and now i owe you and it hurts so much to say thank you

T'as l'impression qu'un camion t'es passée dessus, tu te sens faible, tellement, physiquement et sans doute bien plus encore mentalement. Il y a de la douleur oui, que tu ne peux pas vraiment cacher et tes doigts tremblent peut-être un peu alors que ta main se tend vers ce verre d'eau mais tu t'en saisis néanmoins, seule, avant de le porter à tes lèvres, appréciant comme rarement la fraicheur du liquide qui vient hydrater ta langue pâteuse. Et tu t'essayes à l'humour oui, même s'il a un peu du mal à passer tes lèvres la remarque semble pourtant avoir l'effet escompté et il fait du bien son rire qui raisonne un instant dans la pièce trop stérilisée. « Si c'était le cas vous ne seriez probablement pas là. » Le rire ne veut pas partir, mais c'est néanmoins un sourire amusé qui étire tes lèvres. Tu n'es pas un monstre non, mais s'il te connaissait il saurait qu'à venir là il a plus de chances de se faire insulter que remercier, il saurait que tu n'attends pas de compassion, pas de pitié, ou peut-être que s'il te connaissait vraiment il saurait que c'est seulement ce que tu veux montrer et qu'au fond de toi, très profond, tu apprécie malgré tout de ne pas être seule en cet instant.

Il se présente finalement, et tu hoches la tête à son nom, bougeant un peu ta main lorsqu'il te tend la sienne. C'est étrange oui, vous, cette situation, tu ne sais pas vraiment si tu es "enchantée", tu aurais sans doute préféré ne jamais le croiser si ça pouvait signifier que rien n'était arrivé. Mais il est trop tard pour refaire le passé, trop tard pour te dire que tu aurais pu rester chez toi, qu'alors tu ne serais pas là. Ce n'est pas non plus le moment d'y penser, pas alors qu'il y a cet homme en face de toi, tu auras largement d'autres moments de solitudes pour ça. « Très seyant, vraiment. » Tu apprécie son humour, tu apprécies cette légèreté avec laquelle il mentionne la situation, aussi dramatique qu'elle ait pu l'être. Et t'essayes de te redresser un peu finalement, pour pouvoir parler plus facilement, grimaçant mais refusant toute aide avant même qu'elle ne soit proposée. Il n'insiste pas, et intérieurement tu le remercie pour ça, hochant la tête alors qu'il te demande s'il peut te tutoyer. « Il faut vivre avec son temps. » A nouveau c'est un mince sourire qui étire tes lèvres. « Elle ne va probablement pas durer c'est le moment ou jamais d'en profiter. » Tu l'espère en tout cas, et ton visage se crispe peut-être u peu à l'idée que tout ça puisse ne pas être un acte isolé, tu ne veux pas y penser. « Est-ce qu'on en sait plus sur l'attaque ? » C'est l'heure du sérieux peut-être finalement, il y a trop de questions qui hantent tes pensées et il semble plus libre de ses mouvements que toi pour glaner des réponses. « Qui ils sont ? Leurs raisons ? » Lui qui se vantait de tout savoir de toi, tu préfèrerais qu'il sache tout d'eux, ou peut-être pas tout, il y a une chose, une personne, que tu ne veux pas qu'il mentionne.

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Les ébauches de rires font du bien, l'humour est plaisant, mais il n'ests malheureusement pas suffisant pour éclipser totalement la situation, pour faire oublier que les blessures dont lui et toi êtes affublés ne sont pas dues à une simple chute dans les escaliers. Et ton regard se fait sérieux finalement, tu n'aurais pas imaginé questionner ainsi un inconnu mais il est la meilleure source de renseignements que tu ais à disposition, et après ce que vous avez vécu tu n'es pas certaine de pouvoir encore le qualifier d'inconnu. « J'imagines que chacun y va de son idée... » Tu ne doutes pas que les rumeurs les plus folles circulent, mais ce ne sont pas celles-ci qui t'intéressent, et tu espères que les informations qu'il a pu glaner recèlent un fond de vérité. « Boréal... » Malheureusement ce nom ne t'ai pas inconnu et tu le répètes comme pour ancrer cette confirmation de tes soupçons. Tu n'ajoutes rien néanmoins, le laissant continuer, le corps un peu tendu dans sa direction, ton regard fixé sur ses lèvres. « Évidemment... » Tu secoues un peu la tête, grimaçant, Smokebay... et d'autres choses encore peut-être ? Pourquoi n'as-tu pas posé davantage de questions avant ? Pourquoi as-tu préféré fermer tes yeux et tes oreilles, refusé de voir ce qui était devant tes yeux ? Par peur sans doute, de la vérité, de ce qu'elle pouvait cacher, de cette vie que tu pensais pouvoir ignorer. Par peur oui, comme celle qui t'assaille en ce moment alors qu'il continue de parler

Et brusquement ton cœur se serre, les traits de ton visage se crispent et tes doigts se referment violemment sur les draps, empêchant ta main de trembler, ou peut-être pas tout à fait. Des victimes, de leur côté, il n'y a qu'un visage que tu vois, l'espace d'un instant tu as l'impression que ta femme te fixe, puis disparaît dans un nuage de fumée. T'as envie de crier, de pleurer, de l'insulter et de la serrer dans tes bras pour ne plus jamais la lâcher. « Malheureusement pas les deux qui nous ont attaqué ! » Tu mues ta peur et ta douleur en colère, répondant plus fort que tu ne l'aurais voulu, avec de la violence au fond de tes mots. Il y a trop qui se bat en toi, et s'il doit le voir sur ton visage c'est sans doute sur lui que ta colère retombera s'il ose creuser l'origine de cette plaie là.

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Il te parle de ce qu'il sait, de ce qu'il a entendu qui est peut-être vrai, il t'informe et tu te crispes un peu, il y a des choses que tu sais, sans les savoir vraiment, un nom que tu as déjà entendu et que tu as volontairement choisi d'oublier, que tu répètes, mécaniquement, sans vraiment y prendre garde, un mot qu'il entend et tu sursautes presque à sa question. « Non, je... » Il t'offre une porte de sortie, banale, bancale, et tu soupires finalement, laissant un peu retomber ton corps dans les oreillers. « j'ai l'impression de l'avoir déjà entendu. Je ne sais plus... » Tu laisses tes mots se perdre, il y a tellement que tu ne sais plus, que tu ne sais pas, que tu n'as sans doute jamais su parce que tu t'es refusée à poser des questions qui t'aurais fait du mal, qui vous aurais fait du mal, des questions que vous n'allez sans doute désormais plus pouvoir éluder. Mais il parle d'ombre, de terrorisme et tu hoches finalement la tête, doucement, sans tirer sur ta blessure. « Quand on s'en rend compte c'est généralement trop tard oui. » Fataliste. Mais réaliste peut-être, si les activités des terroristes étaient connues ils n'en seraient plus.

« Non ! » Il propose de prendre des nouvelles pour toi et ton bras se tend soudain alors qu'il fait mine de s'éloigner, t'agrippant à son poignée avant de brusquement le relâcher. « Pardon, je... » Un soupir. « Je vis à Frimaria, mais ça ira, mes proches n'étaient pas dans les environs du festival aujourd'hui. Pas la peine de déranger les infirmières, elles ont autre chose à faire. » Comment peux-tu lui dire que celle pour qui tu t'inquiète n'était pas de votre côté de la barrière mais du leur. Tu as du mal pourtant à te convaincre toi même que tout va bien, que tout ira bien, qu'elle n'était pas là. Et tu laisses finalement ta peur se muer en colère, un sentiment connu, sans doute plus facile à gérer. « Non on ne pouvait pas, eux ils étaient préparés. » Depuis combien de temps ? Des semaines, des mois, des années ? Depuis quand avaient-ils prévus cette attaque, depuis combien de temps ta femme savait-elle qu'elle devrait te garder à la maison ce jour-là. Le petit morceau de papier qui aurait dû te garder enfermée te revint en mémoire. « T'allais assister au concert toi ? » Un rire filtra d'entre tes lèvres, désabusé. « J'y allais même pas, j'aurais pas dû être là, j'avais rien à y faire. C'est stupide hein, ces décisions à la con qui vous emmènent au mauvais moment au mauvais endroit. » T'es amère, peut-être que sans ce morceau de papier t'aurais jamais bougé, quelque part si t'es sortie c'est en réponse à cette interdiction qu'elle t'avait mis et une voix dangereuse au fond de toi te souffles que peut-être elle a fait exprès de faire ça..