Si vous demandez à la principale concernée, elle vous répondra qu'elle a été abandonnée enfant dans une horde de Grahyena, qu'elle a battu la matriarche à mains nues et qu'elle a pris le contrôle de la meute par la force de son charisme. Ou qu'elle est en réalité l'illustre capitaine d'un bateau pirate et qu'elle séjourne sur Netovia sous une fausse identité pour faire profil bas. Ou qu'elle est l'héritière d'un riche groupe pharmaceutique qui en réalité contrôle le monde dans l'ombre. Calya a autant d'histoire sous la langue que d'as dans ses manches. Quant à son vrai passé, il est en réalité bien plus commun —comme l'on peut s'en douter en lisant entre les lignes.

Calya a toujours aimé l'odeur du tabac et le cliquetis rassurant des briquets. Peut être que c'est parce que c'est globalement ce dont elle se rappelle de sa mère, à moins que ce ne soit par fascination pour la petite flamme vacillante qui en émane. Elle ne garde de sa génitrice qu'un bref héritage : un petit briquet à silex, des souvenirs envahissants et un sentiment salé-sucré, mais surtout amer. Pas de nouvelles à l'horizon de son père, qu'elle n'a de toute façon jamais connu —il n'a jamais trouvé bon de revendiquer son engeance, sans doute trop réelle dans sa vie de flamboyant vagabond.

Que la gamine se retrouve larguée un beau jour dans un orphelinat d'Alola à ses dix ans n'étonna personne. Pas même elle.

Calya a toujours été une enfant difficile, mais débrouillarde. Que la gamine fugue de sa troisième famille d'accueil à l'aube de ses seize ans n'étonna personne.
Et surtout pas elle.

Elle eut beaucoup de mauvaises fréquentations —n'en est-elle pas une elle même ?—, ce qui l'amena ultimement à rejoindre la Team Skull. Cette dernière la prit sous son aile, reconnaissant son besoin de liberté et sa hargne envers un système qui ne voulait pas d'elle. Elle y développa des aptitudes plutôt utiles dans sa nouvelle vie de petite racaille : de comment faire les poches à un pigeon jusqu'à faire péter la porte d'un coffre fort —chose pour laquelle elle montra certaines dispositions. Calya s'abreuva de ce savoir, avide d'apprendre et peut être plus encore de plaire à ce groupe qui l'avait finalement adopté. Sa nouvelle famille.

Ce fut dans ce cadre qu'elle fit plus ou moins légalement l'acquisition de Flush, qu'elle remporta suite à un tournois de poker clandestin. Sa première réaction aura été de demander un remboursement. Comme la petite araignée trône toujours fièrement sur son épaule, on conclut qu'elle n'a pas eu gain de cause.

La vie était brutale, la vie était dure, la vie était une aventure. Calya, plus que personne, avait besoin de prouver sa valeur, de la prouver aux autres mais sans doute à elle avant tout. Alors, elle enchaîna quelques coups grandiloquents à son image, et son anonymat de gamine des rues fut mis à rude épreuve, tant et si bien qu'une petite entrevue avec le boss de la team plus tard, elle fut forcée de faire profil bas. Rongeant son frein, ce fut à cet instant qu'elle comprit que la vraie liberté ne se trouvait pas dans le regard de ceux à qui elle souhaitait plaire : mais bien dans l'indépendance et sa propre force de caractère. Il ne lui fallut que deux remarques à Kalei (son amie de presque toujours) et sa vie entière se retrouva bientôt paquetée dans la petite valise qui l'accompagna à Netovia : les souvenirs envahissants de sa mère, son briquet à silex, sa collection d'accessoires kitsch, deux jeans troués et un assortiments assez impressionnant de ferraille désassemblée et inoffensive. Après une vive dispute avec sa désormais ancienne team, elle prit la poudre d'escampette, et on n'entendit plus parler de Calya...

Jusqu'à aujourd'hui.