de ses compagnons. Il devait avouer qu’il faisait bien chaud en ces lieux et que ce n’était pas l’envie de retirer certains de ses vêtements qui lui manquait. Il s’inquiétait surtout pour ses pokémons qui essayaient de supporter aussi le climat, l’un supportant mieux que l’autre. Examinant les lieux, notre homme se mit à réfléchir à une façon de trouver la statuette. Elle était enfouie quelque part, mais où ? Voyant la tête de Roberta, il ne pouvait pas se permettre de rester des jours dans la grotte pour retrouver le dit objet. Finalement, il remit le cadoizo dans sa pokéball pour la protéger, puis ce fut au tour de Valor qui était plus énervé par le côté étroit des lieux que par la chaleur. Il allait devoir continuer seul son exploration. Il s’essuya à plusieurs reprises le front, se disant qu’heureusement il n’y avait pas le pingoleon de Lucy, un pokémon claustrophobe et craignant le chaud. Après plusieurs heures de recherches, il sortit des grottes et rappela ses pokémons.

« Je pense qu’hélas la mission va prendre plus de temps qu’on ne l’aurait espéré ; les grottes sont profondes et il y a tant d’endroits à farfouiller. »

Il reprit le camp et se reposa avec ses compagnons, essayant de réfléchir. Il ne pouvait pas faire ses recherches au hasard, il fallait être un minimum intelligent. Il y avait plusieurs chemins et il fallait faire chacune d’elles afin de trouver la statuette. Il avait entendu dire qu’autrefois il y avait des sacrifices de jeunes vierges dans ces lieux, peut-être y avait-il alors un autel ? Alors ce serait celui-ci qu’il fallait tout d’abord chercher, n’était-ce que pour trouver un précieux indice.  

La nuit fut courte et Teofilo dut brosser les plumes de Roberta avant de retourner au charbon, la pauvre cadoizo ayant eu les plumes plus hérissés que les pics d’un hérisson. Une nouvelle fois, il fut seul, laissant ses compagnons dans leurs cages sphériques. Après encore une journée à fouiller et à creuser il dut ressortir des grottes, complètement bredouille. Le lendemain était le dernier essai ; il n’y avait plus qu’une voie à explorer et Teofilo était persuadé que c’était la bonne. Ainsi donc il recommença son exploration avec enthousiasme après une prière matinale. Il espérait vraiment que la statuette de Kyurem était présente et qu’il la retrouverait. Toutefois, il commença à se poser des questions ; pourquoi un objet à l’effigie d’un dragon de glace se cacherait dans des grottes aussi chaudes ? Pour lui, ça n’avait aucune logique, mais à y réfléchir les populations anciennes ne devaient pas en avoir non-plus pour certaines raisons, à commencer par les sacrifices. Peut-être aussi que d’anciens voleurs avaient pris l’artefact pour la cacher en ces lieux ? Alors qu’il se plongeait dans sa réflexion, il remarqua la présence de deux Ligamamas qui le suivaient…. Et avec un air mécontent.

Amical comme tout, Teofilo se tourna vers eux avec un grand sourire, levant son chapeau pour les saluer poliment.

« Bonjour, mes…. »

Il esquiva une attaque. Sérieusement ? Il ne pensait pas que la conversation serait vraiment utile. Ainsi donc il sortit les pokéballs avec un grand sourire.

« Et bien soit, si c’est cela que vous souhaitez… En garde ! »

"CHAPITRE IV»

Depuis quand les pokémons se mettaient à brûler les humains ? Il devait y en avoir des accidents, mais notre homme n’avait pas envie de se faire brûler par un limagma. Il n’aimait pas trop utiliser ses pokémons, néanmoins, il fallait bien entraîner ses petits camarades, d’autant plus que seul, il ne pouvait rien faire. Envoyant ainsi Valor et Roberta, il réalisa son erreur quand cette dernière le regarda avec un air de cadoizo battu. Et oui, il n’avait pas l’habitude d’avoir des pokémon type glace avec lui.

« Perdóname, je pensais bien faire pour ton premier combat. »

Le bourrinos n’attendit pas et comprit assez rapidement qu’on lui laissait alors l’un des deux limagmas. D’ailleurs, celui qu’il choisit et duquel il s’approcha ne se sentit pas du tout rassuré. Peut-être parce qu’il savait que le type Sol pouvait faire très mal pour un type Feu comme lui…. Ou peut-être parce que la différence de taille et la carrure de l’équidé rendait ce dernier plus impressionnant. Toutefois il reprit son courage à deux mains qu’il n’avait pas avant de lancer Flammèche. L’équidé esquiva et riposta avec Cavalerie Lourde. L’attaque fut critique mais pas assez selon Valor qui se dépêcha alors d’achever le pauvre limagma avec Double Pied. Il regarda l’adversaire tomber au loin et souffla dans ses naseaux avant de regarder l’un de ses sabots, légèrement brûlé. Mais il allait survivre, il regarda son dresseur.

Du côté de Roberta c’était un peu plus différent ; le ligmama étant déjà de base bien en colère se trouva encore plus furibond en voyant son camarade de lave se faire battre à plate couture ; il jugea même qu’avec de la chance il réussirait à vaincre le cadoizo adverse. Celle-ci laissa échapper quelques cris et hésita même à se cacher derrière les jambes du gardien mais s’en retint pour faire honneur à ce dernier.

« Allez ! Courage ! Tu peux le faire j’en suis sûr ! ATTENTION ! »

Roberta se prit une attaque Calcination sans avoir pu esquiver. Elle tomba en arrière et malgré la douleur elle se releva. Cela avait bien eu son effet et Teofilo eut un pincement au cœur en voyant dans quel état elle avait été mise. Là, il n’y avait plus de gentil gardien qui faisait juste son exploration, au contraire, il sortit son fouet, prêt aussi à se battre contre un pokémon qui aurait sans doute pu le brûler à vif facilement, mais le cadoizo riposta à son tour, usant cette fois Bec-Vrille. Cela eu son effet, bien efficace d’ailleurs, mais pas assez pour mettre l’adversaire au sol. Elle tremblait, blessée, et elle ignorait si elle pouvait reproduire cette même attaque une seconde fois. Valor souffla dans son museau et échangea un regard avec son dresseur qui opina de la tête. Le ligmama tenta de jeter un Rebondifeu sur le pauvre volatile, mais il se trouva quelque peu surpris quand l’attaque ne toucha pas sa cible ; le gardien avait attrapé avec son fouet la pauvre Roberta pour l’attirer dans ses bras, se décalant par la même occasion pour ne pas se trouver blessé. Valor, quant à lui, lança Piétisol assez violemment pour vaincre cet adversaire quelque peu agaçant. L’ennemi fut KO et les jambes de Teofilo également qui avait dû se mettre à genoux pour ne pas tomber équilibre.

« Te amo, Valor, mais je pense que tu pourrais éviter cette… attaque en pleine grotte ? »

Il regarda une stalagmite qui tombait au loin, arquant un sourcil. Décidément, les pokémons de type Sol n’étaient peut-être pas une bonne idée dans les grottes. Tenant fermement dans ses bras la petite Roberta, il grimaça.

« Perdóname, je vais vite terminer cette mission, je te le promets. Comme ça, on pourra rentrer. »

Le volatile opina de la tête en guise de réponse, lâchant un Cadeau sur le bourrinos qui se braqua au départ, avant de constater que ça l’avait soigné. Quel soulagement. Teofilo s’excusa une nouvelle fois avant de remettre ses pokémons dans leurs pokéballs afin qu’ils se reposent et se dépêcha de s’éloigner des deux ligmamas inconscients ; si jamais ils retrouvaient leurs esprits il craignait de devoir s’enfuir comme un lâche ou bien même laisser Valor lancer Piétinement quitte à détruire la moitié des grottes….

"CHAPITRE V ET DERNIER»

Ce fut sans encombre que le reste de l’exploration se déroula. Aucun nouveau pokémon s’attaqua à lui et il ne fut pas contraint de sortir derechef ses petits camarades, mais malheureusement pour lui, il n’y avait aucune présence de statuette, ni même signe qu’il en aurait pu en avoir. Il avait fouillé de fond en combles les grottes, examinant chaque endroit, cherchant même le moindre indice, creusant même les parties du sol les plus meubles mais rien, comme pour les autres zones des grottes. Pourtant Kyurem lui avait dit qu’il pourrait trouver l’objet en ces lieux, il ne pouvait pas se tromper, il était un pokémon légendaire, un dieu aux yeux de Teofilo. De dernier n’était pas déçu qu’on l’ait mené à une mauvaise piste, au contraire, il était déçu de lui-même, de ne pas avoir pu réussir cette quête pourtant simple. Il était dégoûté à l’idée de devoir rentrer et informer alors ses camarades et son idole qu’il avait échoué. Ce fut donc les épaules bas et épuisé qu’il quitta les lieux pour rejoindre le camp et sortir ses pokémons.

« J’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer ; il n’y a rien. »

Le bourrinos posa son museau sur la joue de son dresseur, jouant avec ses babines afin d’essayer de le consoler. Roberta quant à elle vint à lui, quelque peu déçue elle aussi. L’ancien nomade les caressa, prenant un sourire qui se voulait rassurant afin de ne pas les inquiéter un peu plus.

« Peut-être que quelqu’un l’a volée entre temps… Un chien de l’Empire… ou un simple voleur… »

Dans ce cas il était prêt à chercher l’objet en question chez l’ennemi. Il laissa échapper un long soupir bien las. En tout cas, il était certain que ses camarades risquaient de se moquer de lui, mais tant pis ; il avait fait de son mieux.
Après s’être encore excusé auprès du cadoizo, il sortit de ses affaires une lotion anti-brulures qu’il administra aux pokémons, leur disant que c’était de base pour les humains mais qu’il penserait à aller en centre Pokémon sur le chemin de son retour. Ils durent remercier Roberta pour les dernières denrées qu’elle avait -Teofilo se disant qu’il devrait peut-être songer à passer en pharmacie- dans son sac avant de retourner se coucher. Le lendemain ce fut avec le cœur lourd que Teofilo quitta le camp, voyageant sur le dos de Valor.

Il profita de ce trajet pour expliquer à la petite nouvelle que les missions ne se terminaient pas souvent par des échecs et que parfois, il fallait apprendre à rebondir sur ces mauvaises passes. Ils passèrent par Sharpton puis un centre comme promis… ainsi qu’une pharmacie. Le gardien en profita également pour faire quelques emplettes comme des vivres pour ne pas avoir à mourir d’une intoxication alimentaire et céda aux caprices de Roberta en lui offrant un paquet de riz. Au moins, si jamais ils mouraient de faim, ils auraient toujours ça s’ils avaient les ustensiles nécessaires. Ils reprirent ensuite la route. Pendant tout le voyage, Teofilo ne put s’empêcher de réfléchir. Comment allait réagir Kyurem ? Il craignait sa colère bien qu’il n’était aux yeux de l’ancien nomade qu’amour et sympathie. Il n’était pas trop d’humeur à chanter ou mettre de la bonne ambiance pour que sa petite troupe soit de bonne humeur, ainsi-donc joua-t-il quelques notes à l’harmonica quelque peu triste, comme dans un film de Western dans lequel le héros faisait face à une mauvaise passe.

Le retour à une zone neigeuse et froide inquiéta davantage notre trentenaire qui comprenait qu’ils se rapprochaient du quartier général. Sa gorge se serra et il se sentit dans l’incapacité de jouer encore. Il réfléchissait à ses propres phrases, comment il pourrait tourner la mauvaise nouvelle sans que cela ne joue sur les nefs de Kyurem, mais finalement il se dit qu’il avait confiance en ce dieu et que celui-ci comprendrait son échec puisque nul n’était à l’abri de faire quelques erreurs dans sa vie. Après quelques longues minutes qui paraissaient interminables de trajet, ils se retrouvèrent devant l’autel. Ce fut non sans inquiétude qu’il se présenta auprès de son idole, genoux à terre et chapeau sur le sol. Il joignit ses deux mains, pria et s’excusa, racontant alors ce qui lui était arrivé, la découverte d’une absence totale de statuette quelconque mais également l’hypothèse que l’ennemi ou des voleurs s’en étaient déjà accaparés, promettant de la retrouver si telle était la volonté du seigneur. Les voix lui répondirent ; non, il n’avait pas à s’en faire, que cela pouvait arriver à n’importe qui et qu’on l’enverrait une nouvelle fois en mission si besoin. Teofilo ne put s’empêcher de sourire, ému devant tant de bonté ; comment ne pouvait-on pas aimer un être comme Kyurem qui méritait à ce qu’on lui obéisse au doigt et à l’œil et que son projet accompli ? Hélas, c’était un grand mystère pour notre gardien.

« Je vous remercie de votre bonté, seigneur. Votre bonté me touche, et je ferai tout pour que votre armée s’agrandisse et continue de vous être fidèle. »

D’ailleurs, est-ce que ce beau petit monde avait pensé à sa prière pendant son absence ? Ou bien est-ce qu’ils avaient profité de celle-ci pour faire ce que bon leur plaisait ? La pauvre Lucy devait avoir marre d’attendre le retour du gardien si elle avait bien veillé sur son poste, comme à l’ordinaire. Peut-être aurait-il dû demander à Cliff de prendre son rôle le temps de son retour, au moins il aurait été sûr que personne n’allait le déranger. Qu’il réfléchissait peu, de temps en temps. Quelques paroles furent encore échangées avec le pokémon légendaire et avec un grand sourire, l’homme opina de la tête.

« Je vous promets que jamais plus je ne vous décevrai. »

Quelques salutations de sa part et il quitta avec courtoisie les lieux, ne remettant son couvre-chef qu’après s’être suffisamment éloigné de l’autel, par respect envers la divinité. Le bourrinos le suivait avec la petite Roberta qui imita son dresseur, se demandant quand même si celui-ci entendait vraiment la voix de Kyurem. Peut-être était-il fous mais si Valor avait confiance en lui, alors elle ne pouvait qu’en faire de même. D’ailleurs elle imita une offrande en posant le paquet de riz sur l’autel avant de rejoindre sa bande.

Comme il s’y attendait, c’était quelque peu le boxon ; la pauvre Lucy était là, fatiguée, à attendre que ses camarades cessent de lui insinuer à les laisser passer. Les gens n’avaient vraiment aucune pitié quand le gardien bien baraqué se faisait remplacer par une petite demoiselle. Mais il allait reprendre les choses bien en main à présent qu’il était de retour, et ce pour leur jouer un peu un mauvais tour. Teofilo se râcla la gorge afin de prévenir son retour, faisant retourner des têtes qui faisaient pour certains dix pieds de long, avant de rire en s’approchant de la porte, suivi par ses compagnons.

« Et bien, quand le miaouss n’est là, les rattatas dansent. Bien le bonjour messieurs-dames, j’ose espérer que vous avez été bien gentils pendant mon absence. »

Et vu le regard de certains, apparemment non. Un plus grand sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu’on le saluait poliment, demandant alors de ses nouvelles par principe de politesse. Lucy souriait également, comme rassurée d’être bientôt libérée d’un poids qu’elle ne pourrait supporter bien longtemps

« Votre voyage s’est-il bien passé ?
-Oh ! Si ça s’est bien passé ! Que voilà une bonne question ! »

Il lui tapota sur la tête, regardant toute la meute de rocabots qui n’attendaient qu’à rentrer dans leur terrier. La demoiselle lui avait donné une bien bonne idée.

« Je vais vous raconter mon périple dans les moindres détails ! De A à Z !
-Oh mais non ! Sérieusement ?!
-Hey, tu veux entrer oui ou non ? »

Il lui adressa un clin d’œil, lui murmurant qu’il la remerciait et de se préparer à une longue histoire, car il était en effet prêt à raconter ses péripéties sans en oublier une miette. La rouquine sourit et s’éloigna tandis que le cowboy se laissait s’asseoir lourdement sur le sol, Valor et Roberta en faisant de même.

« Alors ? Par quoi commencer ?
-On ne sait pas mais accouche !
-Oh oh ! Ça sent la mentalité de bébé ici ! Et pour les petits n’enfants, un petit conte ! Alors… Il était une fois… »